Le Premier ministre, Tammam Salam, a dénoncé dimanche "les déchets politiques" qui bloquent le pays, affirmant se ranger aux côtés du peuple, au lendemain de la manifestation initiée par les activistes de la campagne "Vous puez !" au centre-ville de Beyrouth, violemment réprimée par les forces de l'ordre. Mais l'intervention de M. Salam n'a pas convaincu les activistes.
Lors d'une conférence de presse organisée au Grand Sérail, le siège du gouvernement, le Premier ministre a promis que tous les responsables de la répression de la manifestation organisée par la société civile hier au centre-ville de Beyrouth devront rendre des comptes. "Tout le monde sans exception va assumer ses responsabilités", a-t-il martelé. Et d'insister : "Manifester est un droit constitutionnel et ce qui s'est passé hier est une énorme responsabilité que nous devons tous assumer".
Les forces de l'ordre libanaises ont réprimé dans la violence une manifestation de plusieurs milliers de citoyens samedi soir dans le centre-ville de Beyrouth sur fond de crise des déchets qui dure depuis plus d'un mois. Les FSI ont indiqué que les incidents ont éclaté lorsque des manifestants ont tenté de pénétrer de force dans le périmètre de sécurité établi autour du secteur du Parlement.
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"Aux côtés du peuple"
Dénonçant "les déchets politiques" qui bloquent le pays, le chef du gouvernement a affirmé se ranger aux côtés du peuple. "Nous ne pouvons pas passer outre le cri d'alarme lancé samedi soir. Les citoyens, aussi bien ceux qui étaient dans la rue que ceux qui sont restés chez eux, crient leur désespoir", a déclaré M. Salam. "Je suis l'un des vôtres, du côté du peuple", a affirmé le Premier ministre. Il a également mis en garde contre la récupération politique que certaines forces politiques tentent d'opérer. "Si vous voulez faire la révolution, faites-le face à tous les responsables politiques, sans exception", a-t-il déclaré, leur demandant de ne pas "tomber le piège".
Le Premier ministre s'est ensuite lancé dans une virulente diatribe contre "les déchets politiques" qui empêchent toute prise de décision."Toutes les forces politiques qui empêchent d'élire un président, qui bloquent l'action du gouvernement et le travail parlementaire.sont responsables de la gravité de la situation", a asséné M. Salam, rappelant avoir, plusieurs fois depuis sa nomination, mis en garde contre les blocages. "Les déclarations de ces dernières 24 heures montrent que l'ensemble des responsables politiques versent dans la surenchère et dans la division", a ajouté le chef du gouvernement.
Le Parti socialiste progressiste (PSP) a annoncé dans la soirée de samedi qu'il se retirait de la manifestation contre la crise des déchets au centre-ville de Beyrouth. Dans un communiqué publié par le bureau de presse du PSP, le parti explique que "cette manifestation populaire s'est transformée en une tentative de renversement de ce qui reste des institutions et du pouvoir, ce qui met en péril la stabilité et la paix civile".
Le leader du PSP Walid Joumblatt a affirmé samedi soir que "les forces du 8 Mars tentent d'entraver ce mouvement (de protestation) en le politisant, en lançant durant la manifestation des slogans politiques".
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Pour un Conseil des ministres "productif"
Par ailleurs, le Premier ministre a expliqué que "le gouvernement ne peut pas exercer sereinement ses fonctions en l'absence d'un chef de l'Etat et du pouvoir législatif qui contrôlent son action". "Le pouvoir est un don et un honneur mais doit également se traduire par l'exercice du pouvoir de décision", a-t-il ajouté.
Le Premier ministre, Tammam Salam, a prévenu que le prochain Conseil des ministres de jeudi devra être productif. "Si le gouvernement se montre incapable de traiter les sujets qui importent les citoyens, à quoi peut servir ce gouvernement ?", s'est interrogé le Premier ministre. "Dans cette situation, il n'y a pas de miracle à attendre", a poursuivi M. Salam, affirmant que "la situation doit être réglée de manière forte et urgente".
Le chef du gouvernement a ensuite exprimé l'espoir que "le résultat des appels d'offres soit annoncé mardi".
Quelques minutes avant l'allocution de Tammam Salam, le chef du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun, a mis en garde "la majorité gouvernementale" contre une récupération de la situation suite à la manifestation de samedi soir contre la crise des déchets.
"Nous condamnons les tirs contre les manifestants et le comportement des forces de l'ordre", a indiqué le leader du CPL dans une courte allocution télévisée, réclamant que les responsabilités soient clairement définies. "Le pouvoir illégitime n'a pas la confiance du peuple", a ajouté M. Aoun.
Le ministre de l'Education, Elias Bou Saab, représentant le Courant patriotique libre (CPL) au sein du gouvernement, a mis en garde, dans un entretien au quotidien local al-Moustaqbal publié dimanche, contre "le coup de force" que représenteraient des décisions du Conseil des ministres prises à la majorité simple. A l'ombre de la vacance présidentielle qui dure depuis le 25 mai 2014, le CPL réclame que l'avis de ses ministres soit pris en compte dans toute décision au sein du cabinet. Il s'oppose ainsi à tout autre mécanisme que celui du consensus, impliquant l'unanimité dans les prises de décision.
L'allocution du Premier ministre n'a pas convaincu les manifestants présents dimanche matin aux abords du Grand Sérail qui ont relancé leurs appels à la démission de Tammam Salam et de son gouvernement aux cris de "Révolution, révolution".
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Comme il a raison, le bon et loyal chef du gouvernement, de dénoncer "les déchets politiques des forces qui empêchent d'êlire un président et bloquent le gouvernement et le Parlement" ! Il vise en plein le mal dont s'irradient tous les autres maux qui tourmentent le Liban et ses institutions. Comme ils avaient raison ceux qui disaient que ceux qui bloquent la présidentielle commettent le plus grand crime contre ce pays !
18 h 02, le 23 août 2015