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Culture - Bande dessinée

« Yallah Bye » : juillet 2006 et Tyr à bout portant

Des bulles, une plume et des crayons pour raconter l'histoire d'une famille, la sienne, prise au piège par la guerre de juillet 2006. Tel était le défi du Franco-Libanais Joseph Safieddine dans la bande dessinée « Yallah Bye », illustrée avec brio par le dessinateur coréen Kyungeun Park.

«Déstresse! Ça sert à rien de courir!» s'exclame Moustapha alors que sa femme Anna s'engouffre à toute vitesse dans une rue commerçante du centre de Tyr. «Ah! Ah! C'est l'occasion de perdre quelques kilos, hein?» dit-il à son fils. La lumière orangée du crépuscule baigne la rue, vidée de toute vie à l'exception d'un chat noir qui vagabonde. «C'est vraiment pas le moment de faire les malins!» crie Anna en regardant derrière son épaule. Soudain, son visage se fige, le regard fixé vers un avion de chasse. La détonation est assourdissante; l'onde de choc, colossale. Tous finissent par se relever, noirs de poussière et rouges de blessures.

Les dialogues ont été écrits et la scène dessinée, mais l'histoire est bien réelle. Dans la BD Yallah Bye, Joseph Safieddine raconte l'histoire d'une famille française en vacances au Liban-Sud alors qu'une nouvelle guerre éclate avec Israël. Le fils, resté en France, assiste, impuissant, à la course des événements. Joseph Safieddine n'est pas Gabriel el-Chatawi, le héros de son dernier album, mais sa famille était bien à Tyr en 2006 lorsque les bombes lâchées par l'État hébreu, au nom de la lutte contre le Hezbollah, ont vite fait de transformer la ville en prison à ciel ouvert.

Joseph Safieddine a décidé de changer les noms des personnages, mais reste fidèle à son histoire personnelle, allant jusqu'à retranscrire presque mot pour mot une lettre d'appel à l'aide qu'il distribuait dans le métro parisien, alors que sa famille était bloquée à Tyr sans aucun espoir d'être évacuée.

Les mots justes et les dessins magnifiques de Yallah Bye offrent une lecture inédite de ce conflit à travers le prisme d'une histoire intime. Au-delà des chiffres et de la politique, un ouvrage profondément humain qui, l'espace d'un instant, plonge le lecteur avec cette famille dans l'horreur de la guerre, où la fumée d'un narguilé se mêle à l'odeur du soufre, dans la chaleur moite d'un été déjà trop long.

 

«Déstresse! Ça sert à rien de courir!» s'exclame Moustapha alors que sa femme Anna s'engouffre à toute vitesse dans une rue commerçante du centre de Tyr. «Ah! Ah! C'est l'occasion de perdre quelques kilos, hein?» dit-il à son fils. La lumière orangée du crépuscule baigne la rue, vidée de toute vie à l'exception d'un chat noir qui vagabonde. «C'est vraiment pas le moment de faire...

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