Gebran Bassil n'y va pas de main morte : pour lui, le salut de la chrétienté mondiale dépend du sort des chrétiens d'Orient. Rien de moins. Soit... mais en livrant cette réflexion, hier, le ministre aouniste des Affaires étrangères ne semblait guère être préoccupé outre mesure par les causes profondes de la courbe tragiquement descendante de la démographie chrétienne dans la région. Quelque chose dans sa démarche et dans son propos montrait qu'il était bien plutôt mû par des considérations intérieures.
Certes, le discours de M. Bassil est resté plus ou moins confiné à des généralités, évoquant « une bataille existentielle » menée par les chrétiens libanais pour assurer leur pérennité. Mais, étant donné le contexte actuel, si l'on s'amuse à remplir les pointillés, en forçant un petit peu sur la caricature, cela donnerait à peu près ceci : que la volonté de Michel Aoun soit respectée dans l'affaire des nominations militaires et la chrétienté dans le monde serait au meilleur de sa forme...
Excessive, la conclusion ? Elle l'est, sans doute. Mais elle a au moins le mérite de projeter la lumière sur le problème que pose l'identification totale qui est faite systématiquement par le Courant patriotique libre entre ses revendications, d'une part, et ce qu'il nomme « les droits des chrétiens », de l'autre.
Bien sûr, le poids parlementaire du bloc aouniste lui confère une qualité représentative au plan chrétien que nul ne saurait contester. Cela ne signifie pas pour autant que tout ce qui émane de cette formation équivaut à un nouvel évangile. Il arrive que dans le jeu politique courant, un parti soit mis en minorité au sujet d'une quelconque affaire. Cela n'autorise pas ce parti, aussi représentatif qu'il soit, à parler de « droits chrétiens spoliés » et encore moins de « coup d'État ».
Or l'affaire de la nomination d'un remplaçant voulu par le CPL à l'actuel commandant en chef de l'armée, pour importante qu'elle soit, et surtout pour légitime que soit la demande du CPL d'un point de vue démocratique, reste tout de même une quelconque affaire, pour ne pas dire une affaire quelconque, au vu des défis autrement plus pressants qu'affronte aujourd'hui ce qui reste de la République libanaise.
Mais dans la démarche aounienne, il y a plus grave encore : le chef du CPL ne veut voir que la main du courant du Futur derrière le « coup d'État » visant selon lui les chrétiens, comme s'il avait décidé de se remettre à creuser le fossé entre sunnites et chrétiens, une tâche interrompue juste le temps de voir si des bazars étaient possibles avec la formation haririenne. Ce faisant, Michel Aoun ignore délibérément l'effarante tartufferie dont fait preuve le Hezbollah à son égard. D'un côté, le parti de Dieu verse des larmes de crocodile sur le sort que l'adversaire réserve à son allié, et de l'autre il ne fait rien en Conseil des ministres, mais alors strictement rien, pour empêcher les « coups d'État » à ses dépens.
Au final, il faut noter qu'avec Michel Aoun, l'expression « faire feu de tout bois » trouve une application quasi quotidienne. Que cela résulte d'un trait de caractère ou bien d'une tactique politique n'a que peu d'importance. Le véritable problème, c'est qu'à partir du moment où il bénéficie d'une importante audience chrétienne, les conséquences de ses actes et décisions se répercutent forcément sur ses coreligionnaires, qu'ils soient d'accord ou pas avec ses fuites en avant.
Ainsi, s'il réussit à mobiliser ses partisans sans pouvoir changer la donne, c'est grave pour les chrétiens, et s'il ne réussit pas à faire bouger la rue, c'est tout aussi grave.
Décidément, avec cet homme, le destin des chrétiens libanais se résume jusqu'ici à un seul mot : déconfiture !
Élie FAYAD
Lorsqu'on se donne corps et âme aux ennemis du pays, il n'y a aucune raison de chercher a critiquer autrui mais seul les contrevenants. Par contre, lorsque nous sommes la principale raison de la déconfiture des Chrétiens du Liban, nous nous devons d'etre moins arrogants et surtout ne pas chercher a parler au nom de ceux que nous avons détruit, volé et spolié de leurs droits a cause de nos co....es, mais au contraire, on se fait petit, humble et nous nous taisons!!! Alors Général, Bassil et tous les autres, taisez vous!!! Basta!!!
13 h 18, le 17 août 2015