Au pays du Cèdre, le sapin est « roi des forêts » !

«J'ai choisi d'effectuer mes recherches sur cette espèce de conifères car malheureusement ils sont en danger selon les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature », affirme Lara. L'Abies cilicica, ou le sapin de Cilicie, ne pousse que dans trois pays au monde : le Liban, la Syrie et la Turquie. « Le sapin représente, selon les statistiques du ministère de l'Agriculture, 1,2 % de la surface des forêts libanaises, face à 1,6 % de ressources en cèdres », poursuit Lara, avant d'ajouter : « Ces résultats, très proches, mettent en valeur l'importance de nos ressources en conifères et notamment en sapins. Ces derniers demeurent donc une richesse écologique, culturelle et patrimoniale. »

Persévérance et détermination
Avant d'arriver à cette étape de son parcours académique, Lara n'a pas suivi un chemin facile. Elle a obtenu une maîtrise en biologie animale de la faculté des sciences de l'Université libanaise, à Tripoli, avant de poursuivre des études en master biodiversité végétale et biotechnologie à l'Université Saint-Esprit de Kaslik. C'est à ce moment-là qu'elle commença ses recherches sur le sapin de Cilicie.
À Montpellier, Lara s'est intéressée à l'impact des changements environnementaux et climatiques depuis la fin de la dernière période glaciaire sur les sapinières du Liban.
Dans ses missions de terrain, Lara est allée à la découverte du sapin du Liban qui pousse surtout au Akkar, à Denniyeh et à Ehden. Les seuls sapins protégés sont ceux qui se trouvent dans les réserves naturelles d'Ehden et de Karm Chbat. Les autres, localement menacés, appellent au secours ! « Malgré les efforts déployés par les municipalités au Akkar pour les protéger, les sapins sont toujours menacés », avertit la chercheuse. Pourtant, au cours de ses observations en laboratoire et ses recherches, elle a constaté que ces conifères sont capables de s'entraider. Lara explique : « La population la plus forte rejette du pollen et des graines vers la population faible et en danger. À titre d'exemple, la population forte de sapins à Qemmamine projette le pollen et les graines vers la population de sapins la plus faible à Ehden. Cela est important pour empêcher une trop forte dérive génétique dans les populations de petite taille. »
La chercheuse ajoute : « J'ai découvert de surcroît que face au changement climatique, les populations migrent vers les régions les plus hautes et les plus humides. »
Pour en savoir plus sur les recherches de Lara Awad, cliquez sur le lien suivant donnant accès à un article détaillé – dont la chercheuse libanaise est le premier auteur – publié dans « Plos One », célèbre journal scientifique américain, www.plosone.org/article/info% 3Adoi%2F10.1371 %2Fjournal.pone.0090086, immense projet dans le monde des sciences et de l'écologie que la France a choisi de financer.
Lara n'en reste pas là. Elle élabore un site Web qui sera bientôt disponible à tous les internautes
(www.lebanonfirtree.com) dans lequel elle va publier les résultats de ses nouvelles recherches et de ses découvertes. Ce site l'aidera, en outre, à atteindre le plus grand nombre de gens afin de lutter pour la protection des ressources forestières au Liban. C'est dans cet esprit et animée par cet enthousiasme que Lara travaille, dans l'espoir qu'elle arrivera un jour à réanimer « le Liban vert » !