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Économie - Liban

Grille des salaires : Le bras de fer demeure stérile entre responsables et syndicats

Si les contacts se sont intensifiés ces deux jours en vue de la séance parlementaire prévue aujourd'hui, il n'y a toujours pas d'accord sur les moyens de financer la grille des salaires. Les syndicats, eux, persistent et signent : une augmentation de 121 % sans échelonnement avec un effet rétroactif.

Seuls 62 députés se sont rendus hier à l’hémicycle. Faute de quorum, le président de la Chambre a ajourné la séance électorale sans s’y présenter. Photo Sami Ayad

Avec le dossier présidentiel qui occupe le devant de la scène depuis plusieurs semaines, on en oublierait presque les revendications (surréalistes ?) de la fonction publique. Le dossier de la grille des salaires s'embourbe de plus en plus et la séance parlementaire prévue aujourd'hui pour avaliser le projet de loi devrait, elle aussi, se solder par un échec. En attestent les propos du président du bloc parlementaire du Futur, l'ancien Premier ministre Fouad Siniora. À l'issue d'une réunion tenue hier avec le président de la Chambre Nabih Berry, il a indiqué que malgré les tractations continues autour de ce dossier, il y avait peu d'espoir pour que la séance d'aujourd'hui aboutisse à un accord. S'appuyant sur le cas de la hausse de la grille des salaires de 1998, il a indiqué que « les discussions entre les différents acteurs concernés vont continuer tard dans la soirée », et d'ajouter : « Nous sommes déterminés à faire en sorte que le projet soit avalisé, mais pas à n'importe quel prix. Il faut trouver un équilibre entre les recettes de l'État et les moyens de financer la grille afin de ne pas alourdir le déficit du Trésor public. » Le bloc du Futur avait d'ailleurs réaffirmé mardi sa position de principe ferme sur ce plan, à savoir que toute révision de l'échelle des salaires ne devrait pas se faire au détriment de la stabilité financière et économique du pays. Ahmad Fatfat avait d'ailleurs souligné que son bloc ne participera pas à la réunion parlementaire d'aujourd'hui si les moyens de financement adéquats ne sont pas assurés.


Parallèlement, le ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur Élias Bou Saab et le député du bloc du Changement et de la Réforme Ibrahim Kanaan ont affirmé hier que des progrès considérables ont été réalisés au niveau des négociations sur le financement de la grille des salaires, sans pour autant aboutir à un accord final. Rappelons que la séance parlementaire du 10 juin consacrée à l'étude de ce projet avait été reportée à aujourd'hui faute de quorum. Plusieurs blocs parlementaires du 8 et du 14 Mars avaient alors mis en garde contre les répercussions néfastes de cette nouvelle grille sur l'économie nationale.


En ce qui concerne les chiffres exacts du coût de la grille, les avis restent paradoxaux. Pour Ibrahim Kanaan, un équilibre précis sur les chiffres du financement de la grille a été atteint ; des propos réitérés par le ministre de l'Éducation. Ahmad Fatfat avait, lui, affirmé mardi que le ministère des Finances rend publiques des estimations très variées et incohérentes du coût de la nouvelle échelle des salaires ; des estimations qui fluctuent entre 120 et 650 milliards de livres libanaises. La (très large) marge se passe de commentaires.
De son côté, le député Serge Tor Sarkissian, membre du courant du Futur, a déclaré hier qu'il n'y aura pas de grille de salaires sans qu'un président de la République ne soit élu. Le flou autour de la constitutionnalité ou pas de la tenue de séances parlementaires de législation en l'absence de président de la République reste total.


Pour le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, les contacts avec les différents partis ont été fructueux. Il a précisé en outre que la priorité demeure l'établissement d'un coût final de la grille. Il a appelé tous les blocs parlementaires à se rendre aujourd'hui au Parlement.
Force est de rappeler que le dossier de la grille des salaires a été au centre d'une réunion qui a groupé mardi, place de l'Étoile, la présidente de la commission parlementaire de l'Éducation, Bahia Hariri, le député Jamal Jarrah (bloc du Futur) et le député Ibrahim Kanaan, lequel a également conféré à ce propos avec le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad.


Des sources informées reprises par l'agence al-Markaziya ont affirmé que plusieurs réunions ont eu lieu aussi en marge de la séance parlementaire prévue pour la présidentielle. Ces réunions ont regroupé entre autres le Premier ministre Tammam Salam, les anciens Premiers ministres Fouad Siniora et Nagib Mikati, le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, le ministre de l'Éducation Élias Bou Saab, Bahia Hariri, Georges Adwan et Jamal Jarrah. Les discussions ont porté entre autres sur les échelons, une hausse d'un point de la TVA, la mise en place d'une TVA à 15 pour cent sur les biens de luxe... Autant de points sur lesquels les principaux concernés n'arrivent pas à se mettre d'accord depuis des mois.

 

(Lire aussi : Le bateau ivre, une tribune d'Antoine Béchara, ancien président de la CGTL)

 

Les revendications syndicales ne faiblissent pas...
Le président du Comité de coordination syndicale (CCS) Hanna Gharib a entre-temps réitéré hier le rejet par le comité de tout marchandage sur les droits des fonctionnaires et enseignants.
« Nos droits ne peuvent faire l'objet d'aucun marchandage », a déclaré Hanna Gharib devant la presse. « Nous rejetons tout accord qui se ferait à nos dépens », a-t-il martelé, rappelant que les « contacts entre les blocs parlementaires n'engagent en rien le CCS ».
Le leader syndical a également rejeté tout accroissement des heures de travail ou hausse de la TVA pour financer la grille. « Nous n'accepterons pas une grille des salaires aux dépens des pauvres », a-t-il martelé. « Nous menons cette bataille au nom de tous les Libanais », a-t-il poursuivi, soulignant que les manifestations se poursuivront jusqu'à l'adoption de la grille avec une hausse de 121 % avec un effet rétroactif à compter du mois de juillet 2012 et sans échelonnement. Hanna Gharib a également réitéré son refus d'augmenter les heures de travail au sein de la fonction publique. « Les responsables doivent commencer par s'attaquer aux biens maritimes et aux sociétés exemptées de taxes telles que Solidere », a martelé le leader syndical.

D'ailleurs des fonctionnaires de l'administration publique ont manifesté hier devant le Conseil de la fonction publique à Beyrouth pour réclamer l'adoption de la grille des salaires. Hanna Gharib ainsi que le président de la Ligue des fonctionnaires de l'administration publique Mahmoud Haïdar étaient notamment présents lors de cette manifestation en amont de la séance législative prévue aujourd'hui.


Enfin, l'ancien Premier ministre Nagib Mikati a indiqué qu'il n'y avait pas de signes positifs quant à un éventuel accord autour de la grille des salaires. « Les différents partis s'accordent pour dire que l'adoption de la grille aura un impact négatif sur l'économie libanaise », a-t-il indiqué. Des propos qui contrastent avec son geste d'il y a quelques mois, celui de transmettre le projet de la grille au Parlement quelques jours avant la démission de son cabinet...

 

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