Vote en faveur d'un élargissement de la définition de l'antisémitisme à la Chambre des représentants

Les législateurs américains ont voté mercredi en faveur de l'élargissement de la définition juridique de l'antisémitisme, utilisée pour appliquer les lois contre la discrimination, dans le contexte des manifestations pro-palestiniennes qui agitent depuis deux semaines les campus universitaires du pays. La mesure devra encore être examinée par le Sénat avant de devenir une loi.

La loi sur la sensibilisation à l'antisémitisme, adoptée par l'ensemble des partis, exige que le ministère de l'éducation adopte la définition de l'antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) dans le cadre de la lutte contre la discrimination. Cette définition dit que « nier au peuple juif son droit à l'autodétermination », par exemple en « affirmant que l'existence d'un État d'Israël est une entreprise raciste », est une forme d'antisémitisme.

Les détracteurs du projet de loi de la Chambre des représentants des États-Unis, dont l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), le décrivent comme une atteinte à la liberté d'expression de la part du gouvernement, tandis que ses partisans affirment qu'il contribuera à lutter contre la haine sur les campus universitaires.

« Portée trop large »
« Je suis reconnaissant du soutien bipartisan à la loi sur la sensibilisation à l'antisémitisme et du soutien d'un large éventail d'organisations juives qui soutiennent cette loi et disent que trop c'est trop », a déclaré Mike Lawler, républicain de New York, dans un communiqué. Mais l'ACLU a déclaré dans une lettre adressée aux législateurs que le nouveau projet de loi « limiterait probablement la liberté d'expression des étudiants sur les campus universitaires en assimilant à tort la critique du gouvernement israélien à de l'antisémitisme ». Le démocrate new-yorkais Jerry Nadler s'est fait l'écho de ces préoccupations en déclarant à ses collègues de la Chambre des représentants : « Un discours critique à l'égard d'Israël ne constitue pas à lui seul une discrimination illégale. Le projet de loi a une portée trop large ».

Les manifestations contre la guerre de Gaza, qui a fait plus de 30 000 morts parmi les civils palestiniens, ont posé un problème aux administrateurs d'université qui tentent de concilier les droits à la liberté d'expression et les plaintes selon lesquelles les rassemblements ont dérapé vers l'antisémitisme.

L'agitation s'est répandue dans les établissements d'enseignement supérieur comme une traînée de poudre, les manifestants installant des campements de tentes sur les campus d'un bout à l'autre du pays après qu'une centaine d'entre eux ont été arrêtés pour la première fois à l'université Columbia de New York, le 18 avril.

Cet article est une traduction, réalisée par L'Orient-Le Jour, d'une dépêche en anglais de l'agence Reuters.