Des écoliers "traumatisés" après une frappe israélienne contre le Hezbollah dans la région de Nabatiyé

Jeudi matin, dans le caza de Nabatiyé au Liban-Sud, deux écoles sont en état de choc et en deuil, après une frappe de drone israélienne sur une route reliant Kfar Dejjal à Choukine. Le premier établissement, le Lycée officiel Hassan Kamel el-Sabbah de Nabatiyé, a perdu un de ses enseignants dans ce bombardements, un professeur de physique qui était également membre du Hezbollah. Des élèves d'une autre école, le Lycée public de Choukine, se sont retrouvés malgré eux aux premières loges de ce bombardement. Le mini-van les amenant à l'école roulait sur la route visée par la frappe. Plusieurs d'entre eux, traumatisés, ont été légèrement blessés. 

Au téléphone, un responsable de ce lycée nous apprend que deux élèves de cinquième et de huitième ont été légèrement touchés par des éclats de verre. « Ils ont été admis à l’hôpital gouvernemental de Nabatiyé, mais ils devraient revenir bientôt au Lycée, m’a appris la surveillante qui les accompagne », raconte-t-il. Selon une image fournie par notre correspondant au Liban-Sud Mountasser Abdallah, les vitres du mini-bus ont volé en éclat.  « Les élèves ont dû être traumatisés, mais je ne les ai pas encore vus », explique le responsable.

« Crises de panique »

De son côté, l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle) a indiqué qu'une dizaine d'enfants se trouvant à bord du véhicule ont été « traumatisés » et se trouvaient dans un état de panique. Le chauffeur du mini-van raconte à l'Ani avoir heureusement pu « garder le contrôle » du véhicule. « Trois des enfants à bord saignaient, les autres hurlaient et ont souffert de crises de panique », relate Ahmad Sbeyti. « J'ai immédiatement appelé des ambulances et contacté les familles des élèves pour les rassurer », poursuit-il.

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De son côté, le Lycée de Choukine a publié en matinée un communiqué dans lequel il « condamne cette attaque sauvage de l’ennemi israélien contre des civils, des employés, des parents, des professeurs et des élèves (...)», précisant que les élèves blessés « sont de retour à l’école ».

A Nabatiyé, le Lycée Hassan Kamel el-Sabbah a, lui, perdu un de ses enseignants. Mohammad Ali Farran, qui se trouvait dans la voiture ciblée et a été tué sur le coup dans la frappe, était enseignant contractuel de physique. Il était également membre du Hezbollah, comme l'a confirmé le parti dans un communiqué. Une source au sein de la formation chiite a indiqué à L'Orient-Le Jour que la victime appartenait à une force du parti comprenant des civils qui, en cas de guerre, sont chargés de la défense de leurs villages. 

Le minibus du lycée de Choukine, dont les vitres ont volé en éclats après une frappe israélienne à proximité. Photo envoyée par notre correspondant Mountasser Abdallah

Le directeur du lycée officiel Hassan Kamel el-Sabbah, Abbas Choufani, n’en revient toujours pas de la mort du trentenaire. « Il avait une rotation de surveillance des examens ce matin, nous l’attendions au lycée », dit-il à notre publication. C’est par les réseaux sociaux que l’école a appris son décès, d’autant plus que ses proches angoissés appelaient pour s’assurer qu’il était arrivé à son lieu de travail. Les élèves, en période d’examen, n’avaient pas encore été notifiés de la nouvelle, selon le directeur.

« Nouvel assaut contre l'enfance »
Mohammad Ali Farran, qui enseignait depuis sept ans selon son employeur, était « poli et créatif, il n’avait jamais fait d’histoires à l’école », affirme Abbas Choufani. « Nous n’avions aucune idée de sa vie personnelle ou de ses engagements par ailleurs », souligne le directeur. Une minute de silence a été observée dans l'établissement en mémoire de l'enseignant. 

De son côté, la Ligue des professeurs de l'enseignement élémentaire a publié un communiqué rendant hommage à la victime, dénonçant une « catastrophe » subie par le secteur de l'éducation et « un nouvel assaut contre le droit humanitaire et l'enfance ».

En début d'après-midi, des élèves d'une école publique de Saïda ont manifesté devant leur établissement « en solidarité » avec les jeunes blessés dans la frappe de ce matin, rapporte notre correspondant. « Notre Sud saigne » pouvait-on notamment lire sur une pancarte tenue par un des élèves qui brandissaient des drapeaux libanais.

Un responsable du Hezbollah ?

D'après l'armée israélienne, Mohammad Ali Farran était « responsable des infrastructures de production d’armes de combat » au sein du Hezbollah. Selon un tweet du porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, la victime avait contribué « à produire des armes stratégiques et uniques pour le compte du Hezbollah », ajoutant que « certaines des infrastructures dont il était responsable ont été attaquées ces derniers mois au Liban-Sud ».

Le conflit actuel entre le Hezbollah et Israël a commencé le 8 octobre 2023, au lendemain de l’opération « Déluge d’al-Aqsa » lancée par le Hamas contre Israël. À ce jour, 313 membres du Hezbollah ont été tués par Israël, en Syrie et au Liban. Selon un bilan publié mercredi par le ministère libanais de la Santé et couvrant la période allant du 8 octobre 2023 au 21 mai 2024, la guerre a fait pas moins de 1 471 victimes (tués et blessés), dont 363 morts. Ce chiffre comprend tant les combattants que les civils.