Israël a affirmé mercredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU qu'il ferait usage de son "droit à la légitime défense", après l'attaque du Hezbollah qui a tué deux soldats israéliens.
Dans une lettre, également transmise au secrétaire général Ban Ki-moon, l'ambassadeur israélien aux Nations unies Ron Prosor a exhorté les 15 membres du Conseil de sécurité à "condamner le Hezbollah sans équivoque et publiquement". "Israël ne restera pas les bras croisés alors que le Hezbollah vise des Israéliens", a expliqué M. Prosor. "Israël ne tolèrera aucune attaque sur son territoire, fera usage de son droit à la légitime défense et prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger sa population", a-t-il poursuivi, quelques heures après que deux soldats israéliens ont été tués et sept autres blessés dans une attaque revendiquée par le mouvement chiite. Les précédents bilans ne faisaient état que de blessés.
En représailles, Israël a bombardé plusieurs villages dans le sud du Liban, où se trouvent des positions de l'armée libanaise et de la Force intérimaire des Nations-Unie au Liban (Finul), chargée de surveiller la frontière israélo-libanaise. Un casque bleu espagnol de la Finul a d'ailleurs été tué lors de ces violences.
L'ambassadeur israélien à l'ONU a également exigé que le Hezbollah, contre lequel Israël a mené un conflit sanglant en 2006, soit désarmé.
(Voir les images de l'attaque ici)
Dans un communiqué lu par un journaliste d'al-Manar, le Hezbollah a revendiqué l'attaque perpétrée en fin de matinée. "A 11H25 (09H25 GMT), le groupe des martyrs de Kuneitra de la Résistance islamique a visé avec des roquettes, dans les fermes Chebaa libanaises occupées, un convoi militaire israélien composé de plusieurs véhicules transportant à des officiers et soldats sionistes. Plusieurs véhicules ont été détruits et il y a des victimes dans les rangs de l'ennemi", a déclaré un journaliste d'al-Manar, lisant un communiqué du parti. le nombre de victimes n'est pas précisé. Le 18 janvier dernier, l'armée israélienne a effectué un raid à Kuneitra, sur le plateau du Golan en Syrie, qui a coûté la vie à six membres du Hezbollah.
Al-Manar, la télévision du Hezbollah, a précisé que selon ses sources, neuf véhicules israéliens ont été touchés. Alors que des rumeurs circulaient sur la capture d'un soldat israélien, un porte-parole de l'armée israélienne, Peter Lerner, a assuré sur son compte Twitter qu'aucun soldat israélien n'a été kidnappé lors de l'attaque.
"Selon des informations préliminaires, un véhicule militaire a été touché apparemment par un missile anti-char dans la zone de Har Dov (fermes de Chebaa)", a indiqué l'armée dans un communiqué sur Twitter sans donner davantage de détails.
Les zones bombardées et attaquées au Liban-sud.
Selon une source de sécurité, le tir de missile "a été accompagné de tirs très nourris à courte portée" contre ses occupants. Les soldats israéliens ont répliqué, touchant des cibles de l'autre côté de la frontière, a précisé cette source.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a averti, dans un communiqué, que l'armée était prête à agir "avec force sur tous les fronts" après l'attaque. "Ceux qui sont derrière l'attaque d'aujourd'hui devront en payer le prix", a-t-il déclaré, plus tard, avant d'entamer des consultations avec les responsables des services de sécurité en préalable à d'éventuelles représailles de plus grande ampleur.
En visite à Pékin, le ministre israélien des Affaire étrangères, Avigdor Lieberman, a déclaré qu'Israël devrait répondre de manière "forte et disproportionnée" à l'attaque.
Sur cette photo d'archive, un militant du Hezbollah s'apprêtant à tirer un missile Kornet anti-char. Photo AFP
Un militaire de la Finul tué
Après cette attaque, des tirs de mortier ont visé une base militaire israélienne de la région proche du mont Hermon, a ajouté l'armée.
En riposte, les chars et l'artillerie israéliens ont bombardé les villages de Kfar Chouba, Majidiyé, Halta et Arkoub, dans le sud du Liban, où se trouvent des positions de l'armée libanaise et de la Finul. Un casque bleu espagnol a été tué lors des violences, a indiqué l'ambassade d'Espagne au Liban. Le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, avait fait état de la mort de ce soldat au Liban-sud, sans pouvoir préciser l'origine des tirs qui l'ont tué. Le commandant de la Finul "est en contact avec toutes les parties et les appelle à la retenue afin d'éviter une escalade", a-t-il indiqué à l'AFP.
Israël a, de son côté, appelé les résidents à la frontière nord à se rendre aux abris.
Nasrallah doit parler vendredi
Cette attaque intervient dix jours après le raid meurtrier mené le 18 janvier en Syrie contre le Hezbollah et attribué à Israël. L'opération a tué six membres du Hezbollah, ainsi qu'un général des Gardiens de la révolution iraniens.
Israël n'a pas revendiqué ni démenti officiellement la responsabilité de ce raid mais s'attend depuis à une riposte du Hezbollah et a considérablement renforcé ses moyens militaires. Des batteries du système antimissiles "dôme de fer" ont été mises en place. Six canons de 155 mm israéliens étaient ainsi postés à quelques centaines de mètres de la ligne mercredi matin, a constaté un photographe de l'AFP.
L'Iran a, en outre, fait passer aux Etats-Unis le message que leurs alliés israéliens avaient franchi la ligne rouge et devaient s'attendre à "subir les conséquences de leurs actes". Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, doit s'exprimer vendredi pour la première fois sur le raid attribué à Israël.
L'attaque à la frontière libanaise intervient également alors que l'armée a envoyé mercredi des soldats examiner la zone du village de Za'rit, à la frontière avec le Liban, après que les habitants se sont plaints de bruits suspects leur laissant supposer la construction de tunnels par le Hezbollah, présent de l'autre côté de la frontière. "L'armée est sur place suite aux inquiétudes des habitants de Zar'it qui craignent que des tunnels ne soient creusés sous leurs maisons", a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'armée.
(Pour mémoire : Golan : "Nous ne nous attendions pas à ce que les tués aient une telle envergure", affirme une source israélienne)
Nouveaux raids israéliens sur le Golan
Enfin, l'armée de l'air israélienne a mené dans la nuit de mardi à mercredi des raids contre des positions de l'armée syrienne dans la région sous tension du plateau du Golan, a indiqué l'armée israélienne.
"Plus tôt aujourd'hui (mardi) des roquettes se sont abattues sur le Golan. En réponse, il y a peu de temps, l'armée israélienne a attaqué des bases d'artillerie de l'armée syrienne", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué diffusé aux premières heures de mercredi. "L'armée tient le gouvernement syrien pour responsable de toutes les attaques en provenance de son territoire et prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre les citoyens israéliens", a précisé le porte-parole de l'armée Peter Lerner.
Le ministre de la Défense israélien Moshé Yaalon a adressé une mise en garde directe au président syrien Bachar el-Assad. "Les attaques menées cette nuit par l'armée de l'air contre des cibles situées en territoire syrien sous le contrôle d'Assad sont un message clair que nous ne tolérerons aucun tir vers le territoire israélien, aucune violation de notre souveraineté et que nous réagirons avec force et détermination", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait déjà prévenu mardi soir qu'Israël était prêt à répondre "avec force" et que "ceux qui jouent avec le feu vont se brûler les doigts".
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui s'appuie sur un large réseau de sources en Syrie, les frappes ont touché deux bases de la province de Kuneïtra, où le Hezbollah est le fer de lance des opérations du régime syrien. Israël avait commencé par riposter avec son artillerie lorsque les roquettes, au moins deux, tirées depuis le Golan syrien se sont abattues mardi dans la zone du plateau occupée par Israël.
Les accrochages se sont multipliés avec l'extension du conflit syrien sur le Golan. La partie du Golan occupée par Israël est régulièrement frappée par des projectiles venus du côté syrien, où les combats font rage entre l'armée syrienne d'un côté et de l'autre les rebelles et des jihadistes. Il n'apparaît pas toujours clairement si les tirs sont intentionnels ou non. Mais l'armée israélienne a jugé que ceux de mardi étaient délibérés.
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commentaires (12)
Il faudra cesser les provocations de tout bord et oeuvrer pour la paix .
Sabbagha Antoine
08 h 10, le 01 février 2015