Sur le plan du contenu, Nasrallah a axé son discours sur l'offensive israélienne à Gaza, développant les similitudes entre cette guerre et celle de juillet 2006 au Liban, et il a estimé que, comme en juillet 2006 au Liban, la résistance palestinienne « a déjà remporté une victoire sur l'ennemi israélien » en tenant bon après 18 jours d'agression, tout en continuant à lancer des missiles et à entraver la progression de l'offensive terrestre. Mais le plus important, selon lui, est la fameuse équation qui se résume ainsi : « La résistance sur le terrain, celle de la population et celle du commandement politique qui refuse le cessez-le-feu à n'importe quel prix, c'est cela la victoire des Palestiniens puisque toutes les attaques israéliennes, le blocus terrible et la violence n'ont pas réussi à briser leur volonté de se battre et à les pousser au désespoir. »
Hassan Nasrallah a commencé par rappeler que la Journée internationale al-Qods avait été décidée par l'imam Khomeyni le dernier vendredi du mois de ramadan et a été confirmée par l'imam Khamenei « pour maintenir la cause palestinienne vivante dans les esprits et les consciences ». Selon lui, cette initiative prend aujourd'hui toute son importance, avec l'objectif clair des Israéliens « d'en finir avec la cause palestinienne et de faire oublier au monde l'existence d'un peuple palestinien ». Le leader chiite a affirmé que les Israéliens n'ont jamais eu l'intention de rendre un pouce du territoire palestinien ni d'accepter le retour d'un réfugié palestinien.
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« Les Israéliens, aidés par les Occidentaux et par certains régimes arabes dont les trônes dépendent de la survie d'Israël, ont établi un plan à long terme pour liquider la cause palestinienne en pensant qu'il faudra une ou deux générations pour atteindre cet objectif. En même temps, il s'agissait de trouver de nouvelles causes pour occuper les Arabes, comme celles de la vie quotidienne, et de leur créer sans cesse de nouveaux ennemis pour les entraîner dans des guerres sans fin et les affaiblir. C'est aussi dans le cadre de ce plan que les Israéliens ont tout fait pour isoler les Palestiniens moralement et sur le terrain, tout en cherchant à les diviser et à les discréditer.
Dans ce contexte, le choix d'un kamikaze palestinien pour mener des attentats au Liban et ailleurs est voulu, tout comme le fait de créer un tunnel menant de Bourj Brajneh vers l'hôpital al-Rassoul al-aazam, dans le but de creuser le fossé entre les Libanais et les Palestiniens. Même chose entre les Irakiens et les Palestiniens, et entre les Syriens et les Palestiniens. En même temps, les assassinats de Palestiniens se sont poursuivis pour pousser ces derniers au désespoir. Mais malgré tout cela, la cause palestinienne reste vivace, et c'est ce qui se passe aujourd'hui à Gaza », ajouté Hassan Nasrallah.
Pour le secrétaire général du Hezbollah, le monde arabe traverse aujourd'hui la période la plus grave depuis 1948, avec la destruction systématique des États, des armes, des sociétés et des populations. Mais il a ajouté que la Syrie « restera le berceau de la résistance et un rempart solide face au plan sioniste ».
« L'Irak entre certes dans un tunnel sombre et les chrétiens sont chassés de Mossoul, mais les sunnites aussi sont placés devant un choix terrible : soit se rallier à l'EI, soit être tués, alors que les chiites n'ont même pas ce choix », a-t-il ajouté. Hassan Nasrallah a dans ce contexte exprimé la crainte que la destruction des mausolées des prophètes Younès et Daniel (sunnites) en Irak par l'EI soit le « prélude à la destruction de la mosquée al-Aqsa » à Jérusalem selon la logique suivante : si des musulmans peuvent détruire de tels lieux saints, pourquoi les Israéliens ne le feraient-ils pas ?
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« En ce temps de discorde et de complots, il faut savoir où mettre les pieds et où se battre », a déclaré le leader chiite, avant d'établir une comparaison entre la guerre de juillet 2006 au Liban et celle de Gaza en 2014. « Dans les deux cas, les Israéliens ont pris pour prétexte l'enlèvement de soldats ou l'assassinat de colons pour déclarer une vaste offensive. Mais si, au Liban, les auteurs de l'enlèvement sont connus, à Gaza ils ne le sont pas. De même, au Liban, les Israéliens avaient commencé par mettre la barre très haut en réclamant la remise en liberté immédiate des soldats enlevés et la destruction de la résistance, alors qu'à Gaza, ils n'osent pas déclarer de grands objectifs... En réalité, ce qu'ils veulent, c'est détruire non seulement le Hamas, le Jihad et les organisations palestiniennes qui se battent, mais aussi et surtout le sang résistant qui coule dans les veines des Palestiniens », a martelé Hassan Nasrallah. « Si l'on suit cette logique, a-t-il ajouté, Gaza a déjà remporté une victoire puisqu'au 18e jour de l'agression, cet objectif n'a pas été atteint, ni les autres auparavant déclarés d'ailleurs. »
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Le secrétaire général du Hezbollah a estimé que l'offensive contre Gaza a démontré un « échec grave des SR israéliens concernant les dépôts de missiles et les capacités de la résistance ». Elle montre aussi, selon lui, l'incapacité de l'aviation israélienne à trancher la bataille. « Cette offensive montre que les Israéliens n'ont pas réussi à toucher le commandement militaire à Gaza, ni à arrêter le lancement de missiles. De même, l'offensive terrestre piétine, alors que les bombardements contre les civils visent à monter la population contre la résistance. Mais, comme au Liban, la population reste soudée à la résistance, et au final, Israël verra qu'il ne peut plus continuer ainsi et demandera aux États-Unis de trouver une issue », a-t-il poursuivi.
Le responsable chiite a enfin appelé les Libanais à mettre de côté leurs divergences pour considérer Gaza et la cause palestinienne comme des causes justes.
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10 h 56, le 29 juillet 2014