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Liban - Diaspora

Ce savoureux métissage des cuisines colombienne et libanaise...

Alex Quessep est d'origine libanaise. Aujourd'hui, il est l'un des trois meilleurs chefs colombiens. Il est de passage à Beyrouth pour présenter sa cuisine-fusion. Des plats colombiens aux touches orientales.

De gauche à droite, Martin Andrade, Alex Quessep, Dario Cabrera, Georgine el-Chaer Mallat et Tanios Kassis, doyen de la faculté des sciences hôtelières à l’Université La Sagesse.

Dans le cadre d'un plan de la promotion de la Colombie à l'étranger, l'ambassade de Colombie organise deux ateliers de cuisine et de dégustation de plats nationaux. L'un s'est tenu hier à la faculté des sciences hôtelières de l'Université La Sagesse à Achrafieh et le second se tiendra aujourd'hui à 15 heures au restaurant La Cigale, à Zalka.

La tournée du chef Alex Quessep englobe le Maroc et l'Algérie. Il est accompagné de son assistant Dario Alberto Cabrera et de Martin Andrade, chercheur, professeur d'université et membre de la fondation colombienne Erigaie, qui œuvre pour la protection de la culture immatérielle en Colombie.
Il suffit d'entendre le chef Quessep (Kassab en arabe, le nom ayant été modifié avec l'arrivée des émigrés libanais dans leur terre d'accueil) pour saisir cette idée d'immatérialité dans les recettes de cuisine que l'on passe de génération à l'autre.

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Alex Quessep fait partie de la troisième génération d'émigrés libanais en Colombie. « Mes grands-parents paternels étaient de Batroun, ma grand-mère maternelle de Damas et mon grand-père maternel de Tannourine », dit-il. Aujourd'hui, la Colombie compte plus de trois millions et demi de Colombiens d'origine levantine, libanais, palestiniens et syriens. Le nombre de descendants d'émigrés chrétiens d'origine libanaise s'élèverait à plus d'un million. L'émigration avait commencé à la fin du XIXe siècle, pour fuir l'Empire ottoman.

Mais l'ironie du sort veut que ces Levantins, ayant décidé de quitter leurs pays pour vivre en liberté loin du joug de l'occupation ottomane, soient désignés de « Turcs » par les Colombiens.

Alex Quessep est arrivé jeudi à Beyrouth. Il est le premier de sa famille paternelle à revenir à la terre de ses ancêtres. « J'ai pensé au confort, je suis arrivé au Liban en avion, je loge dans un bel hôtel... Mes aïeux avaient pris le bateau, naviguant des mois durant, pour arriver sur la côte nord de la Colombie. Ils ne connaissaient pas la langue, n'avaient pas d'argent... mais malgré les difficultés, ils ont réussi en faisant du commerce, riches de l'acquis de leurs ancêtres phéniciens », dit-il.

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La cuisine colombienne a quatre influences : indienne des autochtones, espagnole des conquistadores, africaine des esclaves ramenés du plus vieux continent du monde, et arabe des Levantins fuyant l'Empire ottoman. Ils ont introduit nombre d'aliments dans la cuisine colombienne : les plus importants étant les olives, les câpres, l'huile d'olive et le cumin. Et ils ont passé aux habitants l'habitude de manger des légumes crus au point qu'une boutade les définissait déjà au début du siècle dernier : « Les Arabes qui mangent des herbes plus qu'un lapin », note le chef Quessep.
« Aujourd'hui, dans chaque livre de cuisine colombienne, dont la base est constituée notamment de manioc, de maïs et de farine de maïs, de feuilles de banane et de poivrons, on retrouve au moins une dizaine de recettes d'origine libanaise », ajoute-t-il.
« Au nord de la Colombie, sur la côte des Caraïbes, là où les Levantins ont élu domicile, quand on demande quelle est l'origine de la kebbé, la réponse évidente est la Colombie. Les descendants d'émigrés libanais – tout comme les Libanais d'ailleurs – disent que la meilleure kebbé est celle qu'on mange à la maison », poursuit-il.

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Alex Quessep a suivi des cours d'architecture, mais la cuisine libanaise l'a vite rattrapé. « J'ai commencé à cuisiner à l'âge de 11 ans. Pour les familles libanaises, en Colombie, comme ailleurs, tout se passe autour de la table, devant un bon repas », explique-t-il.

Aujourd'hui, il est l'un des trois meilleurs chefs colombiens. Il possède deux restaurants et donne des ateliers dans les zones les plus pauvres du pays sur la sécurité alimentaire, aidant les habitants à utiliser les produits qu'ils ont à leur disposition pour faire la cuisine et manger à leur faim.
Pour lui, « être libanais, c'est être travailleur, généreux, ambitieux et persévérant. Des qualités qui existent aussi chez tous les Colombiens », dit-il.

Il indique également que le Liban est plus beau que ce qu'il avait imaginé, lançant une plaisanterie : « Ici, l'on peut vraiment passer son temps à manger. » Même s'il n'avait jamais mis les pieds au Liban avant jeudi dernier, il indique encore qu'à son arrivée à Beyrouth, il a reconnu son pays car il porte le Liban dans ses gènes.

(Pour mémoire : Ziyad Hermez, fou de man’ouché !)

Mme Georgine el-Chaer Mallat, l'ambassadrice de Colombie au Liban, est également d'origine libanaise. Elle avait publié un livre durant les années quatre-vingt sur les Colombiens ayant des racines libanaises, intitulé L'émeraude était bleue, l'émeraude étant la pierre colombienne par excellence et la couleur bleue étant celle de la Méditerranée.

L'ambassade de Colombie prévoit plusieurs activités pour les mois à venir : en mai, dix poèmes colombiens seront traduits en arabe et lus lors d'une soirée littéraire, et des activités commémorant l'écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez, décédé le 17 avril dernier, seront également organisées.


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