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Économie - Trois questions à...

« Les enseignants auront leurs premières élections syndicales libres en 20 ans »

Noha Osseirane, candidate pour une liste indépendante aux élections syndicales, branche de Beyrouth

Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter aux élections syndicales ?
Ces élections ont un caractère particulier, car cela fait 20 ans que les enseignants n'ont pas élu leurs représentants régionaux. Jusqu'à présent, certains établissements avaient l'habitude de choisir eux-mêmes leurs responsables syndicaux pour représenter leurs enseignants ! Les représentants passaient donc par consensus sans que les professeurs n'aient conscience qu'ils puissent eux-mêmes se présenter. C'est une manière de brider leurs doléances et de mieux contrôler les actions des enseignants, notamment les décisions de grèves.

 

Comment avez-vous pris conscience de ce manque de représentativité des enseignants ?
Je me suis rendu compte de ces pratiques l'année dernière alors que je travaillais dans mon ancien établissement. J'avais déjà remarqué que notre représentant syndical de l'époque tenait un double discours, ou l'art de « ménager la chèvre et le chou ». C'était à l'occasion des manifestations pour l'augmentation de la grille des salaires. Les propos que nous tenait notre représentant syndical différaient de ceux tenus par Nehmé Mahfoud, le représentant général des enseignants. Alors un jour, j'ai décidé de le rencontrer pour avoir des réponses. J'ai alors compris pourquoi le représentant général avait autant de mal à mobiliser ses pairs. Comment des personnes choisies par le patronat pourraient-elles représenter le salariat ? Suite à cela nous avons provoqué une révolte interne dans mon ancien établissement jusqu'à ce que je décide de démissionner, puis de me présenter comme candidate aux élections.

 

Quel message avez-vous voulu faire passer ?
L'important c'est la tenue de ces élections « libres » pour la première fois. Même si nous n'avons pas gagné, nous avons tout de même remporté un tiers des voix. Nous avons montré aux enseignants qu'ils peuvent choisir.
Il n'y a pas de culture syndicale au Liban et je souhaite que la tenue de ces élections ait fait prendre conscience à mes collègues qu'ils peuvent se syndiquer, qu'ils ont des droits. Il est inacceptable que des enseignants, dont le rôle est de former la jeunesse, se laissent asservir par le système.
Ce qui fait peur avec ce mouvement autour de la grille des salaires, c'est que pour la première fois au Liban, nos manifestations ont rassemblé des travailleurs de tous bords politiques et religieux. Tous ont crié le même ras-le bol, tous ont tenu le même discours. J'espère que la renaissance du syndicat enseignant ouvrira la voie à d'autres corps de métier. Toute lutte sociale prend du temps. Cela n'est pas grave, nous avons tout le temps...

 

Pour mémoire

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