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Nos Lecteurs ont la Parole - Rolla AOUN

De mon temps

Elle disait à chaque fois d'un ton nostalgique : de mon temps... Et moi je souriais en cachette pour ne pas la blesser.
De mon temps, les choses ne se passaient pas comme ça !
Les jeunes se levaient quand un vieillard entrait, les enfants n'interrompaient pas leurs parents.
De mon temps, on savait prendre son temps. Chaque événement avait sa valeur. Les protocoles, les tenues vestimentaires... tout était clair. Les discussions se faisaient face à face. Les messages, les invitations ou autres étaient soigneusement rédigés à la main et beaucoup les conservaient par la suite, précieusement dans une jolie boîte. On ne risquait pas de recevoir un faire-part de décès de manière désinvolte sur WhatsApp ou Facebook. La mort était encore sacrée.
De mon temps, ne vous en déplaise, on respectait la vie privée des autres, pas d'appels téléphoniques par exemple tôt le matin ou alors après le dîner, sauf en cas d'urgence. On savait patienter, attendre. On n'était pas continuellement pressés, surmenés, stressés, envoyant mille messages et photos à la minute, prenant connaissance à l'instant même de nouvelles relatives à des personnes qu'on connaît à peine ou alors pas du tout et ignorant tout de nos proches.
Quand j'étais jeune, on nous apprenait à l'école le sens sacré du mot patrie, seul endroit au monde où on pouvait marcher la tête haute, fiers d´accomplir nos devoirs et forts de nos droits. Devoir de ne pas enfreindre les lois et droits à la liberté d´opinion, de religion, d'expression dans le respect de l'autre. Droit de voter librement, droit à l'éducation pour tous, droit au travail « fondement de la dignité de l'homme ».
De mon temps, et pour finir, les vrais amis se comptaient tout au plus sur les doigts d'une seule main. C'était des amis d'enfance, avec qui on partageait les joies et les peines. Des amis fidèles, ayant la même échelle de valeurs que nous. Des amis pour la vie, pas comme ces milliers d'amis virtuels auxquels vous faites add ou delete chaque jour, au gré de votre humeur.
C'est vrai, grand-mère, les temps ont changé, mais que veux-tu, c'est le progrès, il faut vivre avec. Regarde par exemple ces touches que tu sembles tellement mépriser. Elles sont si faciles à manipuler. C´est comme de la magie : j'appuie sur delete et hop ! Il a disparu, ce passé dont tu parles (et que tu enjolives quand même). Plus de regrets, Il n'a jamais existé. Comment ? Je n'entends pas, hausse un peu la voix, ou alors envoie moi un WhatsApp, s'il te plaît !
« Quand allez-vous presser la touche delete pour l'avenir ? »
De l´humour d'outre-tombe !
Je souris encore. Cette fois-ci pour ne pas pleurer...

Elle disait à chaque fois d'un ton nostalgique : de mon temps... Et moi je souriais en cachette pour ne pas la blesser.De mon temps, les choses ne se passaient pas comme ça !Les jeunes se levaient quand un vieillard entrait, les enfants n'interrompaient pas leurs parents.De mon temps, on savait prendre son temps. Chaque événement avait sa valeur. Les protocoles, les tenues vestimentaires......

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