Un responsable jihadiste menace de s'en prendre aux femmes et enfants des soldats libanais

Anas Charkas, connu sous le nom d'Abou Ali al-Chichani, a menacé dans une vidéo diffusée vendredi de kidnapper les femmes et les enfants des soldats libanais jusqu'à ce que les autorités libanaises libèrent son épouse et ses deux enfants.

Mardi, l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) avait annoncé l'arrestation à Zghorta, par les services de renseignements de l'armée, de "l'une des femmes et du beau-frère du commandant du Front al-Nosra, Anas Charkas". Une source militaire avait précisé que ce dernier est directement lié au dossier des militaires enlevés depuis début août.

Abou Ali al-Chichani indique pour sa part que son épouse "Ola, a été arrêtée à Tripoli, ville de l'islam et des musulmans". "Où êtes-vous habitants de Tripoli ? Vous, sunnites, êtes les responsables", a-t-il déclaré. "Elle était dans une école à Tripoli, réfugiée comme toutes les autres femmes. Pourquoi la retiennent-ils ? En raison de son mari !", s'est insurgé Anas Charkas dans une vidéo de 14 minutes diffusée sur Youtube  et dans laquelle il apparaît entouré de deux hommes masqués. D'après lui, son épouse a été interpelée avec ses deux enfants, l'un de 4 ans et l'autre de 6 mois.

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"Ceci est un message à tous les Libanais : je vais bientôt agir, ma femme et mes enfants ont été arrêtés et je rendrai la pareille, j'emprisonnerai les femmes des +rawafed+ (infidèles, ndlr) et toutes les femmes et les enfants des militaires libanais", a menacé al-Chichani.  "Je n'aurai pas la conscience tranquille avant que ma femme et mes enfants ainsi que les femmes des musulmans ne sortent des prisons des infidèles", a-t-il dit à l'adresse des "adorateurs de Khomeyni" (le fondateur de la République islamique, ndlr).

"Je ne suis pas un leader du Front al-Nosra", a-t-il également indiqué avant de s'adresser au "calife" autoproclamé du groupe État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi. "Ordonne-moi ce que tu souhaites. Moi, mon épouse et mes enfants, nous nous sacrifierons pour toi", a-t-il dit.

Militaires enlevés

"Si ma femme ne sort pas dans un futur proche, vous pouvez toujours rêver de voir les militaires libérés sans négociations. Personnellement, je ne me mêlais pas du dossier, mais maintenant les choses ont complètement changé", a déclaré Anas Charkas. "Si ma femme ne sort pas, a-t-il martelé à trois reprises, les femmes et les enfants des soldats feront partie de notre projet, je m'en prendrai aux femmes et aux enfants des soldats".

"Si le médiateur qatari ne résout pas le problème rapidement il ne sera pas le bienvenu dans le jurd", a-t-il également dit. Ahmad Khatib, le médiateur syrien envoyé par le Qatar pour gérer le dossier des militaires libanais enlevés est revenu jeudi à Beyrouth sans se rendre à Ersal (Békaa). Le quotidien an-Nahar indique vendredi qu’il n’était pas clair si l’émissaire était toujours présent au Liban. Des sources ont affirmé au quotidien libanais qu’il se rendra aujourd’hui dans le Qalamoun d’autres ont affirmé qu’il a quitté Beyrouth dans la nuit du jeudi.  

Une trentaine de militaires sont maintenus en otage par le Front al-Nosra, branche syrienne d’el-Qaëda et l’EI depuis les combats à Ersal. Trois d'entre eux ont déjà été tués, dont deux par décapitation. Depuis la semaine dernière, le Front al-Nosra menace de mettre à mort le soldat Ali Bazzal, repoussant régulièrement son ultimatum.

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Saja al-Doulaïmi aurait financé al-Nosra 

L'arrestation d'une autre femme avait été annoncée mardi, il s'agirait de l'ex-femme d'Abou Bakr al-Baghdadi. Dans son édition de vendredi, le quotidien as-Safir rapporte que Saja al-Doulaïmi aurait été principalement chargée de financer le Front al-Nosra.

Des sources de sécurité ont indiqué mardi que Saja al-Doulaïmi avait été arrêtée avec un ou plusieurs enfants par l'armée libanaise il y a une dizaine de jours alors qu'elle entrait au Liban, en provenance de Syrie. Elle a été présentée par des responsables de la sécurité libanaise, interrogés par Reuters, comme étant l'une des épouses d'Abou Bakr al-Baghdadi. Une certaine confusion régnait mardi soir sur l'identité de cette femme. Puis mercredi, le ministère irakien de l'Intérieur a indiqué que la femme n'est pas l'épouse du "calife" de l'EI. Toutefois, le ministre libanais de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, a fait savoir mercredi soir que Saja al-Doulaïmi, était l'ancienne épouse de Baghdadi.

Suite aux interrogatoires, il s'avèrerait que la jeune femme aurait acheminé des fonds au groupe al-Nosra, notamment en provenance du Qatar.

Toujours selon as-Safir, al-Doulaïmi aurait précisé à ses gardiennes qu'elle était enceinte. Un test de grossesse aurait été effectué par la suite, confirmant ses propos. La détenue aurait toutefois refusé de dévoiler l'identité du père.

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