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Campus - Campus-Liban

Littéraire, scientifique, artistique, ou... Quelle filière ?

Katia Abi Gergès.

Dès la première année de lycée, la question de l'orientation universitaire et professionnelle se pose pour les jeunes et leurs parents. Secteurs sanitaire et social, filières littéraire ou artistique, les choix d'études sont, pour certains, cornéliens. Si quelques élèves savent très tôt ce qu'ils veulent faire de leur vie, d'autres – plus nombreux et souvent moins brillants – hésitent longtemps avant de se fixer sur un choix. Pour en savoir davantage sur les ressources d'orientation de la nouvelle génération d'étudiants libanais, Campus est parti à la rencontre de jeunes âgés de 18 à 28 ans qui évoquent leur parcours et les différents facteurs qui sont entrés en ligne de compte dans leur choix de formation.
Un parcours en solitaire
Léa, en première année d'études de finance à la LAU, explique que son école s'est investie dans l'orientation de ses élèves. « Depuis notre entrée au secondaire, mes camarades et moi avons passé plusieurs tests conçus par des professionnels de l'orientation et, en terminale, nous avons rencontré un conseiller de l'orientation. De plus, je n'ai pas hésité à poser des questions à mon entourage. Tout cela m'a réconfortée dans mon choix d'études. » Ramy, en première année d'études de gestion à l'UL, tient un discours différent. « Alors que mes camarades et moi avions besoin d'un accompagnement renforcé dans cette étape charnière de notre vie, nous nous sommes retrouvés livrés à nous-mêmes. Nous avons eu l'occasion de discuter de nos projets avec nos professeurs, mais j'estime que ce n'était pas suffisant. Ces derniers sont peut-être bien placés pour juger notre niveau, mais ils ne sont pas des spécialistes de l'orientation et ne peuvent pas nous renseigner comme il le faut. »
À l'instar de Ramy, plus de deux tiers des étudiants interrogés jugent ne pas avoir été assez accompagnés dans leur parcours d'orientation postbaccalauréat. À en croire ces jeunes, certaines écoles oublient qu'il est de leur responsabilité de fournir aux élèves des outils d'aide pour mieux les préparer à choisir leurs études supérieures : leur faire passer des tests, organiser des journées d'information, mettre à leur disposition un conseiller de l'orientation, etc.
« Attirée par la vente et l'univers de la mode et du luxe, j'ai dû compter sur moi-même pour choisir les études qui me correspondent. J'ai posé plein de questions aux gens autour de moi, j'ai fait des recherches sur Internet, je me suis nourrie d'échanges avec des professionnels. S'orienter est finalement une démarche personnelle, personne ne peut le faire à votre place », note Stéphanie, en troisième année d'études de publicité et vente à l'USJ. Épaulés par leurs parents, nombreux sont les jeunes qui, pour avoir les renseignements dont ils ont besoin, entrent en contact avec des étudiants, des conseillers et des professionnels. D'autres, plus passifs, opèrent un choix au dernier moment. Aussi n'est-il pas rare de voir quelques-uns s'engager dans une voie qui n'est pas la leur.

Différents facteurs entrent en jeu
Le choix d'études d'un futur étudiant dépend évidemment de ses goûts mais aussi de son degré de réussite scolaire, de ses objectifs personnels et professionnels, et même de la situation financière de ses parents. Les débouchés professionnels sont aujourd'hui souvent évoqués par un étudiant pour justifier son orientation. De plus en plus de jeunes ne se laissent plus guider par leurs envies et préfèrent opter pour une stratégie gagnante, un parcours académique apte à leur garantir une insertion professionnelle. Les filières économique et commerciale ont la cote auprès de la nouvelle génération. Tracy, 21 ans, étudiante à l'USJ, explique : « Je voulais suivre des études de management hôtelier, mais j'ai opté pour un cursus de vente à cause de la demande sur le marché du travail. J'avoue que l'aspect théorique des cours m'intéressait peu, j'étais même tentée de changer de spécialisation à la fin de ma première année, mais je n'ai pas eu le courage de le faire. » Léa, 18 ans, précise : « En choisissant un cursus de finance, je suis certaine de pouvoir trouver un bon job. C'est la promesse d'une insertion réussie qui m'a poussée à prendre cette voie. »
Aujourd'hui, certaines spécialisations sont moins valorisées que d'autres, professionnellement et socialement, comme les filières des arts et des sciences humaines. Philosophie, lettres, géographie, théâtre, les jeunes inscrits par intérêt pour ces disciplines forment une minorité, il suffit de le vérifier auprès des différents campus universitaires. Ces étudiants souffrent souvent des idées préconçues de leur entourage et risquent parfois de ne pas trouver un travail à la hauteur de leurs attentes. C'est ainsi que Yara, 28 ans, élève brillante au lycée, a choisi de suivre des études de génie informatique : « J'ai mis de côté mon amour des langues vivantes pour suivre un cursus scientifique. J'ai payé cher cette décision. J'étais une étudiante malheureuse et démotivée, mais cela ne m'a pas empêchée d'avoir mon diplôme. À 25 ans, j'ai enfin décidé de réaliser mon souhait : obtenir une licence en traduction. »
Si une majorité d'étudiants se déclarent globalement satisfaits de leur choix initial de filière, un jeune qui s'est engagé dans une voie peut, à la fin de ses études ou en cours d'année, vouloir s'orienter vers d'autres études. Katia, 25 ans, a décidé elle aussi d'avoir une double licence. « C'est seulement au cours de mon cursus en nutrition à l'USJ, après avoir effectué mes premiers stages, que je m'étais rendu compte que mes études ne me permettraient pas d'exercer un job qui me passionne. C'était une véritable remise en question. » Après un séjour à l'étranger, elle prend la décision de suivre des études de traduction à l'UL. Aujourd'hui, ces deux jeunes femmes, qui se disent enfin épanouies, confient toutes les deux gagner convenablement leur vie et être fières d'avoir eu le courage de changer de cap.

Sources d'orientation insuffisantes
Ce que les étudiants interrogés notent à l'unanimité, c'est que les sources d'orientation universitaire et professionnelle mises à la disposition des jeunes ne sont pas suffisantes. « Il est important d'être encadré afin de pouvoir identifier ses désirs personnels et professionnels », lance Yara. Et Katia : « Je ressens, comme beaucoup d'étudiants de ma promotion, que je n'ai pas bénéficié d'un système d'accompagnement pour faciliter ma réflexion sur mon choix de carrière. Je me suis rendu compte trop tard, en prenant conscience des réalités du marché du travail, que mon premier choix d'études ne correspondait pas à mes ambitions professionnelles. »
En attendant des dispositifs qui devraient aider l'étudiant à mieux s'orienter et à préparer davantage son devenir, il est primordial que les jeunes soient un minimum renseignés sur les différents débouchés professionnels relatifs à leurs études et qu'ils prennent conscience de l'importance du choix d'un cursus répondant à leurs aspirations au lieu de se focaliser uniquement sur les besoins du marché du travail.

Carole AWIT

 

Dès la première année de lycée, la question de l'orientation universitaire et professionnelle se pose pour les jeunes et leurs parents. Secteurs sanitaire et social, filières littéraire ou artistique, les choix d'études sont, pour certains, cornéliens. Si quelques élèves savent très tôt ce qu'ils veulent faire de leur vie, d'autres – plus nombreux et souvent moins brillants –...

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