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À La Une - Liban

Les FSI aux manifestants : Ne diabolisez pas les forces de l'ordre

Deux activistes libérés du commissariat de Ramlet el-Baïda, où leurs camarades se sont regroupés en signe de solidarité.

Un agent des Forces de sécurité intérieure, dans le centre-ville de Beyrouth, soulevant une barrière métallique, au lendemain des émeutes qui les ont opposés des activistes de la société civile. Photo Hassan Assal

Deux jours après la manifestation, place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, qui a vite dégénéré en émeutes, et alors que plusieurs manifestants et émeutiers sont toujours sous les verrous, les Forces de sécurité intérieure ont tenu une conférence de presse samedi après-midi afin de faire le point sur les événements, dans un clair effort de communication.

"Nous voulons expliquer ce que les lois et la Constitution prévoient en terme de liberté d'expression et de manifestation", a déclaré le colonel Joseph Moussallem, chargé des relations publiques au sein des FSI. "La liberté d'expression est prévue par la Constitution, elle est sacrée, et elle est née avec l'humain. Nous croyons en cette liberté d'expression et de réunion, au sein des FSI", a-t-il insisté.

"Mais ces libertés sont régies par la loi. Toute expression d'opinion dans la rue n'est pas absolue. Elle ne peut pas dégénérer en chaos. Informer les autorités de la tenue d'une manifestation, trois jours à l'avance, est obligatoire. Cela est nécessaire afin d'assurer la coopération entre les autorités et les organisateurs des mouvements. Les noms des organisateurs, l'itinéraire, la date, et un engagement en vue d'assumer les responsabilités des dérapages, font partie de la déclaration d'une manifestation aux autorités. A défaut de quoi, toute manifestation qui n'a pas été notifiée aux autorités, est illégale". "Jusqu'à présent, aucune manifestation (menée par les collectifs de la société civile) n'a été notifiée aux autorités. Mais les autorités se sont montrées compréhensives, afin de ne pas contrarier les citoyens", a-t-il fait savoir.

"Lorsque nous érigeons des barrières sécuritaires, les citoyens doivent savoir que s'ils franchissent ces barrières, ils commettent une infraction. Nous sommes alors obligés d'intervenir dans ces cas-là. La place de l’Étoile est un lieu sensible. La liberté d'expression ne peut-elle pas se faire sur d'autres places ? Tous les Libanais peuvent se rendre en temps normal sur la place de l’Étoile, mais lorsqu’il s'agit d'une manifestation, cela n'est pas possible, surtout quand nous avons des difficultés à identifier les organisateurs, qui ne sont souvent pas vêtus de tenues distinctives". 

 

(Lire aussi : Place des Martyrs : scène de désolation au lendemain des heurts)

 

"Gardiens des libertés et de la démocratie"

Et l'officier de poursuivre : "Nous sommes les gardiens des libertés et de la démocratie, et nous agissons dans un cadre légal. Dans n'importe quel pays, en Suède par exemple, les manifestants ne peuvent pas pénétrer au sein des institutions publiques. 

Le colonel a expliqué que "contrairement aux clichés, véhiculés malheureusement par certains avocats, il n'y a pas de détenus de conscience. Les personnes arrêtées étaient des manifestants qui ont transgressé les limites édictées par les forces de l'ordre. Les citoyens n'ont pas le droit de lancer des pierres contre les forces de l'ordre, ou d'insulter ou de faire des gestes obscènes à l'encontre de ces forces. Tous ces comportements sont sanctionnés par la loi."

"Il est de notre devoir de faire respecter la loi, même si nous sommes davantage permissifs, au moment où le pays passe par une situation délicate", a-t-il ajouté. Des photos de membres des forces de l'ordre blessés ont ensuite été diffusées sur grand écran, durant la conférence. Plusieurs vidéos ont également montré des manifestants qui ont déplacé des barrières métalliques. D'autres vidéos montraient des manifestants lançant des cocktails Molotov, en direction des forces de l'ordre.

 

(Voir aussi : Manifestants vs forces de l'ordre place des Martyrs, les images)

 

"Pas concernés par la politique"

"D'aucuns nous traitent de Chabbiha, de voyous. Cela est insupportable. Ne tentez pas de nous diaboliser, afin de créer un fossé entre les forces de l'ordre et la population. Cela est dangereux. Laissez-nous travailler, nous avons de lourdes tâches à accomplir", a mis en garde l'officier. "Nous demandons aux organisateurs de reconnaître les défaillances dont ils doivent assumer la responsabilité".

Il a par ailleurs assuré que "les agents des forces de l'ordre qui ont commis des infractions seront également sanctionnés. Cela a déjà été le cas, suite aux ordres du ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk".

Enfin, le colonel Moussallem a souligné que les FSI se tiennent à l'écart de la politique. "En tant que forces de l'ordre, nous ne sommes pas concernés par la politique. Tous ce que nous faisons, c'est appliquer la loi, en fonction de la réalité sur le terrain". 

Et de conclure : "La liberté d'expression est toujours assurée. Et nous ne voulons pas qu'il y ait des dérapages, en raison du choix du lieu de manifestation. "S'il y a des plaintes, concernant le comportement des agents de l'ordre lors des arrestations, nous traiterons ces plaintes sans aucun doute".

Parallèlement, plusieurs manifestants de collectifs civils se sont regroupés devant le commissariat de Ramlet el-Baïda, au niveau de l'Unesco, afin de réclamer la libération d'activistes, toujours détenus depuis les heurts de jeudi. 

Dans la soirée, des dizaines de personnes se sont regroupées devant la maison du procureur général Samir Hammoud, dans le quartier de Wata al-Mousseitbeh, à Beyrouth, pour appeler à la libération d'activistes. Deux heures après le début de la manifestation, lancée à l'appel de plusieurs groupes issus de la société civile, un accrochage a éclaté entre les protestataires, a affirmé l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). L'accrochage a commencé lorsqu'un groupe de manifestants à demandé à un autre groupe d'atténuer l'agressivité des slogans lancés.

Vendredi, neuf activistes parmi la trentaine arrêtés la veille avaient été libérés après une journée de mobilisation de leurs compagnons sur plusieurs fronts. Parmi les personnes relâchées, se trouvent des mineurs et des femmes. Peu après la fin de la conférence des FSI, deux activistes, Georges Abi Fadel et Mohammad Ali Kanso, ont été libérés du commissariat de Ramlet el-Baïda. 

Le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a par contre engagé des poursuites contre 11 détenus et 19 fugitifs. Ces personnes sont accusées de vandalisme, d'avoir lancé des pierres contre les forces de l'ordre, avoir eu recours à la force contre elles, ainsi que d'avoir endommagé des biens publics et privés. Elles ont été déférées devant le premier juge du Tribunal militaire.

 

 

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Deux jours après la manifestation, place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, qui a vite dégénéré en émeutes, et alors que plusieurs manifestants et émeutiers sont toujours sous les verrous, les Forces de sécurité intérieure ont tenu une conférence de presse samedi après-midi afin de faire le point sur les événements, dans un clair effort de communication.
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commentaires (2)

"Le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire a par contre engagé des poursuites contre 11 détenus et 19 fugitifs. Ces personnes sont accusées de vandalisme, d'avoir lancé des pierres contre les forces de l'ordre, avoir eu recours à la force contre elles, ainsi que d'avoir endommagé des biens publics et privés. Elles ont été déférées devant le premier juge du Tribunal militaire." ! Quand agira-t-il de même, contre les assassins du manifestant pro Al-Assääd devant l'ambassade iranienne ?

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

09 h 17, le 11 octobre 2015

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Commentaires (2)

  • "Le commissaire du gouvernement près le Tribunal militaire a par contre engagé des poursuites contre 11 détenus et 19 fugitifs. Ces personnes sont accusées de vandalisme, d'avoir lancé des pierres contre les forces de l'ordre, avoir eu recours à la force contre elles, ainsi que d'avoir endommagé des biens publics et privés. Elles ont été déférées devant le premier juge du Tribunal militaire." ! Quand agira-t-il de même, contre les assassins du manifestant pro Al-Assääd devant l'ambassade iranienne ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 17, le 11 octobre 2015

  • Malheureusement les collectifs de la société civile sont très désorganisés et leurs manifestations dites pacifiques ont dérapé. Un facteur de plus pour la dépression des Libanais. Comme si les incroyables irresponsabilités politiques qui minent l'Etat, les institutions, l'armée, le Liban ne suffisaienet pas !

    Halim Abou Chacra

    18 h 45, le 10 octobre 2015

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