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À La Une - Terrorisme

Dans le quartier du suspect de Copenhague, les jeunes minimisent ses actes

"C'était un homme bon. C'était pas un terroriste. Les terroristes, c'est le Danemark, les États-Unis, Israël!"

Des jeunes se sont rassemblés à Svanevej, à Cophenhague au Danemark, où Omar El-Hussein, désigné dans les médias comme l'auteur des attaques ayant fait deux morts et cinq blessés, a été abattu par la police. AFP PHOTO / SCANPIX DENMARK / SOREN BIDSTRUP

"C'était un mec génial": à Mjølnerparken, où a vécu Omar El-Hussein, les jeunes surpris refusent de voir en l'auteur présumé des attaques de Copenhague un terroriste.

Mohammed, 22 ans, est emmitouflé comme ses amis dans une grosse doudoune. Ils sont rassemblés devant les petites barres d'immeubles de cette enclave de logements sociaux où vivent de nombreux immigrés, et discutent la mine grave. Hors de question d'être filmés ou pris en photo pour eux.
Mais Mohammed, la joue marquée par une longue cicatrice, défend volontiers celui qu'il appelle simplement "Omar". "Il a juste fait les mauvais choix, je ne le vois pas comme un terroriste", affirme-t-il.

En périphérie de la capitale danoise, dans un coin de l'arrondissement populaire de Nørrebro, Mjølnerparken est un ensemble d'immeubles de quatre étages de brique sombre où vivent près de 2 000 personnes, dont 86% d'origine étrangère. L'endroit est surtout connu pour son taux important de criminalité dans un pays pourtant très calme. 

 

(Lire aussi : Copenhague : un suspect d'origine palestinienne au lourd passé de délinquant)

 

"C'est vrai qu'il y a des délinquants mais bon, ce n'est pas le centre du crime", reconnaît le jeune homme, né en Somalie. Interrogé sur Omar El-Hussein, il se souvient d'un garçon sociable. "Il avait plein d'amis. Il en a toujours plein. Je l'appelle toujours mon ami", dit-il. "C'était un mec bien. Il habitait ici jusqu'à l'année dernière", poursuit-il, reconnaissant que "personne ne l'avait vu depuis sa sortie de prison" fin janvier. Et "ça nous a tous surpris quand c'est arrivé. Personne ne peut l'expliquer". Mais pour Mohammed, "c'est pas comme en France. En France ils avaient un plan, lui, il n'en avait pas. Il a agi de manière impulsive (...) Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête, mais je sais qu'il n'avait pas de plan d'ensemble".

Omar El-Hussein, Danois d'origine palestinienne de 22 ans désigné dans les médias comme l'auteur des attaques ayant fait deux morts et cinq blessés, a été abattu par la police à quelques centaines de mètres de là.

 

(Lire aussi: Attaques de Copenhague : les Danois dans la rue pour dire non au terrorisme)

 

Les fleurs, pas conformes à l'islam

À la nuit tombée, quatre jeunes hommes se sont saisis vivement des fleurs déposées au pied de l'immeuble devant lequel il est mort. Ils les ont remisées dans un coin sombre. Capuches relevées, écharpes noires remontées jusqu'au nez, la petite bande se donne des airs de caïds. "On est ses frères, ses amis, on vient de Mjølnerparken", explique un autre Mohammed, qui ne prend pas de distances avec les actions d'El-Hussein. "C'était un homme bon. C'était pas un terroriste. Les terroristes, c'est le Danemark, les États-Unis, Israël!" Ils ont retiré les fleurs "parce que ce n'est pas conforme à l'islam. Dans l'islam, on met des fleurs pour les mariages, pas pour les morts", dit l'un d'entre eux refusant de donner son nom.

Avant de partir, ils collent sur le mur de l'immeuble deux feuilles de papier, avec ces mots en danois et en arabe "Qu'Allah ait pitié de toi. Repose en paix". Derrière les fenêtres de l'immeuble propret, on aperçoit les regards des habitants qui suivent les allées et venues des journalistes et curieux. Des passants observent aussi la scène sans intervenir.

"C'est trop triste, on aurait pu éviter ça s'ils n'avaient pas dessiné le prophète", estime Ali, étudiant de 21 ans. "C'était un innocent", affirme Mona.

 

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