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À La Une - Syrie

Présidentielle syrienne : chants, danses, obus et une réélection d'Assad attendue

Le chef de l'opposition en exil, Ahmad Jarba, a appelé les Syriens à "rester chez eux".

Bachar el-Assad et son épouse, Asma, votant à Damas, dans le cadre de la présidentielle, le 3 juin 2014. AFP PHOTO /SANA

Les Syriens votaient mardi, sous le bruit des bombes, pour une présidentielle controversée qui doit maintenir au pouvoir Bachar el-Assad en quête de légitimité dans son combat contre la rébellion dans un pays ravagé par trois ans de guerre.

Ce scrutin, dénoncé comme une "farce" par l'opposition et ses alliés occidentaux et arabes qui assistent impuissants à une réélection de M. Assad, est organisé dans les régions sous contrôle du régime alors que le pays est à feu et à sang.
L'ambiance est surréelle à Damas; files d'attente devant les bureaux de vote installés par le pouvoir, chants et danses dans la rue à la gloire de M. Assad, bruit des explosions et des tirs d'obus dont plusieurs sont tombés dans la capitale et intense survol de l'armée de l'air.

 

(Repère : La présidentielle syrienne en 6 points)


Imperturbable et décontracté, M. Assad, qui s'est dit maintes fois déterminé à en finir avec les rebelles assimilés à des "terroristes", a voté le matin avec son épouse Asma à Damas, selon des images diffusées par la télévision d'Etat.
Ont également voté dans la capitale, les deux autres candidats à la présidentielle, Hassan al-Nouri et Maher al-Hajjar, considérés comme des faire-valoir à M. Assad qui jouit toujours du soutien d'une partie de la population. L'homme d'affaires a affirmé à l'AFP, sans illusions, s'attendre à "arriver en seconde position après M. Assad qui est sûr de gagner".

 

 

"J'ai voté pour le président, naturellement"

Depuis l'ouverture des bureaux de vote à 07h00 locales (04h00 GMT), les télévisions d'Etat, mobilisées, montrent des images d'une forte affluence de votants qui, dans leur majorité, ne prenaient pas la peine de se rendre dans l'isoloir et cochaient devant les caméras la case sous la photo de M. Assad avant de déposer leur bulletin dans l'urne.
"J'ai voté pour le président, naturellement", affirmait ainsi Nadia Hazim, 40 ans, dans un bureau à Damas. Comme d'autres, Hind al-Homsi, 46 ans, a voté "avec son sang pour le président qui est le meilleur" après s'être fait une petite coupure au doigt.

Plus de 15 millions de Syriens sont appelés aux urnes et le vote supervisé par des observateurs iraniens, russes et même nord-coréens, devra s'achever à 16h00 GMT. Aucune indication n'a été donnée sur la date des résultats.

En théorie, il s'agit de la première élection en Syrie depuis un demi-siècle, Bachar al-Assad et avant lui son père Hafez ayant été désignés par référendum, mais elle est organisée en vertu d'une loi excluant de facto toute candidature dissidente.

"La solution politique à la crise commence aujourd'hui", a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, après avoir voté à Damas, parlant de scrutin "démocratique".

 

Une file d'attente, devant un bureau de vote, à Damas. AFP / LOUAI BESHARA 

 

'Elections de sang'
Dans la ville de Homs (centre), prise par le régime début mai, les membres de la sécurité sont déployés en force, les voitures fouillées minutieusement et autobus ou camions bloquent les rues pour prévenir d'éventuels attentats. Plus au nord, à Alep, la télévision rapportait également une grande affluence dans les secteurs pro-régime.

Le régime contrôle 40% du territoire, selon le géographe spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche, alors que la guerre a fait depuis mars 2011 plus de 162.000 morts, déraciné quelque neuf millions de personnes et laissé le pays en ruines.

 

Dans le camp adverse et au moment où les combats et bombardements continuent de faire rage à travers le pays, les insurgés dénoncent une "élection de sang" et les Etats-Unis une "imposture", alors que l'Otan a assuré que les résultats ne seront "pas reconnus". "Parallèlement aux élections de sang, les forces d'Assad bombardent violemment Daraya avec des barils d'explosifs", a indiqué Mohannad, un militant de cette localité proche de Damas.

 

(Repère : La guerre en Syrie, victimes et drame humanitaire)

 

'Mascarade'
"Les dictateurs ne sont pas élus, ils gardent le pouvoir par la force et la peur, ce sont les deux raisons qui poussent les Syriens à participer à cette mascarade", a affirmé le chef de l'opposition en exil, Ahmad al-Jarba, qui a appelé les Syriens à "rester chez eux".
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a rapporté que le régime "forçait" les citoyens à voter sous peine d'arrestation. "Assad tente de se redonner une légitimité et d'atténuer son image de criminel de guerre. Les Syriens ne le haïront que davantage", ont affirmé les comités de coordination locales, réseau de militants.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a, de son côté, dénoncé en Conseil des ministres la "fausse élection" présidentielle en Syrie où les électeurs ont "le choix entre Bachar el-Assad et Bachar el-Assad", a rapporté le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll.


Face à des rebelles en manque d'armes, M. Assad est à la tête d'une armée restée soudée autour du régime malgré les défections, et bénéficie des soutiens russe et iranien et de l'aide précieuse des combattants aguerris du Hezbollah et de supplétifs syriens et étrangers.

Le clan Assad dirige la Syrie d'une main de fer depuis plus de 40 ans, durant lesquels il a muselé toute dissidence et écrasé déjà dans le sang un soulèvement des Frères musulmans dans les années 1980.

 

(Repère : Syrie : plus de trois ans de conflit)

 

La présidentielle "ne changera pas la donne"

Pour Noah Bonsey, de l'International Crisis Group (ICG), la présidentielle "ne changera pas la donne" en syrie, si ce n'est de faire perdurer un conflit qui a laissé un pays en ruines et déraciné quelques neuf millions de personnes. "Cette mise en scène n'influera guère sur les positions" du régime ou de l'opposition: "le régime utilise l'élection comme partie intégrante de son discours sur l'+irrévocabilité+ de sa victoire".
Mais pour Waddah Abed Rabbo, directeur d'Al-Watan, quotidien proche du pouvoir, "l'élection facilitera la reprise des pourparlers de paix", qui ont échoué à Genève en début d'année en l'absence de consensus international. "A Genève, l'opposition a mis comme préalable son refus de voir Assad se présenter à la présidentielle. Maintenant qu'il a va être largement élu, il n'y a plus d'objection de la part du pouvoir à discuter de gouvernement transitoire", dit-il.


Le conflit en Syrie a débuté par une contestation pacifique qui, après une brutale répression, s'est transformée en une révolte avant de devenir une guerre complexe avec aussi des combats entre rebelles et jihadistes.

 

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Les Syriens votaient mardi, sous le bruit des bombes, pour une présidentielle controversée qui doit maintenir au pouvoir Bachar el-Assad en quête de légitimité dans son combat contre la rébellion dans un pays ravagé par trois ans de guerre.
Ce scrutin, dénoncé comme une "farce" par l'opposition et ses alliés occidentaux et arabes qui assistent impuissants à une réélection...

commentaires (7)

Bandes d’arriérés écrasés et puînés.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

01 h 32, le 04 juin 2014

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Commentaires (7)

  • Bandes d’arriérés écrasés et puînés.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    01 h 32, le 04 juin 2014

  • Circulez, il n'y a rien à voir !!!! Morts + destructions + misère = un président plébiscité !!! 40 ans de bagne n'ont pas suffit, le peuple en redemande .... Quand on voit le petit Hitler souriant avec sa femme, un tableau qui doit se faire retourner les 160.000 morts dans leurs tombes, s'ils ont une tombe ...

    FAKHOURI

    21 h 57, le 03 juin 2014

  • Allez vite , les resultats ! on peut plus attendre l'explosion de joie ( cette fois ci) des democrates face a la barbarie salafowahabite allie aux binsaoudo/sionistes en fin de parcours.

    FRIK-A-FRAK

    17 h 38, le 03 juin 2014

  • On doute fort si l'élection pourra faciliter la reprise des pourparlers de paix, attendons voir les mois prochains .

    Sabbagha Antoine

    13 h 59, le 03 juin 2014

  • A-t-on jmais vu un régime nazi qui a le moindre sens de la décence ? Le régime criminel de Damas en est un exemple absolument parfait.

    Halim Abou Chacra

    12 h 26, le 03 juin 2014

  • Quelle belle représentation de la bêtise, de la lâcheté, de la soumission parfaite, de la manipulation, du musèlement, bref de tout ce qui est complètement contraire aux normes des droits et des libertés. Comment peut-on être aussi aveugles et stupides pour adhérer une seule seconde à une telle supercherie ? Pauvres, pauvres, pauvres imbéciles heureux, ravagés par leur fanatisme, qui plébiscitent une des plus grandes mascarades orchestrée par le nazi du XXIè siècle : la "réélection" de ce dernier lors d'un scrutin limité aux régions contrôlées par le régime sanguinaire, et, cerise sur le gâteau, "supervisé" par l'Iran, la Russie et la Corée du Nord !!! Nous sommes morts de rire mais 150.000 personnes sont mortes à cause de cet innommable despote. Il y a un point commun entre ces crétins absolus, les mercenaires traîtres et endoctrinés, les bédouins et les radicaux qui veulent nettoyer le monde : le neurone unique.

    Robert Malek

    11 h 20, le 03 juin 2014

  • Au Liban au moins, c'est plus respectable nous n'avons pas de Président...

    M.V.

    10 h 02, le 03 juin 2014

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