Une lueur d’espoir venait à peine de poindre hier en soirée avec la promesse d’une trêve à Ersal qu’elle devait voler en éclats quelques heures plus tard avec la reprise des affrontements. Photo Wissam Ismaïl
Les interrogations sur la livraison d'armes françaises au Liban en vertu de l'accord franco-saoudien s'intensifient, notamment après le vif mécontentement du commandant en chef de l'armée Jean Kahwagi (voir ci-dessous) et l'envoi à l'Élysée, à Matignon et à d'autres ministères concernés d'une question écrite du député Gérard Bapt. D'autres parlementaires et responsables français amis du Liban s'apprêtent d'ailleurs à exercer des pressions sur le gouvernement pour qu'il explique les raisons de ces atermoiements.
D'autant que, dans sa réponse pour le moins évasive à un journaliste, le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay déclarait hier : « La France est pleinement engagée dans l'appui à l'armée libanaise, pilier de la stabilité et de l'unité du Liban. Elle a été à l'initiative du Groupe international de soutien au Liban, dont l'un des trois volets porte sur le renforcement des capacités militaires du Liban. Nous sommes en contact étroit avec nos partenaires pour répondre rapidement aux besoins du Liban. » Une réponse qui ne dit pas quand le fameux accord franco-saoudien sur l'aide militaire au Liban connaîtra un début d'application.
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Évoquée plus d'une fois ces dernières semaines lors de contacts entre journalistes, d'une part, et des personnalités proches de l'Élysée, de Matignon, du Quai d'Orsay et du ministère de la Défense, de l'autre, cette question d'aide militaire franco-saoudienne a suscité au cours de ces derniers mois des arguments tels que : « Certains matériels n'existent pas en stock », ou alors : « Certaines armes sophistiquées nécessitent une formation de personnel militaire, et cela demande plusieurs mois »...
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Soutien exceptionnel
L'Arabie saoudite a abondé dans le même sens, mais d'une façon beaucoup plus solennelle et officielle puisque c'est le roi Abdallah en personne qui a téléphoné à l'ancien président libanais Michel Sleiman pour souligner sa « volonté d'accélérer l'application du soutien exceptionnel à l'armée libanaise ».
Il n'en reste pas moins que la cause principale de ces retards pourrait être l'annonce par les autorités saoudiennes, lors du dernier voyage de François Hollande à Riyad, que s'il y avait le moindre soupçon de paiement de commissions sur la contribution saoudienne de trois milliards de dollars, le royaume se libérerait immédiatement de ses engagements.
Y aurait-il eu dernièrement des tentatives d'obtention de commissions ? De source militaire indépendante à Paris, on indique que le montant de 500 millions de dollars aurait été évoqué comme étant une exigence pour que le deal franco-saoudien soit concrétisé... Reste à savoir qui a demandé à qui et quelles sont les parts...
On peut se douter entretemps que c'est là une raison majeure du retard dans cette aide à une armée qui est engagée dans une guerre contre le terrorisme et qui affronte aujourd'hui à Ersal, et affrontera peut-être demain à Tripoli ou dans le Akkar, des hordes de combattants dont l'idéologie et les méthodes n'ont aucun lien avec l'islam.
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Il y a donc un devoir de vérité et une obligation morale d'expliquer pourquoi des soldats sous-équipés par rapport à leurs adversaires doivent continuer à se battre sans matériel ni couverture aérienne adéquate.
Rappelons que fin décembre 2013, Riyad s'était engagé à octroyer trois milliards de dollars à la troupe afin qu'elle puisse se procurer des armes françaises. Depuis, les discussions se sont enlisées sur l'établissement de la liste de matériel requis. À la mi-juin, lors d'une conférence internationale à Rome, la communauté internationale s'était contentée d'assurer son « soutien » aux forces armées libanaises « qui profiteront d'une formation offerte par un groupe de pays pour mieux lutter contre le terrorisme et les conséquences de la crise en Syrie ».
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LA LIBRE EXPRESSION
17 h 06, le 07 août 2014