Les forces d'élite françaises ont abattu hier les deux jihadistes accusés du massacre de Charlie Hebdo ainsi que l'auteur d'une prise d'otages dans un supermarché juif à Paris où les corps de quatre personnes ont été retrouvés à l'issue de l'assaut.
En effet, peu avant 16h00, les unités d'élite de la gendarmerie ont abattu au nord-est de Paris les jihadistes Saïd et Chérif Kouachi qui sortaient, en leur tirant dessus, de l'imprimerie où ils s'étaient retranchés avec un otage. Un membre des forces de l'ordre a été blessé dans l'opération, a-t-on appris de sources sécuritaires. Quasi simultanément, un assaut a été donné contre un supermarché juif dans l'Est parisien où un homme avait pris plusieurs personnes en otage, ont constaté des journalistes de l'AFP. Deux personnes avaient été tuées dans la fusillade qui s'était produite au début de cette prise d'otages peu après 12h00 GMT. Après plusieurs détonations, des policiers ont pénétré dans le magasin. Au moins cinq otages sont sortis peu après, protégés par des policiers.
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Concernant le premier assaut, l'otage de l'imprimerie du nord-est de Paris n'avait en fait pas « été repéré » par les auteurs présumés de l'attentat de Charlie Hebdo. « Dès l'arrivée des deux suspects, vers 09h30, l'employé de 26 ans, Lilian, s'est réfugié au premier étage de l'imprimerie et n'a jamais vu les deux frères. C'était un otage par destination », a expliqué cette source. « Il a pu donner par SMS des éléments tactiques, comme sa position à l'intérieur des locaux, à la cellule négociation » du GIGN (Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale), l'unité d'élite chargée de l'opération. « Il a également pu entendre les deux suspects parler. » Ce contact « a permis de le rassurer et de lui donner la conduite à tenir pour le plan d'assaut », a expliqué la source. « Il communiquait également par texto avec un membre de sa famille », a expliqué une autre source proche du dossier.
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Les négociateurs de la gendarmerie ont tenté à plusieurs reprises d'entrer en contact avec les frères Kouachi en appelant notamment sur les lignes téléphoniques de l'entreprise, mais les deux hommes n'ont jamais répondu. « Toutefois, ils ont écouté tous les messages laissés par les négociateurs », a encore expliqué cette source. Au final, le graphiste de l'imprimerie, indemne, a été pris en charge par les gendarmes et amené au quartier général. Il a retrouvé sa famille « assez rapidement » après l'assaut, a expliqué une autre source proche du dossier, qui assure que le jeune homme « va bien » mais est « choqué ».
« Il a demandé à ses potes d'aller attaquer différentes cibles »
Concernant la deuxième intervention, le preneur d'otages, Amedy Coulibaly, a été tué par les forces de l'ordre. Outre Coulibaly, les quatre morts sont des otages, probablement tués lors d'une fusillade au début de la prise d'otages, selon des sources proches du dossier. Quatre personnes ont en outre été grièvement blessées. De plus, Coulibaly a appelé des proches pour leur demander d'attaquer des cibles. « Il a demandé à ses potes d'aller attaquer différentes cibles, et notamment des commissariats de banlieue parisienne », a assuré cette source. Selon elle, Coulibaly disposait par ailleurs avec lui de « pas mal d'explosifs » et a également tenté de piéger une des portes du magasin, « mais il n'avait pas relié les explosifs ». Sa compagne, Hayat Boumeddiene, était toujours recherchée hier soir dans l'enquête sur la fusillade mortelle survenue la veille au sud de la capitale. Ce dénouement met fin à trois jours d'une vaste traque après l'attaque aux cris d' « Allah Akbar » contre le siège de l'hebdomadaire satirique Charlie hebdo mercredi à Paris qui a fait douze morts, dont huit membres de l'équipe, et onze blessés. Cet attentat, le plus meurtrier en France, a provoqué une onde de choc dans le monde entier.
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Situation sans précédent
« Une immense tristesse pour tous ceux qui ont perdu la vie et des remerciements du fond du cœur aux forces de l'ordre qui sont intervenues avec une maîtrise et un sang-froid qui font leur honneur », a affirmé à la presse le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. De son côté, le président américain Barack Obama a affiché avec force la solidarité des États-Unis envers la France, mettant en avant leurs « valeurs universelles » communes comme la liberté. M. Obama a aussi noté que si « la menace immédiate » semblait écartée, le gouvernement français devait « rester vigilant ».
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Les autorités françaises ont été confrontées à une situation sans précédent dans l'histoire moderne du pays : deux prises d'otages à 50 km de distance perpétrées par des personnes lourdement armées et déterminées, dernier acte d'une tragédie entamée mercredi avec l'attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo. Le quartier près de la supérette avait été complètement bouclé et tous les occupants des immeubles avoisinants avaient été priés de rester dans les bâtiments. Les écoliers avaient été confinés dans leurs établissements.
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commentaires (3)
LORSQUE LES LOUPS ENSANGLANTENT LA BERGERIE... LE BERGER EST À BLÂMER !!! NETTOYER LA BERGERIE !
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 19, le 10 janvier 2015