Un nouveau groupe jihadiste revendique une attaque contre le Hezbollah

Un nouveau groupe jihadiste aurait vu le jour au Liban et serait passé à l'action lundi en menant une première attaque dans la Békaa. Le groupe, qui se fait appeler « Les Comités de la résistance sunnite », a commencé à twitter mardi. Dans un premier communiqué, publié mercredi, il revendique l'attaque qui a eu lieu lundi à Chtaura, dans la Békaa.

« Lundi 5 octobre, à 11h40, dans la région de Chtaura, près du bâtiment des douanes, un van de type Toyota et de couleur blanche a été visé par un engin explosif. Dix-huit combattants du Hezbollah se trouvaient à bord du véhicule et se rendaient en Syrie en passant par Masnaa », peut-on lire dans le communiqué. « L'opération avait été reportée à plusieurs reprises parce que des civils se trouvaient à proximité. »
Le groupe jihadiste précise que « les vans ont commencé à passer (par Chtaura) dès 10 heures ». « Le véhicule visé était le quatrième van d'un convoi, précise l'organisation. Avant ce van, plusieurs véhicules militaires sont également passés. La cible de notre opération est le Hezbollah iranien. »
Le groupe assure qu'une dizaine de combattants du parti chiite ont été blessés et tués.
« Les Comités de la résistance sunnite » concluent leur premier communiqué par une menace : « Les sunnites au Liban ne permettront pas que les territoires libanais deviennent un passage pour les combattants du Hezbollah et l'Iran afin qu'ils tuent le peuple syrien. »

Dans un second communiqué, le groupe explique les motifs et les objectifs visés par la création d'une résistance sunnite issue « d'une partie du peuple libanais », souligne le texte. Il dénonce tour à tour « l'occupation du Liban par l'Iran à travers ses agents du Hezbollah et du mouvement Amal », et « l'impunité » dont bénéficie le parti chiite dans « le trafic de drogue alimentant son financement local ».
Il s'adresse à tous les sunnites de « Tripoli blessée, Saïda la prisonnière (en référence à Ahmad el-Assir, prédicateur islamiste en détention) et Beyrouth occupée ». Le communiqué appelle enfin tous les sunnites du Liban « à frapper le Hezbollah par n'importe quel moyen ».
Fait notoire, le texte débute par un clin d'œil à l'environnement et à la crise des déchets, dénonçant « la transformation du Liban vert en un Liban noir du fait des sacs de poubelle qui ont envahi les rues occupées par le Hezbollah ».

Les précisions de deux experts à « L'OLJ »
Contacté en soirée par L'Orient-Le Jour, l'expert des mouvements islamiques, Ahmad Ayoubi, met en doute « le sérieux » de cette formation d'autant qu'elle vient de revendiquer une opération visant le Hezbollah « qui s'est soldée par un échec. Ce qui laisse croire qu'il s'agit d'un travail d'amateurs ». « L'opération n'a occasionné aucun dommage dans les rangs du Hezbollah », tient à préciser l'expert.
M. Ayoubi n'a pas écarté non plus l'hypothèse d'un groupe fictif, comme celui de « La brigade des sunnites libres de Baalbeck », « qui s'était présenté également comme un groupe jihadiste avant de s'avérer être finalement l'œuvre d'une seule personne liée au Hezbollah », dit-il. Il fait en outre remarquer que « Les Comités de la résistance sunnite » utilisent la même rhétorique jadis employée par « La brigade des sunnites libres de Baalbeck », visant « à exacerber la fibre communautaire et à créer des dissensions sunnito-chiites ».
« La brigade des sunnites libres de Baalbeck » avait revendiqué en avril 2014 sur un compte Twitter l'embuscade tendue à une patrouille de l'armée libanaise dans le jurd de Ersal dans la Békaa. Un mois plus tard, il affirmait « être en guerre ouverte avec le Hezbollah ».

La thèse d'un groupe fictif est également partagée par le prédicateur islamiste de Tripoli, cheikh Bilal Dekmak, qui craint que cette nouvelle entité sunnite ne soit une réédition de la tentative précédente.
Cheikh Bilal Dekmak rejoint également M. Ayoubi pour dire qu'il est encore très tôt de porter un jugement quelconque sur cette nouvelle formation, soulignant qu'il faudra suivre de près son « évolution, ses actes et son discours, pour savoir s'il s'agit d'un groupe qui pourrait inquiéter les services de l'ordre », précise M. Ayoubi.

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