La guerre reprend entre le mufti et le Sérail

C'est de nouveau la guerre entre Dar el-Fatwa et le Sérail. Sur une invitation de la direction générale des Wakfs islamiques, près de 250 ulémas et personnalités religieuses ont tenu une réunion en présence du mufti de la République, Mohammad Rachid Kabbani. À l'ordre du jour des discussions, la récente décision du Conseil supérieur chérié portant sur l'élargissement du collège électoral comme il l'était avant l'élection du mufti actuel.
La décision a immédiatement été rejetée par les anciens chefs de gouvernement réunis d'urgence au Sérail. « Ces initiatives, qui n'ont aucune valeur légitime et ne sont aucunement conformes aux décisions émanant du Conseil d'État, sont contraires aux pratiques historiques et nationales de Dar el-Fatwa », ont déclaré dans un communiqué Tammam Salam, Nagib Mikati, Fouad Siniora, un représentant de Saad Hariri, ainsi que plusieurs membres du Conseil supérieur chérié « officiel ». Ce conseil est opposé à celui qui a été mis en place par le mufti de la République.
Les participants à la réunion du Sérail ont accusé implicitement le mufti de « poursuivre sa révolte contre les institutions et l'État, et de fouler au pied la loi et le principe de légitimité ». « Le plus dangereux, poursuit le communiqué, est que cette initiative irresponsable constitue un tournant dangereux qui vise à remettre en cause l'unité de la communauté sunnite. »
Le communiqué invite les musulmans en général et les ulémas en particulier à prendre garde au complot ourdi « aux mains de groupuscules qui ne représentent guère l'unité des musulmans ». Les participants ont clairement laissé entendre par ailleurs que des mesures seront prises afin de prévenir une dérive de Dar el-Fatwa « due aux caprices d'une personne », et faire en sorte que l'institution religieuse ne s'enlise pas dans des « intérêts politiques qui sont contraires aux intérêts des musulmans ».
Auparavant, le mufti de la République avait attaqué violemment les députés du courant du Futur et leur chef, Fouad Siniora, les qualifiant de « menteurs », de « déloyaux » et les accusant de « chercher à assujettir tout le monde ». Il leur a notamment reproché leur manque de ferveur et le fait d'avoir soutenu le mariage civil, ou d'avoir tenté de séparer les questions religieuses des affaires politiques.