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Moyen Orient et Monde - Compte rendu

La répartition des réfugiés sera un test de « la solidarité européenne »

Les chercheurs Maha Yahya, Marc Pierini et Stefan Lehne étaient les invités de la conférence téléphonique organisée par le centre Carnegie Europe, en marge du sommet européen sur les réfugiés.

Une manifestation massive à Riga, en Lettonie, a eu lieu hier pour dénoncer l’arrivée massive de migrants en Europe. Ilmars Znotins/AFP

Les représentants de l'Union européenne (UE) sont réunis aujourd'hui même à Bruxelles pour un sommet extraordinaire sur les réfugiés afin de tenter d'apporter une réponse commune à la crise. Tandis que l'Europe se divise quant à la répartition de 120 000 réfugiés, la Turquie, le Liban et la Jordanie ont déjà accueilli plus de 4 millions de Syriens. Dans ce contexte, le think tank Carnegie Europe a organisé une conférence téléphonique lundi dernier avec les chercheurs Stefan Lehne de Vienne, Marc Pierini de Bruxelles et Maha Yahya de Beyrouth afin de comprendre les causes de l'afflux de réfugiés en Europe.
Pour Maha Yahya, la dernière vague de demandeurs d'asile s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, étant donné que le conflit syrien risque de perdurer et qu'aucune solution diplomatique ou militaire ne semble s'esquisser dans un avenir immédiat, la population tend à fuir par désespoir. Pour les Syriens, il n'y aurait plus d'avenir possible dans leur pays, ni dans les pays voisins qui ne peuvent leur venir en aide. « Vivre dans les limbes et dépendre d'aides est très difficile pour eux », explique la chercheuse. Pour cette raison, atteindre l'Europe semble être la seule option pour un avenir décent. Le flux massif de réfugiés vers l'Europe est également dû à l'ouverture de routes alternatives et au fait que le coût du voyage aurait baissé. « Le voyage entre la Turquie et la Libye était difficile et très coûteux. Mais les prix auraient chuté, passant de 6 000 à 2 000 $ par personne », explique Mme Yahya.

 

(Lire aussi : Pourquoi les réfugiés boudent la France)


Dans ce contexte, tous les regards se portent donc sur le sommet extraordinaire, aujourd'hui à Bruxelles, qui vise à trouver des solutions pour mieux gérer un phénomène qui ne fait que commencer. Pour Marc Pierini, le sommet sera « très difficile » parce que « les États membres sont divisés en trois groupes différentes ». Le cas de l'Allemagne est « à part », en raison de son économie qui se porte bien et de son besoin croissant de main-d'œuvre. Selon lui, le deuxième groupe est composé des États membres de l'Europe occidentale qui suivent l'exemple allemand, mais de manière différente car ils ne se trouvent pas dans la même situation avantageuse qui leur permettrait d'accueillir un grand nombre de réfugiés. Le troisième groupe est composé des pays d'Europe centrale ainsi que du Danemark qui sont « catégoriquement contre l'accueil de réfugiés pour des raisons qui leur sont propres ». La question épineuse lors du sommet d'aujourd'hui tournera donc autour d'une répartition équitable des réfugiés entre les différents États-membres, malgré leurs désaccords.

 

(Lire aussi : Pourquoi les réfugiés syriens cherchent à quitter la Turquie ?)

 

Réticences de l'Est
« Il est très compréhensible que certains pays d'Europe centrale et de l'Est soient plus réticents à l'idée d'accepter des étrangers sur leur territoire. Ce sont des sociétés relativement homogènes parce que la Seconde Guerre mondiale a agi, en quelque sorte, comme un filtre ethnique », explique Stefan Lehne. Selon lui, il est bien plus difficile pour certains pays comme la République tchèque ou la Pologne d'accueillir des musulmans que pour la Belgique ou la France, où réside depuis plusieurs décennies une importante communauté musulmane bien implantée. D'autre part, étant donné que ces pays sont « nouveaux » au sein de l'UE, il serait nécessaire de leur venir en aide, et non pas de les forcer à être solidaires alors qu'ils n'en ont pas la capacité matérielle.
Selon Stefan Lehne, cette répartition des réfugiés sera en quelque sorte le « test de la solidarité européenne ». Mais le gros défi qui se présente face aux 28 va au-delà de la question de la répartition : il s'agit aussi et surtout de savoir comment gérer en amont les prochaines vagues de migrants.

Interview express


Au Liban, « il n'y a pas de réelle stratégie » sur la question des réfugiés

Trois questions à... Maha Yahya, chercheuse au Carnegie Middle East Center à Beyrouth

La crise des réfugiés en Europe fait la une de l'actualité ces derniers temps. Mais qu'en est-t-il de celle qui se déroule au Liban ? Comme le pays gère-t-il l'afflux et dans quelle mesure peut-il être déstabilisé ?
Il n'y a pas de réelle stratégie. Cette crise a réussi à unifier la classe politique plus qu'aucune autre, dans le sens qu'elle s'est accordée sur le fait qu'elle ne veut pas de réfugiés sur son sol dans des camps. Donc c'est un consensus négatif. Mais les responsables politiques ne s'entendent pas sur la manière de gérer l'avenir. Cette crise ne va pas disparaître du jour au lendemain, le conflit syrien risque de s'inscrire dans la durée. On doit se réveiller et réaliser qu'il y a plus d'un million de réfugiés au Liban qui ne partiront pas de sitôt.

 

Le Premier ministre britannique David Cameron la semaine dernière et hier le ministre néerlandais des Affaires étrangères Borge Brende ont visité des camps de réfugiés dans la Békaa pour annoncer qu'ils sont prêts à venir en aide au Liban financièrement. Est-ce suffisant pour alléger la pression ?
Avec 25 % de population en plus, il faut beaucoup d'infrastructures d'accueil supplémentaires pour ces réfugiés, notamment des centres de santé. Il doit y avoir un changement de politique au sein du gouvernement libanais. On doit sortir de la mentalité qui tend à faire croire que les réfugiés vont changer le tissu social du pays. Les Libanais vivent avec la peur de voir changer la donne en termes de répartition communautaire. On doit aussi capitaliser avec ces gens qui ont un savoir-faire que nous n'avons pas forcément. On peut transformer cette crise en occasion, mais on a évidemment besoin de plus de soutien financier. Toutefois, cela n'est pas suffisant tant que le gouvernement ne prend pas des positions radicales. Nous avons besoin d'un leadership et d'une vision.

 

Qu'avez-vous pensé des campagnes lancées par le Danemark et la Hongrie dans les médias libanais pour tenter de dissuader les migrants de se rendre dans ces pays ?
C'est choquant, mais pas surprenant. Il y a un grand débat en Europe, car les gens paniquent devant ces vagues de réfugiés. Mais ils ne voient pas l'être humain qui est désespéré et qui tente d'assurer un avenir à ses enfants. Ils ne voient que l'identité religieuse qui risquerait de transformer leur pays. mais dire, via les médias libanais, « on ne veut pas de vous ici » est réellement choquant.

 

 

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Les représentants de l'Union européenne (UE) sont réunis aujourd'hui même à Bruxelles pour un sommet extraordinaire sur les réfugiés afin de tenter d'apporter une réponse commune à la crise. Tandis que l'Europe se divise quant à la répartition de 120 000 réfugiés, la Turquie, le Liban et la Jordanie ont déjà accueilli plus de 4 millions de Syriens. Dans ce contexte, le think tank...

commentaires (5)

Ben oui les potes... vous vouliez la biciclette... eh bien pédalez maintenant. Vous voulez aussi la biciclette Ukraine jaune et bleu? pas de souci, continuez comme celà avec cette politique extérieure de mafieux patentés... la moitié du peuple ukrainiens est toute pour vous!

Ali Farhat

03 h 19, le 24 septembre 2015

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Commentaires (5)

  • Ben oui les potes... vous vouliez la biciclette... eh bien pédalez maintenant. Vous voulez aussi la biciclette Ukraine jaune et bleu? pas de souci, continuez comme celà avec cette politique extérieure de mafieux patentés... la moitié du peuple ukrainiens est toute pour vous!

    Ali Farhat

    03 h 19, le 24 septembre 2015

  • L'ABRUTOCRATIE... À L'HONNEUR !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 00, le 23 septembre 2015

  • Back fire ! Retour de manivelle. Nemo auditur ..... l'usurpie soigne les blesses et les remet au combat ... lol....

    FRIK-A-FRAK

    12 h 21, le 23 septembre 2015

  • Les Européens paniquent devant la vague de réfugiés qui arrivent chez eux, mais savaient crier au scandale quand nous fermions nos frontières... Peut-être comprendront-ils mieux nos réactions dorénavant et se tairont...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 10, le 23 septembre 2015

  • Nous voudrions aussi et surtout ..., un test de la solidarité pour les 28 pays de la Ligue Arabe....(hors pays en guerre)...car il semble que beaucoup de pays se font très discrets .....!

    M.V.

    07 h 02, le 23 septembre 2015

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