Bassil revient à la charge contre Salam, alors que Frangié critique Aoun

Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, est revenu à la charge vendredi contre le gouvernement et son chef, Tammam Salam, lors d'une conférence de presse tenue au lendemain d'une séance houleuse au Grand Sérail.

"Nous devons dire la vérité sur ce qui s'est passé hier en Conseil des ministres", a déclaré le gendre du chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, depuis le Palais Bustros. "D'aucuns peuvent dire que notre réponse au Premier ministre (Tammam Salam) contrevient aux us et coutumes. Peut-être, mais quand nous sommes traités de manière contraire aux us et coutumes, nous rendons la pareille", a-t-il lancé, faisant allusion à la décision du Premier ministre d'approuver les dossiers à l'ordre du jour en dépit du désaccord des ministres aounistes.

"Vous voulez nous ôter nos prérogatives en notre présence" ? s'est insurgé le ministre, affirmant bénéficier des prérogatives du président de la République en l'absence d'un titulaire de ce poste (la présidence étant vacante depuis le 25 mai 2014), et rappelant que le Premier ministre avait insisté sur le consensus requis pour toute décision gouvernementale.

"Si nous nous opposons à une quelconque décision, on nous accuse de bloquer le processus. On veut nous jeter dehors si nous n'approuvons pas toutes les décisions", a-t-il dénoncé. Nous représentons quatre composantes avec le Hezbollah, les Marada et le Tachnag. Comment compte-t-on prendre des décisions sans notre aval" ?

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Le chef de la diplomatie a par ailleurs accusé le camp adverse du 14 Mars de ne "plus vouloir d'une élection présidentielle. Ils ont un Premier ministre qui est en même temps président de la République. Pourquoi voudraient-ils donc élire un chef de l'Etat ? La vacance à la présidence leur convient".

Selon lui, l'accord conclu jeudi et qui prévoit, entre autres, un prochain Conseil des ministres dans deux semaines, après la fête du Fitr, "ne veut pas dire que le problème est réglé. "Nous maintenons nos positions et notre mobilisation populaire dans la rue. Nous avons vu que nos partisans sont toujours aussi enthousiastes et les droits que nous défendons sont ceux de tous les chrétiens mais aussi de tous les Libanais".

Sleiman Frangié critique Aoun
Presque simultanément, le chef du Courant des Marada, Sleiman Frangié, tenait lui aussi une conférence de presse dans laquelle il a critiqué, entre autres, son allié du CPL, Michel Aoun, qui défend ces jours derniers un modèle fédéral pour le Liban.

"Est-ce que le fédéralisme rendra aux chrétiens leurs droits" ?, s'est interrogé le leader maronite qui a rappelé son opposition constante à ce modèle. "Nous ne pouvons pas vivre dans un modèle fédéral", a-t-il estimé, avant de souhaiter que les prises de position de Michel Aoun à ce sujet ne soient qu'une "maladresse verbale".

Sleiman Frangié a également critiqué le fait de n'avoir été informé par son allié de certaines décisions que "24h à l'avance", appelant à davantage de coordination au préalable. Il a également estimé que "seul le dialogue pouvait aboutir à une solution", critiquant de manière indirecte les manifestations populaires des partisans de Michel Aoun.

Le chef des Marada a toutefois insisté qu'il restait l'allié du chef du CPL malgré leurs divergences de vue sur certains dossiers, expliquant à titre d'exemple soutenir la candidature de Michel Aoun à la présidence, la nomination du général Chamel Roukoz à la tête de l'armée et être en faveur du blocage du gouvernement. "Nous sommes aux côtés du CPL, et nous ne divergeons que sur le style. Nous sommes prêts à entrer en guerre pour défendre les prérogatives du président de la République", a-t-il indiqué.

Le chef du CPL et ses ministres estiment que le chef de l'Etat a perdu nombre de ses prérogatives depuis l'accord de Taëf en 1989, et contestent le chef du gouvernement actuel qui, selon eux, se comporte en tant que président, à l'ombre de la vacance au Palais de Baabda.

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