Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - Toufic HINDI

Confrontation planétaire entre l’imamat et le califat

Les musulmans comptent 1,5 milliard d'habitants dans le monde. 90 % sont sunnites et 10 % chiites. Cependant, la proportion des chiites au Moyen-Orient dépasse les 10 %.
Le conflit sunnito-chiite existe depuis l'aube de l'islam, son orbite étant la succession de Mohammad. L'histoire de l'islam est parsemée de schismes empreints de violences pratiquées au nom du jihad (guerre sainte).
Néanmoins, le pouvoir central fut très souvent concentré par les sunnites dans le cadre du califat.
Si les conflits sont restés dans le passé limités dans un espace géographique, aujourd'hui l'interconnexion entre pays, peuples et communautés a pour effet d'élargir l'embrasement à l'échelle planétaire.
Nonobstant la massive démographie musulmane, le monde musulman possède de nombreux facteurs de force, notamment d'importantes sources d'énergie, un potentiel économique et financier considérable. C'est pourquoi tout développement dans le monde musulman a ses répercussions dans le monde entier.
D'autre part, 80 % des chiites sont duodécimains. Ils se trouvent principalement en Iran, en Irak et au Liban. Ils considèrent que l'imam Mehdi (absent depuis près de mille ans mais bien vivant) est le guide suprême unique de la oumma (communauté des musulmans) et non des seuls chiites. En fait, il est le douzième imam de la descendance du quatrième calife, Ali ben Abi Taleb, cousin et gendre du Prophète.
Pour pallier la vacance de pouvoir due à l'absence du Mehdi, la République islamique d'Iran a adopté le concept du wilayat al-faqih, qui signifie la passation des pouvoirs du Mehdi au plus docte et au plus pieux des ulémas pour exercer le pouvoir suprême qui lui est dévolu par intérim, car « Dieu ne voudrait pas que la oumma reste sans guide ».
Ainsi, il est clair que les pouvoirs du faqih sont absolus et que, du coup, modération et réformisme n'existent pas dans le lexique du système politique iranien. La « révolution verte » contre Ahmadinejad ? Un mirage ! Le président Rohani ? Un mollah souriant, qui pratique la souplesse jusqu'à la limite qui lui est assignée par le faqih et dans le cadre de l'intérêt de la République islamique d'Iran, défini uniquement par le guide suprême.
Le premier guide suprême fut Khomeiny, le second est Khamenei.
Remarquons que la République islamique iranienne a deux facettes, l'une islamique et l'autre persane (héritage de la civilisation et de la subtilité dans l'exercice du pouvoir de l'Empire perse). Il est clair que la seconde est au service de la première et non le contraire.
La dénomination de l'État iranien est une des expressions de cette vérité. On dit « République islamique iranienne » et non « République iranienne islamique ». Elle est tout d'abord islamique et ensuite iranienne !
Ainsi, l'islam en Iran est appelé à s'étendre au monde entier suivant trois cercles concentriques : le premier englobe les pays à forte concentration chiite, le second les pays à majorité musulmane, le troisième concerne le reste du monde.
Le jihadisme de l'Iran est concrétisé par sa politique officielle d'exportation de la révolution dont la responsabilité incombe à la Brigade al-Qods (Jérusalem), commandée par Kassem Suleimani.
À l'opposé, l'Occident adopte une approche totalement erronée dans sa façon de traiter avec l'Iran en donnant la priorité à la facette persane pragmatique, sous-estimant ainsi sa facette islamique qui en fait une entité islamique jihadiste par excellence.
Dans l'histoire moderne, la révolution islamique conduite par Khomeiny a provoqué la chute du chah, en février 1979, et a donné naissance à la République islamique d'Iran.
L'Amérique appuyait alors les jihadistes en lutte contre l'Union soviétique en Afghanistan, dans le cadre de la guerre froide, mettant à profit la contradiction islam-communisme. L'Arabie saoudite, le Pakistan et la Chine ont aussi prêté main-forte aux jihadistes. Conséquences : Oussama Ben Laden crée el-Qaëda et plusieurs années plus tard Abou Bakr el-Baghdadi établit l'État islamique et s'autoproclame calife.
Un séisme au Moyen-Orient qui pourrait balayer États, régimes et peuples.
La contradiction principale qui détermine la dynamique de la situation au Moyen-Orient et son sort réside entre l'imamat chiite (wilayat el-faqih et le jihadisme chiite) et le califat sunnite à la mode d'el-Qaëda daéchiste, et pratiquement entre la République islamique d'Iran et l'État islamique.
La différence entre la République et l'État est que la première lance son jihad à partir de l'Iran en direction du monde entier et que le second prend son envol de la Syrie et de l'Irak.
Cet exposé conduit aux remarques suivantes :
1) Il existe une relation dialectique entre la République et l'État dans ce sens que l'existence de l'un sur les terrains de confrontation, légitime l'existence de l'autre et l'exacerbation de leurs conflits radicalisent leurs bases populaires.
2) L'évolution de leurs conflits embarrasse les modérés sunnites et chiites et les marginalisent.
3) Il est faux que la guerre entre la République et l'État les affaiblit à l'avantage des musulmans modérés ou l'Occident ou la Russie ou toute autre entité non musulmane. Le contraire est vrai. Ils ont la capacité extraordinaire de faire la guerre aux tiers tout en se faisant un guerre sans merci.
4) Il est totalement erroné d'impliquer la République dans la guerre contre l'État, même via « une coordination officieuse ou des recoupements de positions et d'actes » avec elle. Cela, loin d'affaiblir l'État, le renforce, affaiblit les modérés musulmans et sème la discorde entre l'Occident et ses alliés.
5) La solution réside dans la mise en œuvre d'une stratégie de confrontation simultanée de la République et de l'État (la confrontation ne signifiant pas nécessairement la guerre militaire),
6) La mollesse de la réaction internationale dans la confrontation entre la République et l'État mènera inexorablement à une guerre mondiale entre eux et contre les tiers.

Toufic HINDI

Les musulmans comptent 1,5 milliard d'habitants dans le monde. 90 % sont sunnites et 10 % chiites. Cependant, la proportion des chiites au Moyen-Orient dépasse les 10 %.Le conflit sunnito-chiite existe depuis l'aube de l'islam, son orbite étant la succession de Mohammad. L'histoire de l'islam est parsemée de schismes empreints de violences pratiquées au nom du jihad (guerre...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut