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Culture - Rencontre

Les Wanton Bishops, nouveaux Christophe Colomb

Garage blues et hard rock au programme, mais aussi une tournée mondiale (ils partent à la conquête de l'Europe et de l'Amérique du Nord) et un documentaire dans le Mississippi. Le jeune groupe, déjà phénomène musical, se livre à « L'Orient-Le Jour » en y allant par trois chemins.

Photo Roland Ragi.

Le premier pilier du groupe, la barbe hirsute, tous tatouages dehors, quasi dénudé sur scène, mais en mode très rocker businessman le jour, est Nader Mansour. C'est le bad boy du groupe. L'autre, l'alter ego, plus introverti (d'apparence ?), avec mèche sage dessinant son profil, fait plutôt beach boy. Il s'appelle Eddy Ghossein. Autour de ce tandem, gravitent, tout comme pour une constellation, des musiciens d'ici et d'ailleurs. Un troisième personnage, plus solaire lui, assure récemment le renouveau des Wanton Bishops. Il porte le nom de Salim Naffah. Tels des explorateurs 2.0, ces trois jeunes gens dans le vent vont (re)découvrir le monde, notamment Montréal, New York, le Printemps de Bourges, le Maroc, la Thailande et la Turquie, et redessiner les nouvelles frontières d'une carte musicale.

 

Le pourquoi
Leur nom, leur look, et bien sûr leur amitié suscitent des questions. Créé à Beyrouth en 2011 par Nader Mansour et Eddy Ghossein, ce groupe mélange la nouvelle vague indé rock et blues garage, s'acharne sur la langue anglo-saxonne avec un désir fougueux de ne pas verser dans la fusion, et désarçonne les cœurs. Wanton ? Un personnage trouvé par Nader Mansour dans ses lectures du marquis de Sade – c'est tout dire. Le mot Bishop a surgi par la suite avec Eddy Ghossein, « pour faire le pendant ». Un mélange ambigu, mais détonant, et de longues nuits éméchées à flirter avec la bouteille, raconte le chanteur du groupe, pour en faire jaillir la chanson. Quant au look, c'est une autre affaire, car de plus en plus, les deux contrastes se rapprochent au fil des ans pour n'en faire qu'un. D'où l'amitié. Et si les deux ont fait des études de finances, il faut savoir que l'un (devinez lequel...) a tout plaqué pour se consacrer à la musique et à son financement, « car, après tout, c'est un business comme un autre », alors que le second continue à surfer entre les deux.

 

Le comment
Comment se confectionne une chanson ? Un album ? On les compare aux Black Keys. Les garçons n'en sont nullement dérangés. « Bien au contraire, nous sommes flattés. Ces gars ont balisé le chemin pour nous. Certes, il s'agit de blues rock, mais nous y ajoutons l'harmonica et, récemment, le oud, comme instruments nouveaux. D'où ce souffle oriental que certains s'accordent à reconnaître. » Si Nader Mansour se défend de cet air d'Orient perçu dans leur musique, il reconnaît par contre l'avantage de cette culture panachée qui génère une richesse lyrique « presque spirituelle ».
Tout commence donc par l'écriture d'un petit rif comme un stomp ou un battement de cœur. « Les jeunes gens ont bien bossé et connaissent leurs notes, reconnaît Nader Mansour. Pour ma part, c'est par oreille et d'une mauvaise (sic) façon que je gratte, pianote, tapote mes cinq instruments. Heureusement que ces vrais musiciens, ma garde rapprochée , sont là pour rectifier le tir, maquiller avec leurs belles fioritures, et créer une chanson. » Et Salim Naffah de secouer la tête en signe d'approbation, tout en nuançant les propos du fondateur des Wanton : « Ce sont certes des imperfections musicales, mais elles font son trademark. »
Les évêques (bishops) jouent-ils donc sur une corde raide ? Sans aucun doute. Entre accords et désaccords, les instruments volent parfois en baroud d'honneur. Tout à leur honneur. Car le stress n'existe pas dans le dictionnaire des Wanton. Tout est plaisir et victoire.
Et en ce qui concerne la collégialité ? On perçoit une petite hésitation. On comprend donc que c'est une espèce de démocratie qui règne chez les Wanton, peut-être une autocratie éclairée.

 

Le où
Des jam sessions à Tune Fork studios de Fadi Tabbal, en passant par les différentes plateformes (Beirut open stage, Wicker Park...), les trois musiciens ont fait du chemin. Après avoir signé un contrat de management avec Liberal Arts à Los Angeles, ils viennent d'entamer une grande tournée mondiale. Au menu du périple : Montréal, New York, Le Printemps de Bourges, le Maroc, la Thaïlande et la Turquie. Mais aussi l'ouverture de Sting, de Hubert-Félix Tiéphaine, et un documentaire filmé avec le Red Bull media house qui les emmène dans le Mississippi. Ce film, d'une heure à peu près, sortira en octobre.
Aujourd'hui, c'est entre quatre murs, à la maison, et entourés de tous les instruments, qu'ils s'abandonnent à la création.
« Salim, confie Nader Mansour, a apporté du rêve, de la beauté. Non seulement je suis limité musicalement, mais je n'écoute que les chansons d'artistes qui ont crevé depuis longtemps. Je suis donc moins en contact que les autres avec la scène musicale contemporaine. Salim ramène donc la fraîcheur, son âge, sa technicité, et surtout son adaptabilité. »
Salim Naffah, bien que peu loquace, s'empresse de lui répondre : « J'essaye de traduire les sons que Nader a dans sa tête et de générer techniquement des sons qu'ils évoquent. Car s'il faut chercher dans les mélodies et les accords, tout a été déjà dit, fait et écrit. C'est une question de combinaisons, de recherches : comment combiner un son avec un autre, un instrument avec un autre. Nader et Eddie ne le font pas à cause du manque de matériel, de connaissances et même parfois de savoir faire. » Pourtant tous conviennent à dire qu'ils ne font pas du difficile, mais de l'accessible... qui aurait sa petite complexité. « Lorsque j'ai commencé à travailler avec Nader, reprend Salim, j'ai compris ce qu'il voulait de moi et comme nous cohabitons nous avons plus de temps de travailler ensemble. » Un mur et de mauvaises portes séparent ces deux artistes qui mangent, boivent et vivent musique. Ainsi, les instruments trônent dans les pièces (auxquels s'est ajouté récemment le oud) et ils n'ont qu'à sauter dessus lorsque surgit un son, une harmonie.

 

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