Belle brunette au sourire rayonnant, Jennifer s'enflamme quand elle exprime sa passion pour la mode qui remonte à son enfance. « Je griffonnais des croquis dès l'âge de cinq ans », se souvient-elle Mais pour son père, la mode n'est pas un métier d'avenir, tout au plus un hobby. Sous la pression paternelle, elle entame donc, avec succès, des études de psychologie clinicienne à l'USJ. Sans toutefois oublier ses anciennes amours. « Je choisissais comme matières optionnelles la psychologie du travail et du consommateur, sachant que j'y reviendrai un jour », précise-t-elle.
Lorsqu'elle évoque ses créations, ses yeux noirs pétillent de bonheur. « Je suis amoureuse de mon métier, j'adore ce que je fais actuellement. » Tout en relevant sans cesse une mèche rebelle, la jeune styliste explique : « Suite à mon diplôme en psychologie, j'ai commencé les stages et j'ai réalisé que c'est un métier que je ne pourrai jamais exercer. » Ce fut une prise de position radicale. « J'ai lancé alors un ultimatum à mon père : soit je m'inscris à Esmod, soit je me contente de rester à la maison, sans rien faire de ma vie. »
Mais Jennifer avait un allié de poids, sa mère, qui la soutenait inconditionnellement. Son père finit par céder. Elle suit alors un parcours accéléré de stylisme à l'école de mode avant de se spécialiser à l'Instituto Marangoni de Paris : « C'est une école italienne où j'ai étudié le business fashion », poursuit-elle.
De retour au Liban, elle suit un stage d'un mois chez Zouheir Mrad et commence à créer sa propre marque : « J'avais déjà le portfolio tout prêt, il m'a fallu quatre mois pour le réaliser et organiser le lancement. »
Une féministe convaincue
Pour Jennifer, ses créations révèlent une partie d'elle-même. « Je m'inspire particulièrement de mes lectures et de mon vécu, déclare-t-elle, et cela vient tout naturellement. » Elle essaye d'y insuffler sa vision particulière des choses et de la vie. « Je souligne le côté masculin/ féminin de mon modèle, une femme de pouvoir qui s'assume complètement. » Cela donne une collection moderne, un peu extravagante et qui se démarque des modèles des créateurs libanais traditionnels. « Je ne me contente pas de dessiner des décolletés plongeant, ma collection est du prêt-à-porter sur mesure, de style plutôt européen. »
Actuellement en formation en management de luxe à l'Esa, Jennifer aimerait ouvrir sa propre boutique mais pas dans l'immédiat : « C'est un pari assez risqué pour le moment, j'en suis consciente, je mettrai mes créations en consignation dans une boutique avec d'autres créateurs libanais. » Mais elle est certaine qu'elle le fera bientôt.
Pour le moment, elle se concentre sur sa nouvelle collection printemps/été 2015.
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