Moawad invite les chrétiens à s’entendre sur un candidat prônant la charte de Bkerké

Michel Moawad, chef du Mouvement de l'indépendance, a invité hier tout l'establishment politique chrétien à s'entendre sur un candidat présidentiel ayant pour programme la charte nationale adoptée il y a quelques mois par l'Assemblée des prélats maronites.
M. Moawad a avancé cette proposition lors d'une conférence de presse qu'il a tenue hier à Zghorta.
Il a en outre demandé au président de la Chambre, Nabih Berry, de convoquer les députés à une séance d'interprétation de la Constitution autour de la question du quorum nécessaire pour l'élection présidentielle et exhorté le 14 Mars à se mobiliser contre le quorum des deux tiers, responsable selon lui de l'échec du scrutin jusqu'ici.
« Le quorum des deux tiers n'est pas qu'une hérésie constitutionnelle, c'est un péché politique », a lancé M. Moawad, qui a procédé à une explication détaillée des articles constitutionnels pour conclure sur le fait que le quorum exigé pour la présidentielle, notamment à partir du second tour, est de la majorité absolue (64 députés) et non des deux tiers de la Chambre (86).
« On peut comprendre pourquoi au cours de la guerre, avant l'adoption de Taëf, le quorum des deux tiers était consacré dans les us. À l'époque, les députés chrétiens étaient au nombre de 54 et les musulmans de 45 et le président de la République avait tous les pouvoirs. Avec un quorum ordinaire, les chrétiens pouvaient élire seuls le chef de l'État, sans même consulter les musulmans. Mais aujourd'hui, avec l'introduction de la parité islamo-chrétienne et la réduction des prérogatives du président, il n'en va plus de même. Le quorum des deux tiers constitue à présent une atteinte au partenariat (islamo-chrétien) et une invite à faire élire un président faible. »
« Pourquoi est-il possible de nommer un Premier ministre et d'élire un président de la Chambre avec une majorité simple de députés, alors que le président ne peut être élu qu'en présence des deux tiers des parlementaires ? » s'est interrogé M. Moawad, fustigeant, d'autre part, les boycotteurs et leur reniant le droit à l'absentéisme dès lors qu'il s'agit d'élire un président de la République.
M. Moawad a par ailleurs vivement condamné les attaques lancées contre le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, à la suite de sa visite en Terre sainte. Selon lui, il s'agit d'« une campagne visant à briser Bkerké, à la soumettre et à lui imposer un régime de dhimmitude politique ».
« Nous n'acceptons pas que quiconque dise au patriarche : présente-toi au confessionnal et demande pardon », a-t-il lancé, en référence à un article paru dans le quotidien al-Akhbar. « C'est à l'auteur de ces propos qu'il revient de demander pardon et je réclame du ministre de la Justice, le général Achraf Rifi, de déférer l'auteur de cet article insultant devant le parquet de cassation pour incitation à la haine confessionnelle. »
Affirmant qu'Israël et le Hezbollah sont « les deux parties gênées » par la visite du patriarche en Terre sainte, M. Moawad a rendu hommage au chef du PSP, Walid Joumblatt, et au courant du Futur, « qui ont assuré que la défense de Bkerké n'était pas une affaire chrétienne, mais véritablement nationale ».
Il a en outre critiqué « le manque de position claire » chez les chrétiens du 8 Mars face à l'attaque qui a visé Bkerké et notamment « le silence honteux des députés de Zghorta ».