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À La Une - Irak

Le Parlement irakien reporte une session cruciale

L'armée s'enlise face aux insurgés.

Cortège funèbre d'un volontaire chiite des Brigades de la paix, tué lors de combats avec l’État islamique (EI, ou Daech) en Irak, le 6 juillet 2014. REUTERS/Ahmad Mousa

Le Parlement irakien, empêtré dans ses divisions, a reporté lundi une session cruciale qui devait mettre un gouvernement d'union sur les rails dans un pays aux prises avec une importante offensive d'insurgés sunnites que l'armée peine à stopper.

Près d'un mois après le début de l'offensive d'insurgés sunnites menés par le groupe radical de l’État islamique (EI, ou Daech), la situation s'enlise tant sur le plan politique que militaire. Une session du Parlement devait se tenir mardi pour tenter de choisir un président de l'Assemblée avant d'élire un président de la République chargé de désigner le prochain Premier ministre, dans l'espoir d'un gouvernement d'union nationale alors que le pays est au bord de l'implosion. Mais, en l'absence d'accord sur le futur président de la chambre, "la session parlementaire a été reportée au 12 août", a indiqué un député à l'AFP sous couvert d'anonymat.

Malgré la situation critique du pays, la classe politique semble incapable de mettre de côté divergences et ambitions personnelles. Le 1er juillet, la séance inaugurale du Parlement issu du scrutin du 30 avril s'était révélée désastreuse, les députés s'invectivant ou quittant la salle. Très contesté, le chef du gouvernement sortant, le chiite Nouri al-Maliki, au pouvoir depuis 2006 et dont le bloc est arrivé en tête des législatives, a assuré vendredi qu'il ne renoncerait "jamais" à présenter sa candidature.

 

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Pas de succès militaires
La situation semble également bloquée sur le terrain, l'armée ne parvenant pas à stopper l'avancée des insurgés ou à reconquérir des territoires, en dépit de la livraison d'avions de combats par Moscou, la présence de conseillers militaires américains, et l'aide de milices chiites.

A une vingtaine de km à l'ouest de Bagdad, le commandant de la sixième brigade, le général Najm Abdallah Sudan, a été tué lundi dans un bombardement, selon le porte-parole du Premier ministre pour les affaires de sécurité, le général Qassem Atta. Et depuis plus d'une semaine, les forces gouvernementales, minées par des tensions confessionnelles et mal entraînées, échouent à reprendre Tikrit (nord), ancien bastion de Saddam Hussein.

 

(Lire aussi: Les jihadistes forcent des dizaines de milliers de Syriens à quitter leurs villages)

 

"L'armée et la police sont perçues comme confessionnelles... Elles ne bénéficient donc pas du soutien ou, ce qui est crucial, de renseignements de la part de la communauté sunnite", explique John Drake, analyse du groupe AKE. "Si vous n'avez pas de bons renseignements sur le terrain, vos raids ne sont pas précis, ils provoquent des dommages collatéraux et des blessés... Ce qui aggrave la situation", ajoute-t-il.

A Bagdad, objectif des insurgés, au moins quatre personnes sont mortes et 12 ont été blessées dans un attentat suicide contre un café d'un quartier à majorité chiite dimanche soir.

 

(Lire aussi : En Irak, Maliki affaibli mais bien accroché)

 

L'EI plus confiant que jamais
Un compte lié à l'EI a publié lundi sur Twitter une photo sensée être celle du kamikaze, présenté comme un citoyen libanais, posant avant l'attentat devant le drapeau noir du groupe, un sabre à la main, entouré de fusils d'assaut et de lance-roquettes.

Face à une armée dépassée par les événements, l'EI semble plus confiant que jamais. Près d'une semaine après la proclamation, le 29 juin, d'un "califat" à cheval entre la Syrie et l'Irak, son leader, Abou Bakr Al-Baghdadi, est sorti de l'ombre samedi dans une vidéo le montrant lors d'un prêche à Mossoul (nord), deuxième ville d'Irak tombée aux mains des insurgés le 10 juin. 

 

(Lire aussi: Le prêche du « calife » à Mossoul montre sa force et « le niveau de confiance au sein de son organisation »)

Si la vidéo, en cours d'analyse, était authentifiée, il s'agirait de la première apparition télévisée de Baghdadi, un changement de stratégie qui ferait sens dans le cadre de sa lutte d'influence avec el-Qaëda. M. Baghdadi, recherché par Washington pour 10 millions de dollars, se classe numéro deux sur la liste des personnes les plus recherchées par les États-Unis, derrière le chef d'el-Qaëda Ayman al-Zawahiri, dont il conteste l'autorité.

Outre Mossoul, les insurgés se sont emparés d'une grande partie de sa province Ninive, ainsi que de régions dans les provinces de Diyala (est), Salaheddine (nord) et Kirkouk (ouest). Ils contrôlaient depuis janvier des secteurs d'Al-Anbar (ouest). La situation est d'autant plus critique pour Bagdad que le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a décidé d'organiser un référendum d'indépendance, un mouvement critiqué par les États-Unis et vivement dénoncé par M. Maliki.

 

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