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À La Une - Liban

La fragile trêve de Ersal prolongée de 24 heures

Trois soldats de l'armée libérés ; début du retrait des miliciens au-delà de la frontière libanaise.

La famille de l'officier Dany Harb tué dans les combats à Ersal lors de ses funérailles, mercredi, à Beyrouth. AFP PHOTO/JOSEPH EID

Le comité des ulémas musulmans a annoncé mercredi être parvenu à un accord entre l'armée et les jihadistes à Ersal, une ville sunnite frontalière de la Syrie. Cet accord consiste à la libération de tous les militaires encore détenus par les jihadistes et au retrait dans les 24 heures des miliciens de la ville de Ersal. L'accord comprend en outre une prolongation de la trêve jusqu'à jeudi à 19h, soit 24 heures supplémentaires.

"Le cessez-le-feu a été prolongé jusqu'à jeudi 19h00 à la suite d'un accord conclu entre le Premier ministre libanais, le commandement de l'armée et toutes les parties concernées. Les combattants présents à Ersal ont commencé à se diriger au-delà de la frontière libanaise", a déclaré à la presse le négociateur cheikh Hossam al-Ghali, en quittant la localité.
"Nous ne connaissons pas leur nombre et nous n'avons pas les moyens de vérifier mais le reste des hommes armés s'est engagé à se retirer totalement de Ersal dans les 24 heures. Ils ont demandé à ne pas être la cible de tirs durant leur retrait et si c'était le cas cela remettrait en cause toute la négociation", a ajouté l'autre négociateur Samih Ezzedine.

Néanmoins, des combats et des bombardements intermittents de l'armée libanaise ont repris dans la soirée, selon des sources locales et de sécurité. On ignorait pour le moment si cela signifiait la fin de la trêve humanitaire.

La délégation a également confirmé que trois soldats ont été libérés aujourd'hui, ajoutant qu'elle entamera de nouvelles négociations avec les takfiristes en vue de libérer les autres détenus, 19 militaires et 17 policiers. "Tous les prisonniers sont vivants et si les négociations sont difficiles, il y a des promesses claires et positives des groupes à Ersal pour leur libération et j'espère que cela sera réglé jeudi", a précisé cheikh Ezzedine. En contrepartie, aucune poursuite ne pourra viser "les civils syriens et libanais, nous nous sommes engagés sur ce point auprès des combattants. C'est une ligne rouge", a expliqué cheikh Ghali.

Lundi soir, le convoi de la délégation des ulémas avait essuyé des coups de feu à l'entrée de Ersal, blessant plusieurs membres, dont cheikh Salem Rafeï. La délégation était toutefois parvenue à obtenir, mardi, une trêve de 24 heures et la libération de trois membres (un sunnite, un druze et un chrétien) des Forces de sécurité intérieure (FSI) retenus par les jihadistes.

Cette première trêve humanitaire, en vigueur jusqu'à 19h mercredi, a été ponctuée parfois de tirs d'armes automatiques, tandis que l'armée a envoyé d'importants renforts autour de Ersal. 

"Il s'agit d'une trêve mais pas d'un cessez-le-feu. Chaque fois qu'ils tireront dans notre direction, nous riposterons et si nous voyons une cible, nous ne la raterons pas", a affirmé mercredi dans la journée à l'AFP une source militaire libanaise.

Les jihadistes se retirent
Selon un résident de Ersal interrogé par L'Orient-Le Jour, les jihadistes auraient commencé à se retirer, mardi soir, de la ville même, pour se redéployer dans le jurd. Il ne resterait donc qu'un petit groupe de jihadistes dans la ville même. Certains médias locaux ont fait de leur côté état d'un retrait total des takfiristes.

Selon le "mokhtar" Hassan Atrache, "les jihadistes du Front al-Nosra ont quitté la ville mais ceux de l'Etat islamique sont toujours présents".

Il semble que des hommes du Front al-Nosra (représentant d'el-Qaëda en Syrie) et de l'Etat islamique, sont engagés dans les combats contre l'armée, mais que les divergences d'avis et de méthodes entre les deux groupes ont souvent éclaté au grand jour. Mardi, une source salafiste proche des ulémas indiquait ainsi à L'Orient-Le Jour, qu'alors que les membres d'al-Nosra prennent part aux pourparlers et font montre de "flexibilité", ceux de Daech seraient sur une ligne beaucoup plus dure.

 

(Lire aussi : Les divergences entre Daech et al-Nosra ont fait capoter les médiations à Ersal)

 

Mercredi, des ambulances ont pénétré dans la ville et un véhicule militaire a évacué des habitants, selon le journaliste de l'AFP. En revanche, les habitants chiites de Laboué ont empêché dans l'après-midi un convoi d'aide de plusieurs véhicules d'entrer à Ersal.

Selon le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), 38 personnes ont été tuées et 268 ont été blessées dans les combats dans cette ville où sont recensés 35.000 habitants et 47.000 réfugiés.
"La majorité des hommes armés ont quitté la ville mais je vois encore de ma maison un poste de contrôle avec une vingtaine d'hommes armés. Les gens craignent que s'il n'y a pas d'accord aujourd'hui, il y aura une grande bataille à partir de jeudi", a affirmé à l'AFP un responsable de la ville joint par téléphone.
"Les gens sont chez eux et ne peuvent se déplacer. La nourriture pour l'instant ne manque pas", a-t-il ajouté.

Les habitants de Ersal cloîtrés chez eux
Le résident interrogé par L'Orient-Le Jour note que malgré le retrait de la plupart des jihadistes de la ville, les habitants de Ersal restent cloîtrés chez eux. Lui-même a été tenté de partir pour fuir les combats. Une option à laquelle il a toutefois renoncé, explique-t-il, car aussi bien l'armée que les jihadistes tiraient jusque-là sur tout ce qui bouge dans la ville.

 

(Lire aussi : De la place Sassine au Musée, élan de solidarité avec l'armée)

 

L'armée n'est toujours pas entrée dans la ville et reste toujours dans ses positions, notamment à l'Ecole technique de Ersal, précise la source, qui ajoute que de la ville, l'on entend toujours coups de feu et détonations provenant du jurd.

Aux alentours de 11h, l'armée a réussi à repousser une attaque des jihadistes contre ses postes dans la région de Aïn al-Chaab, à l'ouest de Ersal, infligeant de lourdes pertes dans les rangs des groupes armés, a rapporté l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Dix-sept militaires sont morts et 22 sont portés disparus depuis samedi dans ces combats contre ce que les autorités libanaises présentent comme des islamistes venus de Syrie. Les premières informations en provenance de l'intérieur même de la ville donnent à penser qu'il s'y trouve des dizaines de morts.

Les forces libanaises disent avoir découvert les cadavres de 50 hommes armés lundi au cours de leur progression, rapportent des sources proches des services de sécurité, tandis que d'autres sources dans la ville font état d'un nombre élevé de victimes parmi la population civile.

 

(Lire aussi : Ersal, « une ville fantôme que plus personne n’ose déserter sous la pluie d’obus »)

 

Ces affrontements ont débuté samedi, après l'arrestation d'Imad Ahmad Jomaa, présenté par certains comme affilié au Front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie, et par d'autres comme ayant prêté allégeance à l'Etat islamique. 

La stabilité du Liban est menacée par les répercussions sur son territoire du conflit en Syrie voisine, qui fragilise ses propres équilibres religieux.

Une source de sécurité à Damas a indiqué à l'AFP que l'armée syrienne continuait de son côté "à nettoyer les poches de terroristes qui se sont réfugiés dans les grottes et les caves entre la Syrie et le Liban". "Concernant ceux qui se sont enfuis au Liban, c'est à la partie libanaise d'y faire face", a-t-elle dit.

 

Un aide saoudienne "immédiate"
Sur un autre plan, l'ancien-Premier ministre libanais Saad Hariri, a annoncé mercredi depuis Jeddah que le roi Abdallah d'Arabie fournira aux forces armées libanaises une aide "immédiate" d'un milliard de dollars pour renforcer la sécurité du Liban.

"Je vais examiner avec le Premier ministre Tamam Salam, le gouvernement et les forces de l'ordre les programmes, les plans et les projets pour pourvoir aux besoins urgents de l'armée et contribuer directement à l'approvisionnement pour lutter contre le terrorisme", a-t-il expliqué.
"Il y aura les fonds nécessaires", a-t-il insisté. "Notre objectif est d'être transparents et d'agir aussi rapidement que possible. Le roi veut qu'on agisse vite notamment en matière de munitions".

Fin décembre, Riyad s'était engagé à octroyer trois milliards de dollars à l'armée libanaise afin que celle-ci, faiblement équipée, puisse se procurer des armes françaises. Depuis, les discussions se sont enlisées sur l'établissement de la liste de matériel. A la mi-juin, lors d'une conférence à Rome, "la communauté internationale avait assuré de son soutien les forces armées libanaises" et lui avait promis une formation "pour mieux lutter contre le terrorisme et les conséquences de la crise en Syrie".

Mardi, le Liban avait fait part de son mécontentement devant le retard pris par la France dans les livraisons d'armes. Le ministère français des Affaires étrangères a déclaré que son pays était prêt à "répondre rapidement aux besoins du Liban" après un appel lancé par le chef de l'armée libanaise, le général Jean Kahwagi, en faveur de livraisons d'armes françaises.

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, est revenu à la charge mercredi: "Nous avons besoin d'une aide immédiate car nous sommes engagés dans la bataille". 

De source militaire indépendante à Paris, on a toutefois indiqué à L'Orient-Le Jour, que le montant de 500 millions de dollars aurait été évoqué comme étant une exigence pour que le deal franco-saoudien soit concrétisé... Reste à savoir qui a demandé à qui et quelles sont les parts...

 

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Le comité des ulémas musulmans a annoncé mercredi être parvenu à un accord entre l'armée et les jihadistes à Ersal, une ville sunnite frontalière de la Syrie. Cet accord consiste à la libération de tous les militaires encore détenus par les jihadistes et au retrait dans les 24 heures des miliciens de la ville de Ersal. L'accord comprend en outre une prolongation de la trêve...

commentaires (1)

Puree! Lorsque des Ulemas s'en mele, c est foutu!!

IMB a SPO

13 h 56, le 06 août 2014

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Commentaires (1)

  • Puree! Lorsque des Ulemas s'en mele, c est foutu!!

    IMB a SPO

    13 h 56, le 06 août 2014

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