Grille des salaires : mobilisation monstre des syndicats

A l'appel du Comité de coordination syndicale (CCS) et de plusieurs syndicats, des milliers de fonctionnaires et d'enseignants ont participé mercredi à une manifestation monstre, la plus importante depuis trois ans selon plusieurs médias, au centre de Beyrouth, pour appeler à l'adoption de la grille des salaires du secteur public.

La manifestation s'est tenue alors que le Parlement entamait ses débats sur cette grille au milieu de profondes divisions entre les différents blocs parlementaires sur une nouvelle mouture de la loi présentée par une sous-commission parlementaire.

Les manifestants ont convergé de toutes les régions libanaises vers la place Riad el-Solh, à quelques dizaines de mètres de l'hémicycle où les députés étaient réunis sous haute protection.

Mobilisation massive au centre-ville de Beyrouth. Photo envoyée par un lecteur

"Trouvez une solution ou rentrez chez vous", pouvait-on lire sur une des banderoles brandies par les protestataires, alors que les responsables syndicaux appelaient à une occupation de la place jusqu'à l'adoption de la grille.

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Prenant la parole, le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Nehmé Mahfoud, a appelé les députés à adopter aujourd'hui sans plus tarder la grille des salaires, afin de regagner la confiance des Libanais.

"Nous voulons un Liban sans corruption, sans dilapidation des deniers publics. Tous les corrompus au sein de l'État doivent rendre des comptes", a déclaré M. Mahfoud. "Vous nous avez fait détester la grille des salaires. La grille doit être adoptée aujourd'hui pour que les députés retrouvent la confiance des Libanais, notamment après le vote de prorogation du mandat du Parlement", a-t-il ajouté. "Nous disons à Nabih Berry, nous agissons conformément à la loi. Personne ne bougera de cette place avant l'adoption de la grille des salaires", a-t-il encore dit.

"Vous représentez qui? Vous avoir élu était une grossière erreur". Le message des manifestants aux députés libanais.  Photo Marisol Rifaï

Le chef du Comité de coordination syndicale (CCS), Hanna Gharib, a abondé dans le même sens, soulignant que les syndicats ne renonceront pas d'un iota aux droits des fonctionnaires.

"Nous voulons nos droits complets. Nous demandons au Parlement d'écouter vos voix et vos slogans et de rejeter la grille des salaires telle que présentée par la sous-commission parlementaire", a indiqué M. Gharib.

"Votez en faveur du peuple. Tout le peuple se trouve ici. Tenez-vous à ses côtés. Nous voulons faire face aux voleurs, je n'ai pas traité les députés de voleurs mais bien les seigneurs du capitalisme", a-t-il martelé. "Nous occuperons la rue tant que la grille n'est pas approuvée", a-t-il encore souligné, refusant toute augmentation des taxes et de la TVA.

Plusieurs écoles privées ont fermé mercredi leurs portes. Les administrations publiques étaient paralysées.

(Pour mémoire : Au Liban, le corps enseignant au bout du rouleau)

Photo Marisol Rifaï.

Le mouvement syndical intervient alors que les divisions au sein même du Parlement sur la grille des salaires sont profondes. Le député Alaëddine Terro, membre du Parti socialiste progressiste (PSP, de Walid Joumblatt), a ainsi annoncé que la décision du bloc joumblattiste du Front de lutte nationale concernant la grille des salaires sera prise en fonction des débats lors de la séance parlementaire.

Le député a en outre souligné que le Front de lutte nationale est contre l'imposition de nouvelles taxes, mettant en garde contre les conséquences qui peuvent découler de l'adoption de la grille sans réformes.

Même son de cloche du côté du Hezbollah. Le député Ali Fayad, membre du bloc parlementaire de la Fidélité à la résistance, a affirmé mercredi que son bloc rejetait la mouture de la grille des salaires telle que présentée par la sous-commission parlementaire.

Cette sous-commission avait apporté plusieurs modifications aux revendications des syndicats, portant notamment sur une baisse de la valeur totale de la grille, qui passerait de 2.400 milliards de livres à 1.800 milliards de livres. Elle avait aussi suggéré de relever la TVA de 10 à 11%.

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