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À La Une - Syrie

Après une journée de violents bombardements, la coalition vise l'EI à Aïn al-Arab

L'exécution de Henning par les jihadistes suscite l'indignation de la communauté internationale.

 

 

Des soldats turcs près du poste-frontière de Mursitpinar, donnant sur la ville syrienne de Aïn al-Arab, d'où une fumée s'échappe. REUTERS/Murad Sezer

Des frappes de la coalition ont visé dans la nuit de vendredi à samedi des secteurs au sud d'une ville kurde assiégée dans le nord de la Syrie par le groupe Etat islamique (EI), qui a revendiqué la décapitation d'un otage britannique.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les coalisés ont frappé au moins quatre zones sur les fronts sud et sud-est à l'extérieur de Aïn al-Arab (Kobané en kurde), la troisième ville kurde de Syrie, frontalière de la Turquie. Ces frappes sont intervenues après la pire journée de bombardement sur Aïn al-Arab depuis le début de l'assaut jihadiste sur la région le 16 septembre, selon l'OSDH, qui a parlé d'au moins 80 obus de mortier tirés sur la ville.
"Les bombardements se calment habituellement avec la nuit car (l'Etat islamique) craint d'être repéré par les avions de chasse mais la nuit dernière, ils ont continué leurs bombardements intensifs et ont tenté d'entrer" dans la ville, a indiqué à Reuters Parwer Mohammed Ali, un traducteur de l'Union démocratique du Kurdistan (UDK) présent à l'intérieur de la ville.
Un certain calme était revenu samedi, même si des tirs sporadiques à l'arme lourde retentissaient encore à l'est de Aïn al-Arab, a rapporté un journaliste de Reuters. Du poste-frontière turc de Mursitpinar tout proche, une journaliste de l'AFP pouvait voir de nouveaux bombardements sur la ville.

 

La prise de la ville permettrait au groupe extrémiste de contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire frontalière de la Turquie.

Environ 180.000 personnes ont gagné la Turquie pour fuir cette offensive alors que les combattants de l'EI ont juré de prier dans les mosquées de la ville à l'occasion de la fête musulmane de l'Aïd el-Adha, qui a débuté ce samedi.

 

(Lire aussi : Alan Henning, un chauffeur de taxi touché par les enfants syriens, décapité par les jihadistes)

 

Aïn al-Arab sous les bombes

La gendarmerie turque a fait partir des civils qui observaient la situation à Aïn al-Arab depuis une colline. Des soldats se sont déployés sur les collines, certains dirigeant leur fusil vers la ville syrienne, d'autres scrutant l'horizon avec des jumelles.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs menacé de représailles si l'EI attaquait le tombeau d'un dignitaire ottoman situé à 25 kilomètres à l'intérieur du territoire syrien, sous souveraineté turque. Le Parlement turc a voté jeudi une motion du gouvernement d'Ankara qui autorise son armée à intervenir en Syrie et en Irak contre l'EI et à accueillir sur son territoire des troupes étrangères qui participeraient à une opération militaire. Les autorités turques n'ont toutefois jamais clairement dévoilé leurs intentions, notamment sur leur éventuelle participation à des opérations militaires.

 

(Lire aussi : Erdogan : "Si M. Biden a utilisé de tels propos, il deviendra quelqu'un du passé pour moi")

 

'Nouveau message à l'Amérique'

L'EI, qui sème la terreur dans les zones sous son contrôle, a par ailleurs annoncé vendredi dans une vidéo la décapitation du travailleur humanitaire Alan Henning en riposte aux frappes britanniques en Irak. Ce chauffeur de taxi volontaire pour transporter de l'aide en Syrie est le quatrième d'un otage occidental exécuté par le groupe ultra-radical en moins de deux mois. La vidéo de l'exécution, intitulée "un nouveau message à l'Amérique et à ses alliés", a été réalisée selon le même scénario que lors des exécutions de deux Américains et d'un Britannique. A la fin de cette courte séquence, l'EI présente un autre otage américain, Peter Kassig, et menace d'en faire sa prochaine victime.

Les Etats-Unis, qui ont lancé des frappes en Syrie le 23 septembre, mènent également des raids aériens en Irak contre le groupe radical depuis le 8 août. Outre la Grande-Bretagne, la France participe aux raids dans ce pays, et des avions de combat néerlandais pourraient commencer leurs opérations "dès ce week-end" selon La Haye.

 

L'exécution de Henning  a suscité l'indignation de la communauté internationale, Londres qualifiant l'EI de groupe "barbare". Condamnant un meurtre "brutal", Washington a promis "de continuer à prendre des actions décisives pour affaiblir et à terme détruire l'EI", aux côtés des pays de la coalition qui mène des raids aériens contre ses positions en Syrie et en Irak.

 

En Syrie et en Irak

La montée en puissance de l'EI en Syrie, où le groupe contrôle de larges secteurs dans le nord et l'est, a éclipsé la guerre entre le régime de Bachar el-Assad et les rebelles, qui se battent par ailleurs tous deux contre les jihadistes. Au premier jour de l'Aïd al-Adha, la grande fête des musulmans, le président Assad, dont les apparitions publiques sont rares, a participé à la prière à la mosquée Nouaman ben Bachir, à Damas, selon l'agence officielle Sana. Le compte Twitter de la présidence a publié des photos de Bachar el-Assad priant aux côtés de dignitaires religieux et de membres de son gouvernement. Dans son sermon, Adnan Afyouni, le plus haut responsable religieux de Damas, a critiqué "l'Ouest et ses collaborateurs arabes" pour avoir "décidé de faire de notre pays un champ de bataille".

 

(Lire aussi : Un "jihadiste de retour du Liban" voulait frapper la France)

 

En Irak, les forces fédérales irakiennes, des tribus sunnites et des milices chiites ont repris vendredi une grande partie de Dhoulouiya, au nord de Bagdad, à l'EI, dans l'un des succès les plus significatifs dans la guerre contre les jihadistes. La tribu sunnite Joubour, alliée du gouvernement, résistait depuis juin aux attaques incessantes des jihadistes. "Il y a encore de petits affrontements (...) Nous porterons le dernier coup demain", avait indiqué vendredi soir à l'AFP Moustafa Nadhom, un combattant qui parlait au téléphone depuis la ligne de front. Selon un officier de police local, environ 80% de la ville est aux mains des forces pro-gouvernementales.

 

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