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Liban - Constitution

Violente altercation entre Salam et Bassil en Conseil des ministres

Le gouvernement planchera après le Fitr sur son mécanisme de fonctionnement.

« J’ai le droit de dire ce que je veux, quand je veux. Sur cette table, je suis le président de la République en l’absence d’un président », martèle Gebran Bassil. Photos Ibrahim Tawil

L'équipe de Tammam Salam a réussi hier, pour la seconde fois en deux semaines, à résister aux coups de boutoir du bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, plus que jamais déterminé à imposer sa façon d'interpréter l'exercice par le Conseil des ministres des prérogatives présidentielles en l'absence d'un chef de l'État.
L'escalade annoncée la semaine dernière par son chef, Michel Aoun, après la réunion du gouvernement qui avait occulté, au grand dam des ministres aounistes, le dossier des nominations sécuritaires et approuvé, malgré leur opposition, des subventions à l'exportation de produits agricoles et industriels, s'est manifestée en deux temps et à deux niveaux hier.
En Conseil des ministres où le chef de la diplomatie, Gebran Bassil, a attaqué de front Tammam Salam, avant même que les photographes et cameramen n'aient fini de prendre les photos traditionnelles ; et dans la rue, où plusieurs dizaines de partisans aounistes ont essayé d'investir la place Riad el-Solh. L'offensive médiatisée de Gebran Bassil, si elle a eu pour effet de faire perdre ses nerfs au Premier ministre et de galvaniser les partisans du CPL qui, rassemblés au niveau de Sin el-Fil, attendaient un signal pour « marcher » vers le Sérail, n'a pas été cependant suffisante pour mobiliser la rue aouniste. La manifestation orange organisée devant le Sérail s'est davantage distinguée par le bruit qu'elle a provoqué que par le nombre des protestataires.
Aux cris émanant de la place Riad el-Solh faisaient écho les hurlements en Conseil des ministres où Gebran Bassil était arrivé avec une copie de la Constitution sous le bras. « Voici mon ordre du jour pour aujourd'hui », lâche-t-il. « Très bien ! C'est le moment ou jamais pour commencer à la lire », rétorque Boutros Harb (Télécoms).

 

(Lire aussi: La manifestation du CPL tourne à la confrontation avec les forces de l'ordre)

 


Les ministres savaient que la séance ne serait pas de tout repos mais ne s'attendaient pas à un tel esclandre. Gebran Bassil n'a pas attendu l'ouverture officielle. La voix suffisamment élevée pour couvrir le crépitement des flashes et le brouhaha des conversations de ses collègues, il déclare : « Je voudrais soulever une violation de la Constitution et une atteinte flagrante du Premier ministre aux prérogatives du président de la République. » Tammam Salam le regarde avec stupeur avant de lever la main pour l'empêcher de poursuivre : « Ces propos sont inacceptables. La séance n'a pas été encore ouverte et je ne vous ai pas autorisé à prendre la parole. » Mais Gebran Bassil ne l'entend pas de cette oreille. Poursuivant sur sa lancée, il accuse le chef du gouvernement de « spolier les droits des chrétiens ». Ce dernier l'interrompt de nouveau, en hurlant et en tapant du poing sur la table, pendant que les agents de l'ordre se précipitent pour pousser les photographes vers la sortie. « Si mes propos ne te plaisent pas, tu es libre de faire ce que tu veux... ». Un tonnerre d'applaudissements se fait entendre dans la pièce, ponctué des hurlements du groupe de ministres qui ont volé au secours de Tammam Salam : Mohammad Machnouk, Rachid Derbas, Nabil de Freige, Boutros Harb, Sejaan Azzi, Alain Hakim, Ramzi Jreige, Alice Chaptini et Abdel Mouttaleb Hennaoui. Disons que le langage employé n'était pas habituel. « J'ai le droit de dire ce que je veux, quand je veux. Sur cette table, je suis le président de la République, en l'absence d'un président », martèle Gebran Bassil. Le chef du gouvernement lui lance à la figure : « Baisse ta voix. Pour qui tu te prends ? Sois poli en Conseil des ministres. Tu m'attaques du palais Bustros et tu m'accuses de spolier les prérogatives du président. Cela fait un an et demi que je te supporte toi et ton bloc et que je supporte vos caprices. »
Waël Bou Faour (Santé) bondit à son tour. « Honte à toi, lance-t-il à l'adresse de Gebran Bassil. Tais-toi et adresse-toi avec respect au chef du gouvernement », vers qui il se retourne ensuite pour lui demander d'appeler quelqu'un qui escortera le ministre des AE à la sortie « à cause de son manque de politesse ». « Si tel est le langage de notre chef de la diplomatie, à quoi pouvons-nous nous attendre des autres? » s'indigne Akram Chehayeb (Agriculture).

 

(Lire aussi : Aoun crie victoire : « Nous avons obtenu ce que nous voulions en Conseil des ministres »)


Les alliés de M. Bassil gardent le silence puis Hussein Hajj Hassan (Industrie) tente de calmer le jeu et essaie de convaincre ses collègues de tenir compte des revendications du clan aouniste « par respect pour le partenariat, le pacte national et le mécanisme de fonctionnement du Conseil des ministres ». Mais le chef de la diplomatie persiste et signe : « Je suis le président de la République en l'absence d'un président », ce à quoi plusieurs ministres du camp opposé finissent par répondre : « Nous, les 24 ministres, représentons le président et pas toi. C'est de l'arrogance pure ! »


La querelle s'éternise. Tammam Salam réaffirme l'importance de l'élection d'un président et souligne l'importance de la cohésion en Conseil des ministres pour traverser cette étape critique de l'histoire du pays et de la région, tout en relevant que son équipe n'est pas habilitée à régler les problèmes politiques mais à gérer les affaires du pays et de la population, en attendant l'élection d'un président. Mais Gebran Bassil n'a qu'une obsession : « Les prérogatives du président en Conseil des ministres. » Chez certains ministres, la consternation l'emporte sur la colère : « À ce train-là et compte tenu de ce langage de charretier, c'est un mécanisme moral dont nous avons besoin, avant un mécanisme constitutionnel », murmure Sejaan Azzi (Travail).
Nouhad Machnouk (Intérieur) intervient en proposant de discuter du mécanisme du fonctionnement du Conseil des ministres, tout en faisant sortir Gebran Bassil de la pièce vers une salle adjacente, suivi de Mohammad Fneich et de Hussein Hajj Hassan. Quelques minutes plus tard, M. Machnouk revient et se dirige vers le chef du gouvernement en insistant sur la nécessité de circonscrire le problème avant la levée de la séance et en le priant de trouver un compromis. Tammam Salam rejoint le petit comité. Tous reviennent un peu plus tard et le Premier ministre annonce le report de l'examen de l'ordre du jour dont un seul point sera approuvé, celui du déblocage des fonds dus par le ministère de la Santé aux hôpitaux, en raison de son caractère humain et urgent. Il annonce également que le mécanisme de fonctionnement du Conseil des ministres sera à l'ordre du jour de la prochaine réunion du cabinet, prévue après le Fitr, soit dans deux semaines.


Plusieurs ministres ne sont pas d'accord avec ce procédé, notamment Hassan Ali Khalil ainsi que les ministres du PSP et des Kataëb, partant du principe que ce genre de compromis doit être discuté en Conseil des ministres et non pas lors de réunions secondaires.
La réunion prend fin en queue de poisson, encore une fois sans vainqueur ni vaincu.

 

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commentaires (10)

"la prochaine réunion du cabinet, est prévue après le Fitr, soit dans deux semaines" tres bien. mais qui va s'occuper entretemps du probleme des dechets qui vont nous envahir a partir du 17 juillet, fete de ramadan ou pas? aucun de nos chers 24 ministres n'y a pense? il faudrait que les citoyens aillent jeter leurs poubelles devant la maison du ministre le plus proche de la leur!! peut etre bougeront-ils alors......

Le Herisson

15 h 11, le 10 juillet 2015

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Commentaires (10)

  • "la prochaine réunion du cabinet, est prévue après le Fitr, soit dans deux semaines" tres bien. mais qui va s'occuper entretemps du probleme des dechets qui vont nous envahir a partir du 17 juillet, fete de ramadan ou pas? aucun de nos chers 24 ministres n'y a pense? il faudrait que les citoyens aillent jeter leurs poubelles devant la maison du ministre le plus proche de la leur!! peut etre bougeront-ils alors......

    Le Herisson

    15 h 11, le 10 juillet 2015

  • Gébran Bassile vient d'accuser Tammam Salam d'entraver l'élection d'un nouveau Président (sic)... Laissez-moi rire à l'envers. Le plus con des Kesrouanais, j'en suis, sait pertinemment qui boycotte les séances de l'élection présidentielle. Le ministre des corrompus pourrait mentir un million de fois, ses mensonges ne deviendraient jamais des vérités. Son beau-père Michel Aoun n'est pas digne d'être un député du Kesrouan, qu'il reprenne ses baluchons pour revenir se faire élire à son Haret-Hraik natal.

    Annie

    13 h 19, le 10 juillet 2015

  • AOUN BASSIL un tandem guide par la seule soif du pouvoir.....vraiment pathetique.....ils sont pret a tout.....a quand le coup d Etat? Une vraie honte pour le LIBAN et les chretiens qui appuient ce sinistre individu.

    HABIBI FRANCAIS

    12 h 20, le 10 juillet 2015

  • À propos de ce ministré, on le voit chaque jour since, le tout petit bientôt périmé ; on ne pouvait, hier, ne pas tomber sur lui traînant dans les coulisses de sa campagnarde république, rêvant derrière ce décor si malfamé qu’il aime tant ! Qu’il adôre même ; quand il décryptait les zaïîîîms anciens avant de dévorer leurs affidés pour les remplacer ! Et, 1 peu + tard, quand il avait aménagé de bons petits complots à son niveau au beau milieu d’un + ou moins real parlementarisme, pour mieux les dédicacer et les offrir à ses amis bääSSdiotistes aSSadiques. Cette dédicace lui rappelle que ce jour-là, sur Baradah, ils s’étranglèrent lui et son "beau"-chef à jamais d’arêtes esturgeonnées de la Caspienne marée. Au gouvernement, face à un maître de céans genre yâ Salâm en verve chî Tamâm, le dernier des "lauréats" confia qu’il avait désormais 2 idéaux dans sa vie restante pour le moment au Liban : Bâäbdâh devant les portes duquel il traînait ambitionnant, enfant, d'en devenir un jour…. le concierge ; et son petit fauteuil actuel. Mini-ministré qui n'a peut-être pas l'habitude d'être, comme il l’espérait, soulevé de terre et embrassé à bouche que veux-tu par une new flopée d’affidés. Il rayonne momentanément, le niais ! Et dire qu’en pensant sans doute à l’énergumène qu'il reste encore à supporter, on a la certitude d'être encore souvent, mais indéniablement plus pour très longtemps, profondément malheureux et déprimés. Pas spécialement pour le moral, mais pour cette pauvre contrée !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    12 h 19, le 10 juillet 2015

  • Avez-vous jamais vu une stupidité pareille : faire tout pour créer, dans ce pays, un conflit entre les chrétiens et les sunnites ? Et les sunnites modérés en plus, représentés par le chef du gouvernement le plus modéré qui soit ? Et que, par-dessus le marché et en son emportement enfantin, le gendre chéri qualifie de daéchiste ??!! C'est à ne pas en revenir !!!!

    Halim Abou Chacra

    11 h 48, le 10 juillet 2015

  • DE LA POLICHINNERIE ET DE LA POUDRE AUX YEUX...

    ECLAIR

    11 h 03, le 10 juillet 2015

  • La mégalomanie du beau-père semble avoir déteint sur le gendre qui s'imagine président de la république et qui le clame tout haut! C'est le délire!

    Dounia Mansour Abdelnour

    09 h 29, le 10 juillet 2015

  • Heheheheeheh....le nabot fait des siennes....

    Tabet Karim

    09 h 14, le 10 juillet 2015

  • Un "esclandre" trop ridicule. Putz !!!

    Halim Abou Chacra

    04 h 51, le 10 juillet 2015

  • Le p'tit schtroumph fait du theatre ....

    B. Bejjani

    02 h 56, le 10 juillet 2015

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