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À La Une - Sécurité

Deux ans après Morsi, l'Egypte toujours en proie à des violences

Les attaques de la semaine écoulée illustrent l'ampleur du défi auquel sont confrontées les forces de sécurité.

Le président égyptien déchu, Mohammad Morsi, dans le box des accusés, le 2 juin 2015. AFP PHOTO / KHALED DESOUKI

Deux ans après la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi, l'Egypte reste en proie à des attentats meurtriers perpétrés par des jihadistes et les autorités poursuivent une répression sanglante contre toute opposition, qui a fait des centaines de morts.

Le plus peuplé des pays arabes connaît une vague d'attentats sans précédent depuis que l'ex-chef de l'armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi a destitué M. Morsi le 3 juillet 2013, à l'issue de manifestations monstres contre son unique année tumultueuse au pouvoir.

Les attaques de la semaine écoulée illustrent l'ampleur du défi auquel sont confrontées les forces de sécurité. Lundi, le procureur général Hicham Barakat était assassiné au Caire dans un spectaculaire attentat à la bombe à la suite d'appels du groupe jihadiste Etat islamique (EI) à s'attaquer au corps judiciaire pour venger l'exécution de ses partisans.

Mercredi, des combattants de l'EI ont lancé une série d'attaques coordonnées contre plusieurs positions de l'armée dans la péninsule du Sinaï, faisant des dizaines de morts.
Dans une vidéo diffusée jeudi soir et retraçant le déroulé de ces attentats, l'armée a expliqué que les jihadistes avaient affiché des drapeaux de l'EI sur certains immeubles de Cheikh Zouweid, une localité touchée par ces attaques, "pour faire croire que les terroristes avaient capturé la ville", mais que leur tentative avait échoué.
De son côté, l'EI a affirmé vendredi avoir attaqué plus d'une vingtaine de points de contrôle, ayant notamment recours à deux kamikazes à bord de voitures piégées.

(Lire aussi : L'Egypte déterminée à éradiquer le "terrorisme" dans le Sinaï)

 

Tir de roquettes
Signe que les forces de sécurité ont le plus grand mal à assurer la sécurité dans le nord du Sinaï, bastion des jhadistes, deux roquettes ont été tirées vendredi depuis la péninsule sur le sud d'Israël, a indiqué un porte-parole militaire israélien précisant qu'aucune victime n'était à déplorer.
Les autorités égyptiennes n'avaient pas réagi en soirée à cette information.
Les groupes jihadistes disent lancer leurs attaques -en particulier dans le Sinaï où des centaines de soldats et policiers ont été tués selon les autorités- en représailles à la sanglante répression contre les partisans de M. Morsi.

Dans les mois qui ont suivi son éviction, policiers et soldats ont tué plus de 1.400 personnes, en majorité des manifestants islamistes. Des dizaines de milliers ont été emprisonnés, tandis que des centaines ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs. M. Morsi lui-même et plusieurs dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans ont été condamnés à la peine capitale.
D'abord limitée aux islamistes, la répression s'est rapidement élargie aux mouvements laïques et de gauche, fers de lance de la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir.

 

(Lire aussi : « Si l'on ne fait que de la répression, la lutte antiterroriste ne peut pas fonctionner »)

 

Sissi reste populaire
"On assiste au retour de la répression et des arrestations arbitraires", déplore Mohamed Nabil, membre du 6-Avril, un mouvement de jeunes militants laïques et de gauche interdit par la justice en 2014.
"Les autorités égyptiennes ont montré qu'elles ne reculeraient devant rien dans leurs tentatives d'écraser quiconque défie leur pouvoir", affirme pour sa part dans un communiqué Hassiba Hadj Sahraoui, une responsable à Amnesty International.

Immédiatement après l'assassinat de M. Barakat, le président Sissi a promis des jugements accélérés et une législation plus dure "pour lutter contre le terrorisme". Moins de deux jours après, le gouvernement a approuvé une nouvelle loi antiterroriste qui doit "offrir une justice rapide et venger les martyrs".
Elu président un an après avoir évincé M. Morsi, M. Sissi reste populaire auprès d'un large segment de la population.

"De nombreux Egyptiens, lassés par l'instabilité politique et effrayés par la hausse des attaques terroristes dans les grandes villes, soutiennent largement la répression", estime ainsi Eric Trager, du Washington Institute for Near East Policy.

Mais deux ans après l'éviction de M. Morsi, la relance de l'économie reste l'un des principaux défis qui se posent au président, au moment où le pays souffre d'une inflation de 13,5% et d'un déficit budgétaire de 12%. Le gouvernement vise un ambitieux taux de croissance de 7%, alors que le secteur vital du tourisme a souffert de l'instabilité politique. En 2014, seuls 9,9 millions de touristes ont visité l'Egypte contre près de 15 millions en 2010.

 

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