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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Milliardaires ou non, les citoyens s’investissent en faveur des réfugiés

Égyptiens, Américains ou Belges, chacun se mobilise à sa façon face à l'urgence humanitaire.

Hala Moussawi, étudiante en master en études urbaines dans une université bruxelloise, en compagnie de Zaynab, une petite réfugiée syrienne. Photo crédit Hala Moussawi

Alors que les pays européens réfléchissent à la façon de faire face à l'arrivée massive de réfugiés syriens sur le Vieux Continent, sans toutefois bousculer leur propre population souvent méfiante, certains citoyens ont décidé de prendre les choses en mains, à leur manière. La tendance d'une « globalisation de l'indifférence », selon les mots du pape François, serait-elle en passe d'être inversée ?
L'idée la plus originale pour venir en aide aux réfugiés est sans conteste celle proposée par le milliardaire égyptien Naguib Sawiris. La semaine dernière, l'homme d'affaires copte avait twitté ceci : « La Grèce ou l'Italie, vendez-moi une île, je déclarerai son indépendance, accueillerai les migrants et leur fournirai des emplois grâce à la construction de leur nouveau pays. »
Pourquoi vouloir investir sa fortune personnelle dans cette cause humanitaire? « M. Sawiris a été touché par la vue du corps du petit Aylan et par les vidéos montrant les réfugiés maltraités en Hongrie, comme s'il s'agissait de bétail », confie la porte-parole du milliardaire à L'Orient-Le Jour. Son plan est simple. La première étape consiste à obtenir l'accord du gouvernement italien ou du gouvernement grec afin d'acheter une île sous leur juridiction et permettre aux réfugiés de s'y installer. Une fois l'île acquise, une infrastructure provisoire serait installée en urgence, tel qu'un port, des tentes, des installations sanitaires, des accès à l'eau et à l'électricité. Ensuite, les réfugiés pourraient commencer à construire leurs propres villes, notamment une école et des supermarchés, et ils pourraient cultiver la terre afin de pourvoir à leurs besoins.


Le coût d'un tel investissement ? Entre 10 et 50 millions d'euros, selon les premières estimations, entièrement déboursés par l'homme d'affaires égyptien, dont la fortune avoisine les 3 milliards de dollars. Pour l'instant, aucune île en particulier n'a été repérée. M. Sawiris attend toujours que son appel soit entendu par l'Italie ou par la Grèce.
« M. Sawiris pense que l'idée de l'île est une solution simple parce que les réfugiés devront faire face au problème des visas où qu'ils aillent », poursuit la porte-parole. De son côté, le gouvernement égyptien vient en aide au réfugiés syriens en leur offrant l'éducation gratuite ainsi que les permis de travail, mais « en Égypte, nous avons beaucoup de problèmes déjà, comme le chômage et les attentats terroristes, donc nous ne pourrons pas soutenir beaucoup de réfugiés. C'est pourquoi l'île est certainement la meilleure solution provisoire », conclut-elle.

 

(Lire aussi : Les réfugiés palestiniens au Liban et en Syrie rêvent aussi d’Europe)

 

Les dons ont explosé
À quelques miles marins de là, sur l'île de Malte, c'est un autre milliardaire, américain cette fois, qui a décidé de donner de son temps et de son argent afin d'aider les migrants. En 2013, ému par le drame de Lampedusa (400 migrants ont péri noyés), Christopher Catrambone et son épouse italienne, Regina, fondent MOAS (Migrant Offshore Aid Station). Leur principal combat tend à empêcher que de nouvelles tragédies en mer se reproduisent. Face au succès mitigé de l'opération Mare Nostrum, le couple a décidé de sillonner la Méditerranée et venir en aide aux canots en perdition. Avec un bateau de 40 mètres, le Phoenix, deux drones, deux bateaux semi-rigides et une équipe de sauveteurs et d'auxiliaires médicaux chevronnés, le MOAS est capable de repérer, guider et assister les bateaux en détresse. Et depuis la publication de la photo d'Aylan Kurdi, les dons ont explosé : « 1,5 million d'euros ont été collectés en 10 jours », confie un employé de MOAS contacté.


Mais, il n'est pas nécessaire d'être milliardaire pour faire partie de cet élan de solidarité citoyenne. Depuis quelques semaines, à Bruxelles, un camp de réfugiés a été improvisé dans le parc Maximilien, qui se trouve en face de l'Office des étrangers. Celui-ci est le seul centre de cette nature en Belgique, et il ne prend en charge que 250 demandeurs d'asile chaque jour. Les milliers de réfugiés arrivés dans la capitale belge se sont vite retrouvés à la rue. Un bénévole contacté par L'Orient-Le Jour explique qu'il y a eu rapidement un engorgement, et des réfugiés ont été contraints de dormir dans le parc « comme des sans-abri ». « La Belgique est en bout de chaîne, dans cet exode des réfugiés, et nous avons eu un nombre record d'arrivées le 31 août dernier, avec 1 000 personnes patientant devant le bâtiment administratif », explique le jeune Bruxellois, qui souhaite rester anonyme. Les premiers jours, les Bruxellois venaient leur apporter à manger ou des objets de première nécessité. Mais rapidement, et à mesure que le nombre de réfugiés a grandi, le nombre de bénévoles a lui aussi continué d'augmenter. « Comme je parle arabe, j'ai pu communiquer avec les réfugiés, principalement irakiens », poursuit le bénévole.

 

(Lire aussi : Bassil appelle les pays arabes à accueillir des réfugiés syriens)

 

Impressionnés par la solidarité
La « Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés » est désormais fonctionnelle. « Il y a plus de 300 tentes qui accueillent des centaines de réfugiés. La coordination citoyenne a réussi à mettre en place, en plus des tentes, une école pour animer des activités pour les enfants, un dispensaire médical qui fonctionne 24h/24, une distribution de repas et de boissons chaudes dès les premières heures de la matinée jusqu'à minuit, ainsi qu'une distribution de vêtements, des couvertures, des produits d'hygiène... », rapporte le jeune bénévole. « La gestion du camp est assurée par des Bruxellois bénévoles ainsi que par des demandeurs d'asile irakiens qui ont déjà déposé leur demande et reçu une place dans les centres d'accueil de la ville mais qui souhaitent aider ceux qui dorment dehors », poursuit-il.


Les réfugiés pris en charge dans le parc sont « impressionnés par la solidarité de la population belge ». Pourtant, la Belgique n'a pas toujours montré un visage accueillant, notamment à cause de son secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration Theo Francken, souvent dépeint comme quelqu'un de peu enclin à faciliter l'arrivée des réfugiés sur le sol belge.
Hala Moussawi poursuit son master en études urbaines dans une université Bruxelloise. « J'ai été impressionnée par l'organisation, un peu chaotique au début, mais qui s'est rapidement améliorée. Je suis venue proposer mon aide et avec des amis, nous allons mettre en place des activités pour les enfants à partir de la semaine prochaine », explique cette jeune Libanaise qui a également décidé d'intervenir en proposant un plan du parc et une disposition des tentes de manière à mieux organiser les futures arrivées.

 

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commentaires (1)

Formidable Monsieur Naguib Sawiris, venz expliquer à nos POLITICIENS-IRRESPONSABLES-INCAPABLES combien l'eau et l'électricité sont nécessaires à la vie quotidienne ! Vous qui prévoyez d'installer "en urgence" ces infrastructures sur cette bienheureuse île que vous destinez à des réfugiés-migrants. Bravo et que votre projet puisse se réaliser ! Irène Saïd

Irene Said

12 h 02, le 12 septembre 2015

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Commentaires (1)

  • Formidable Monsieur Naguib Sawiris, venz expliquer à nos POLITICIENS-IRRESPONSABLES-INCAPABLES combien l'eau et l'électricité sont nécessaires à la vie quotidienne ! Vous qui prévoyez d'installer "en urgence" ces infrastructures sur cette bienheureuse île que vous destinez à des réfugiés-migrants. Bravo et que votre projet puisse se réaliser ! Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 02, le 12 septembre 2015

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