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Liban - Crise des déchets

Vers la mise en œuvre du plan Chehayeb malgré les contestations

Les régions concernées par le plan du ministre de l'Agriculture ont été témoins hier de plusieurs mouvements de protestation contre la transformation de leurs terrains en dépotoirs ou décharges.

Le plan du ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, adopté par le gouvernement mercredi, prévoit la réouverture de la décharge de Naamé (au sud de Beyrouth), pour une durée de sept jours, afin d'accueillir les ordures amoncelées dans la capitale et le Mont-Liban. Le plan prévoit aussi l'aménagement de deux autres décharges, l'une à Srar dans le Akkar, l'autre sur un terrain dans l'Anti-Liban. Le plan Chehayeb est provisoire puisque la stratégie sur le long terme est d'aboutir à une gestion décentralisée des déchets qui serait effectuée par les municipalités.
Après Naamé et le Akkar jeudi, hier c'était le tour de Saïda, de Massnaa et de Bourj Hammoud de dénoncer le plan Chehayeb.
Des dizaines de manifestants ont exprimé hier devant le centre de tri des déchets ménagers à Sainik leur refus d'accueillir des déchets supplémentaires dans l'usine de tri d'ordures de la région de Saïda. Les manifestants ont lancé des slogans rejetant la mise en place d'« une nouvelle montagne d'ordures » dans la région. Le président de la municipalité, Mohammad Saoudi, a en revanche salué l'initiative du ministre de l'Agriculture qu'il a qualifiée de « plan logique ». Il a par la suite invité toutes les régions à prendre exemple sur la ville de Saïda qui a trouvé « le moyen de traiter ses propres déchets localement ce qui lui a épargné de crouler sous les effets de la crise des déchets qui a frappé une grande partie du pays ».
Les habitants de Majdel Anjar ont de leur côté coupé la route de Damas à la circulation durant une heure au niveau de Masnaa en guise de protestation contre la mise en place d'une décharge dans l'Anti-Liban. Le député Assem Araygi présent lors de la manifestation a exprimé sa solidarité avec les habitants.
Une manifestation a été parallèlement organisée devant le dépotoir de Bourj Hammoud, dans le Metn, pour protester contre le transfert de déchets en ce lieu. Ce dépotoir est aussi parmi ceux qui sont désignés pour accueillir des ordures ménagères, selon le plan Chehayeb. Des tracts portant le slogan « Bourj Hammoud n'est pas une poubelle », ont été distribués dans la région appelant les habitants à participer à un sit-in à la Quarantaine sur la route côtière, ce soir à 18h pour contrer la décision de rouvrir le dépotoir.
Même son de cloche au Akkar : les notables de la région ont rejeté la décision du gouvernement d'envoyer les déchets chez eux selon le « plan injuste et flou » proposé par M. Chehayeb. Prenant le contrepied des protestataires, l'ancien député du Akkar, Wajih Baarini, a appelé l'État à s'assurer des conditions sanitaires du dépotoir de Srar et l'absence de danger pour les terrains agricoles avoisinant avant d'y envoyer les déchets. L'ancien parlementaire qui s'est exprimé lors d'une rencontre avec le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a exprimé son souhait « que les habitants du Akkar, privés depuis longtemps de tout projet de développement, coopèrent avec le gouvernement afin de trouver une issue à cette crise. »
Le député Khaled Daher a quant à lui violemment réagi hier en rejetant le plan qu'il a qualifié de « diabolique et destructeur pour les régions concernées avec la réception des déchets pour la seule raison de régler la crise des ordures de la capitale, de sa banlieue et du Mont-Liban ».

« À quoi servirait un gouvernement incapable de ramasser les ordures ? »
De son côté l'activiste Wadih Asmar de la campagne « Vous puez ! » a indiqué que les experts du collectif sont en train d'étudier en coopération avec plusieurs associations écologiques le plan adopté par le gouvernement pour la gestion de la crise des déchets et qu'ils vont bientôt publier une mise au point détaillée concernant ce plan qui n'a pas, selon lui, pris en considération les demandes de la société civile.
Le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, a assuré de son côté à l'agence d'information al-Markaziya que la solution proposée par le ministre de l'Agriculture et retenue par le gouvernement « bénéficie de l'unanimité explicite ou implicite au sein du gouvernement sinon elle n'aurait pas été adoptée ». Selon lui, si l'exécution du plan viendrait à échouer cela impliquerait « le départ d'un gouvernement incapable de faire exécuter une décision qu'il a prise. »
Des sources proches du Premier ministre, Tammam Salam, ont rapporté hier à la même agence des propos tenus par M. Salam qui a estimé que « le plan doit être mis en œuvre, sinon que le gouvernement s'en aille. S'il n'est pas capable de ramasser les ordures de la rue à quoi servirait-il ! »
Le ministre Akram Chehayeb a affirmé pour sa part au quotidien an-Nahar que c'est à l'État de trouver une solution définitive à la crise des déchets. « En fin de compte, c'est à l'État de trouver une solution. Je ne peux rien promettre, car ce plan est à prendre dans sa globalité. La décharge de Naamé ne rouvrira pas une seconde tant que les autres décharges prévues ne l'auront pas été, car tout le monde est appelé à participer à la solution. Personne ne peut assumer seul les responsabilités qui incombent en la matière », a expliqué M. Chehayeb.
Sur un autre plan, le ministre des Télécoms, Boutros Harb, a débloqué vendredi la somme de 59 millions de dollars, provenant des revenus de la téléphonie mobile, afin qu'elle soit reversée à la caisse autonome des municipalités, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). La somme transférée concerne la période allant du 12/1/2014 au 31/7/2015. Le montant devrait aider les municipalités à assumer les dépenses relatives à la gestion des déchets, et ce dans le cadre du plan du ministre Chehayeb, qui prévoit une décentralisation de cette gestion au profit des municipalités.

Le plan du ministre de l'Agriculture, Akram Chehayeb, adopté par le gouvernement mercredi, prévoit la réouverture de la décharge de Naamé (au sud de Beyrouth), pour une durée de sept jours, afin d'accueillir les ordures amoncelées dans la capitale et le Mont-Liban. Le plan prévoit aussi l'aménagement de deux autres décharges, l'une à Srar dans le Akkar, l'autre sur un terrain dans...
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