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Moyen Orient et Monde - Trois questions...

En Afrique et dans le monde arabe, la discrimination freine le dépistage du VIH

... au docteur Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses.

Sur une plage indienne, un rassemblement en solidarité aux personnes atteintes du virus du sida. Photo/STR/AFP

Qu'est-ce que la fin de l'épidémie au juste ? Est-ce que cela veut dire qu'il n'y aura plus de décès liés au sida, qu'il n'y aura plus de personnes vivant avec cette maladie ou qu'il n'y aura plus de nouvelles infections ?
Techniquement, la fin de l'épidémie veut dire qu'il n'y aura plus de nouvelles infections. Pour entrer un peu dans les détails il faut faire la différence entre la maladie du sida elle-même et l'infection par le virus du VIH qui pourrait à la longue donner le sida. Aujourd'hui on a de nouvelles infections mais elles dégénèrent de moins en moins en maladie à proprement parler. Cela est dû en grande partie aux médicaments antirétroviraux qui freinent cette dégénérescence. D'ici à 2030 donc, il serait possible que les gens ne meurent plus du tout de cette maladie.

 

Vu que le nombre de personnes vivant avec le virus a encore progressé l'an dernier, vous ne croyez pas que ce bilan de voir l'épidémie prendre fin dans une quinzaine d'années est un peu optimiste ?
Une épidémie s'achève théoriquement quand il n'y a plus de nouveaux cas atteints ou quand toutes les personnes atteintes quittent l'épidémie soit par guérison, soit par décès. Cette dernière option est clairement dépassée vu que le nombre de décès dus au sida a nettement reculé. Comme le sida devient une maladie traitable et, si bien traitée, non fatale, le seul espoir d'arriver à une fin de l'épidémie serait en arrêtant complètement toute transmission. Grâce aux traitements antirétroviraux actuels, on arrive à freiner presque complètement la transmission du virus d'une personne bien traitée, à une personne non infectée. Dans son nouveau rapport sur l'épidémie, l'ONU a précisé qu'en 10 ans, les décès liés au sida dans le monde ont chuté de 30 %. Le fait que le nombre de personnes vivant avec le virus a augmenté est presque un bon signe, prouvant qu'il y en a donc moins qui en meurent. Ce qui a diminué par contre, c'est le nombre de nouvelles infections passant de 2,2 millions en 2012 à 2,1 millions en 2013. L'épidémie d'infection VIH avancée (donc sida) pourrait, d'ici à 2030, avoir été complètement éradiquée. Donc, à mon avis, de ce point de vue-là, ce bilan est plutôt réaliste.

 

À votre avis, quels moyens permettraient de dépêcher la fin de l'épidémie ?
L'idéal serait évidemment de trouver un traitement qui guérirait le sida. Malheureusement la science ne possède toujours pas ce remède miracle. Un vaccin reste également un rêve lointain. En attendant, il faudrait encourager le dépistage volontaire, que les gens craignent énormément. Le dépistage aujourd'hui n'est pas qu'une question d'éducation, c'est aussi et surtout une question culturelle, étroitement liée à la perception qu'ont les sociétés de cette maladie. Aujourd'hui, derrière tout dépistage, se cache une énorme discrimination. Un dépistage positif pourrait entraîner dans certaines sociétés, notamment arabes et africaines, un risque de perdre son emploi, son assurance-vie ou le droit de se rendre dans d'autres pays. Au lieu de se faire tester, les potentiels porteurs du virus préfèrent donc ignorer leur séropositivité et participent ainsi, consciemment ou inconsciemment, à la propagation du virus. Cela vient à l'encontre de la lutte que mènent les organisations internationales pour arrêter le cycle de transmission. Une fois un individu est testé et diagnostiqué comme porteur du VIH, il devrait avoir accès à un suivi médical et à un traitement antirétroviral dès que possible selon les directives nationales et internationales. Un traitement pour tous serait potentiellement le moyen idéal d'interrompre la transmission tout en offrant aux personnes vivant avec le VIH une qualité de vie et une durée de vie quasi normales. Une autre approche à utiliser simultanément consiste au traitement préventif, c'est-à-dire la prise d'antirétroviraux avant un contact potentiellement infectieux. Ce traitement peut être sous forme de traitement oral ou sous forme de gel vaginal. Le travail réside donc à l'éveil des consciences et la lutte contre cette discrimination endémique.

 

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