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Nos Lecteurs ont la Parole - Écologie

Le tri en vue du recyclage, passage obligé pour les différents modes de traitement des déchets*

Les déchets au Liban ont une composition moyenne qui se répartit comme suit : 50 % environ de matières organiques, 20 % de papiers et de cartons, 20 % de matières en plastique, verre et cannettes, et 10 % de divers. En zone rurale, le pourcentage de matières organiques est plus élevé. Le poids des déchets produits par habitant par jour varie d'environ 0,8 kilo dans les zones rurales à 1 kilo dans les grandes villes. En France, il est voisin de 1,5 kilo/jour/habitant.

Méthodes de traitement
Toutes les méthodes de traitement utilisées dans les différents pays doivent répondre aux exigences environnementales en vigueur.
Les centres d'enfouissement technique (CET), ou décharges contrôlées, nécessitent des surfaces importantes et exigent une protection de la nappe, le traitement des lixiviats (liquides produits par les déchets) et l'incinération du biogaz CO2 + CH4 (gaz à effet de serre) avec possibilité de récupération énergétique WTE (« Waste to Energy », récupération de gaz pour la production d'électricité). Leur durée de vie varie de 10 à 20 ans.
La technique du compostage consiste dans la fermentation de la matière organique et de la cellulose des déchets durant environ 6 jours. L'élévation de la température (60°) qui l'accompagne tue les microbes pathogènes. Le compost obtenu est comparable à la moitié du compost animal. Le compostage s'accomplit aussi par voie anaérobique. La matière organique perd 40 % de son poids par compostage.
L'incinération est opérée dans différents types de fours. Les températures atteintes varient de 600 à 1 000 degrés. Les déchets doivent, pour être incinérés, avoir un pouvoir calorifique élevé, donc contenir du papier et des plastiques. Les grandes unités sont accompagnées par un appareil de « Waste to Energy ». Les critiques contre ce procédé portent surtout sur les émanations de dioxine, dite cancérigène. Les normes européennes imposent une teneur inférieure à 0.1 ng par mètre cube, ce qui élimine tout risque pour la santé. Du reste, les différents modes de traitement quand ils sont bien exploités, ne présentent pas de risques sanitaires.
La technique du « Refuse Derived Fuel » (RDF, combustible dérivé des déchets) : constitué de l'ensemble des matières combustibles contenues dans les déchets, avec, parfois, des matières organiques, il sert en particulier comme partie du combustible dans les fours des cimenteries.
Le tri en vue du recyclage est un mode de traitement obligatoire qui accompagne, à des pourcentages différents, chacun des procédés ci-dessus. Le tri à domicile est le plus efficace. Le pourcentage de matières recyclables pourrait atteindre les 30 %. À part la réduction du volume des déchets, le bénéfice à tirer du tri est important.
Le choix de l'une ou de l'autre de ces méthodes, accompagnées obligatoirement d'une zone de décharge pour les déchets ultimes, est dicté par des considérations économiques. Donc il relève des budgets municipaux et il est fonction de la quantité quotidienne des déchets, de leur composition, des marchés des produits du traitement et des surfaces des terrains disponibles.

Le cas du Liban
Pour Beyrouth et une partie du Mont-Liban, il faudrait donc l'adoption de l'incinération par des fours de grande capacité avec « Waste to Energy ». Il est souhaitable d'installer un site au Nord, un autre au Sud. La capacité totale à définir en fonction des collectivités concernées : deux fours d'au moins 1 000 tonnes par jour, capables d'incinérer des déchets humides. L'étude, la réalisation, la mise en exploitation et le contrôle des fumées et mâchefers seront conformes aux règlementations européennes en vigueur. Une décision politique doit entériner et appliquer ce choix.
Le choix du terrain, l'étude, la réalisation et la mise en service industriel nécessitent quatre ans. Le cahier des charges pour les entreprises devra préciser la durée d'exploitation. Plus elle est longue, quinze ans ou plus, plus le coût diminuera. La collecte fera partie intégrante de l'adjudication. Le balayage est sélectif.
La solution proposée pour Beyrouth exige une période transitoire pour couvrir les quatre années requises ci-dessus.
Le seul mode de traitement capable de remplir cette fonction dans un délai très court devrait être accompagné d'un tri poussé à domicile et au centre d'enfouissement. Un ou trois centres d'enfouissement technique dans des zones, même éloignées, où le terrain est disponible sont à sélectionner. Ces zones peuvent être au Nord, au Sud ou éventuellement en montagne. Ces zones devront être conformes aux normes en vigueur. Les capacités minimum de ces centres d'enfouissement devraient dépasser quatre millions de tonnes de déchets. À titre d'information, le site de Srar au Akkar, s'il est aménagé conformément aux normes, pourrait accueillir jusqu'à trois millions de tonnes. La surface requise pour l'enfouissement et les services annexes (locaux, tri, traitement...) est de l'ordre de 15 hectares.
Certes, des voix de tout bord s'élèveront très haut pour attaquer les modes de traitement proposés, avec des arguments qui vont à l'encontre des progrès techniques en vigueur dans les pays les plus évolués dans le domaine de l'environnement et qui tiennent compte de la qualité de l'environnement, de la santé et de la qualité de vie, et d'une économie saine.

Choix de l'incinération
Les statistiques publiées en 2015 par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), organisme officiel rattaché au ministère de l'Environnement en France, référence officielle en la matière, indiquent à l'article 7.3 « les comparaisons européennes de valorisation énergétique des déchets municipaux des pays européens ». Il est précisé qu'un bon nombre de pays traitent 50 % environ du poids de leurs déchets solides en « Waste to Energy », sans compter l'incinération sans récupération. L'Ademe indique par ailleurs que le Japon traite 74 % de ses déchets par incinération.
Nous rappelons que nous sommes conscients de l'investissement à encourir (3 % du soutien payé à ce jour pour le fuel d'EDL) et du coût relativement élevé du traitement de la tonne. Nous rappelons qu'en France 30 % du budget réservé à l'environnement passe par les déchets (Ademe).

Choix des décharges
Les Libanais ont une très mauvaise image des décharges sauvages. La décharge de Bourj Hammoud, à l'entrée de la capitale, en est un exemple. Celle de Naamé, qui a coûté des centaines de millions de dollars, en est un autre. Si les autorités concernées avaient suivi l'exemple du ministère algérien de l'Environnement, qui a confié à une société d'ingénierie l'étude et la surveillance de la transformation en espace vert de la grande décharge de Oued Smar à l'entrée d'Alger, ainsi que l'étude d'aménagement du parc vert des décharges des grandes villes d'Alger, les Libanais ne se seraient pas opposés à tout projet du genre.
Le mode de traitement proposé pour Beyrouth est certes applicable à long terme pour Tripoli qui verra sa décharge en mer saturée à court terme. Toutefois, une variante de traitement par compostage toujours associé au tri pourrait être envisagée.
Les grandes villes hors Beyrouth et Tripoli choisiront toujours avec un tri poussé, entre le compostage associé avec une décharge, ou une seule décharge. La disponibilité des terrains dans leurs secteurs et l'écoulement du compost dans des zones agricoles sont les éléments déterminants du choix.
Ces modes de traitement, y compris la collecte, seront soit confiés, suite à des adjudications, à des entreprises spécialisées, soit gérés directement par les municipalités (en fonction de leur capacité).

Antoine MEOUCHY
Membre de l'Aligef (Association au Liban des ingénieurs des Grandes Écoles de France).
PDG de Libanconsult AGM.

*Extraits d'une conférence sur le traitement des déchets ménagers solides, donnée le 28 août à l'hôtel Le Gabriel.

Les déchets au Liban ont une composition moyenne qui se répartit comme suit : 50 % environ de matières organiques, 20 % de papiers et de cartons, 20 % de matières en plastique, verre et cannettes, et 10 % de divers. En zone rurale, le pourcentage de matières organiques est plus élevé. Le poids des déchets produits par habitant par jour varie d'environ 0,8 kilo dans les zones rurales...

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