Le secrétaire d’État américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, s’entretiennent en marge de l’Assemblée générale de l’Onu. Stéphanie Keith/Reuters
Bachar el-Assad est-il redevenu fréquentable ? Même s'ils continuent de réclamer le départ du président syrien, les Occidentaux ont progressivement adouci leur discours et ouvert la porte à une négociation avec M. Assad. Le secrétaire d'État américain John Kerry a donné le ton le 19 septembre à Londres en déclarant, aux côtés de son homologue britannique, Philip Hammond, que M. Assad devrait partir mais que le calendrier était négociable. La chancelière allemande, Angela Merkel, est allée dans le même sens en estimant qu'il fallait parler avec M. Assad. Le président français, François Hollande, continue de son côté d'insister sur le fait que « l'avenir de la Syrie ne peut pas passer par M. Assad », mais précise que la France « discute avec tous et n'écarte personne ». L'annonce faite hier des premières frappes françaises contre l'organisation État islamique (EI) en Syrie, notamment à Deir el-Zor où le régime combat l'EI, fait d'ailleurs écho aux propos tenus le 16 septembre par le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian : « Notre ennemi, c'est Daech. Bachar el-Assad, c'est l'ennemi de son peuple. »
Même le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pourtant farouchement opposé au président syrien, a affirmé que ce dernier pouvait faire partie d'une période de transition. Autrement dit, les Occidentaux et les Turcs ne font plus du départ de M. Assad une condition préalable aux négociations concernant le règlement de la crise syrienne. Ce changement de position ouvre une brèche dans la perspective, désormais assumée, d'une négociation avec les principaux soutiens du régime syrien, à savoir les Russes et les Iraniens.
Les tractations sérieuses devraient commencer aujourd'hui avec les discours des présidents américain, russe, chinois, français et iranien devant l'Assemblée générale de l'Onu, avant la rencontre bilatérale entre Barack Obama et Vladimir Poutine. « Si nous obtenons un accord sur la mise en place d'une autorité de transition et qu'Assad en fait partie, il sera alors nécessaire de lui parler en tant qu'acteur de ce processus. Mais il faut être clair sur le fait qu'il s'agit d'une transition vers une Syrie sans Assad », explique M. Hammond dans un entretien au journal Le Monde, ajoutant que « les Russes ont la possibilité d'influencer le comportement du régime ». Les Occidentaux semblent donc penser que les Russes et les Iraniens peuvent convaincre M. Assad de négocier son départ.
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Deux évolutions majeures
Ce revirement de position de la part des puissances occidentales peut s'expliquer par plusieurs raisons : la crise des réfugiés, majoritairement en provenance de Syrie, qui frappe l'Europe, la menace terroriste que représentent les groupes jihadistes, les échecs américains dans leur volonté d'armer une partie de l'opposition syrienne et l'absence de perspective de sortie de crise après plus de quatre ans de guerre qui a fait au moins 240 000 morts. Dans un article publié par la revue américaine Politico, intitulé « It's time to rethink Syria », l'ancien coordinateur de la Maison-Blanche pour le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et la région du Golfe, Philip Gordon, estime que l'opposition syrienne est fragmentée, dominée par les extrémistes et incapable de menacer le pouvoir de Bachar el-Assad. Une position qui reflète la peur, partagée par une partie des responsables occidentaux, des conséquences que pourrait avoir la chute du régime syrien.
(Repère : Les armes déployées par la Russie en Syrie)
Le début des tractations diplomatiques intervient parallèlement à deux évolutions majeures sur le terrain.
La première est l'intensification du soutien russe à son allié syrien, dont les objectifs ne sont pas encore clairement déterminés. Moscou met en exergue sa volonté de combattre l'EI, mais plusieurs experts considèrent qu'il cherche avant tout à consolider les positions de Damas, largement affaiblies par les offensives rebelles, sur le terrain. Interrogé par The Economist, Émile Hokayem, chercheur associé à l'International Institute for Strategic Studies, estime que l'intervention russe pourrait changer la donne militaire sur certains fronts, mais ne permettra pas à M. Assad de reprendre le contrôle de la totalité des territoires perdus. Quels que soient ses objectifs militaires, l'intervention russe aura en tout cas permis à Moscou de redevenir un acteur incontournable pour le règlement de la crise syrienne.
La seconde concerne l'annonce d'un cessez-le-feu de six mois dans les localités de Zabadani, de Foua et de Kafraya négocié entre les Iraniens et les membres de l'Armée de la conquête, coalition de rebelles menée par le Front al-Nosra – branche syrienne d'el-Qaëda – et le groupe salafiste Ahrar el-Cham.
(Pour mémoire : Zabadani : un deal qui prend forme)
À la différence des Occidentaux, Moscou et surtout Téhéran pèsent, de façon directe, sur le rapport de force sur le terrain. En position de force, ils ont amené leurs partenaires occidentaux à reconsidérer leur politique, en raison notamment de leurs intérêts communs : la lutte contre l'EI et la peur du chaos.
Mais les obstacles sont encore nombreux avant que les négociations diplomatiques se traduisent en solution politique : il faudrait que les puissances, parties au conflit, s'accordent sur un même agenda de sortie de crise et que celui-ci soit respecté par les belligérants. Autant dire que tout reste encore à faire.
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En ce qui me concerne, que le petit Hitler reste en poste pendant les négociations ou pendant une période de transition, c'est très négligeable. Ce dictateur, criminel de guerre, qui a massacré son peuple les plus démunis, détruit son pays, ayant participé à la naissance de Daech, LA CAUSE EST ENTENDUE ----> CPI Il n'a aucun avenir dans la région avec ou sans la Russie, avec ou sans l'Iran Qu'il profite au maximum de plastronner La cellule qu'il habitera sera assez sombre !!! Quant à son entourage (son frère, Moualem etc) ils sont aussi coupables des atrocités pratiquées en Syrie et devraient le suivre au CPI Tout le reste c'est du baratin
13 h 50, le 28 septembre 2015