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Liban - Éclairage

L’élection présidentielle, une affaire très peu interne

Journée ordinaire au Liban. Un plan de sécurité à Tripoli où, comme par hasard, les personnes recherchées par la justice sont alertées à temps pour pouvoir disparaître, une voiture piégée avec des moyens ultrasophistiqués attrapée de justesse, des manifestations sociales et des routes coupées pour un oui ou pour un non et un Parlement qui se réunit hors du temps et discute des projets sociaux avec des arrière-pensées politiques. Dans un tout autre pays, un seul de ces événements suffirait à faire l'actualité et à mobiliser les citoyens et les différents pouvoirs, mais, au Liban, même mis tous ensemble, ces événements ne font réagir personne. La grande masse laborieuse que les médias et les forces politiques cherchent à tout prix à mobiliser, pour une cause ou pour une autre, reste amorphe, pratiquement revenue de tout.


Ce constat est d'autant plus triste qu'en réalité, l'actualité est non seulement mouvementée, mais le pays continue de traverser une des périodes les plus délicates de son existence, alors que la vigilance devrait être de mise à tous les niveaux. D'autant qu'en dépit du forcing de Bkerké pour la tenue de l'élection présidentielle à la date prévue, c'est-à-dire avant le 25 mai, et la multiplication des sondages dans les médias pour permettre aux citoyens de choisir le président qu'ils préfèrent, l'échéance présidentielle reste on ne peut plus incertaine. De nombreux analystes pensent, en effet, qu'en dépit du tapage médiatique et de l'effervescence dans les milieux maronites, les développements actuels ne favorisent pas la tenue de l'élection présidentielle dans les délais constitutionnels. La plupart des grands acteurs libanais le savent, mais ils ne peuvent pas le déclarer ni s'incliner devant cette fatalité.


De fait, l'élection présidentielle libanaise n'a jamais – ou très rarement – été une affaire purement interne. Avant l'accord de Taëf, il y avait une série de grands électeurs qui se résumaient grosso modo ainsi : les États-Unis, la France, l'Arabie saoudite et la Syrie. Avec l'adoption de l'accord de Taëf, les acteurs internationaux et régionaux ont diminué pour se limiter à la Syrie et à l'Arabie saoudite. C'est ainsi qu'Élias Hraoui avait été élu à la condition d'amener Rafic Hariri comme Premier ministre, pendant son mandat et pendant la période de prorogation de ce mandat. Même chose pour l'élection du président Émile Lahoud, même si ce dernier a pris des libertés avec les accords régionaux, en poussant, en 1998, Rafic Hariri vers la sortie et c'est Sélim Hoss qui a formé le premier gouvernement du mandat Lahoud, avant de céder rapidement la place à Rafic Hariri de nouveau. Le séisme de 2005 a mis en cause les accords tacites syro-saoudiens au Liban, sans toutefois neutraliser totalement le rôle syrien et c'est ainsi que le président actuel Michel Sleiman a été élu grâce à un compromis qui a eu lieu à Doha, certes, mais qui avait obtenu l'aval de tous les acteurs régionaux et internationaux impliqués sur la scène libanaise.


Aujourd'hui, les données sont différentes. Et s'il est vrai que la Syrie n'est plus ce qu'elle était après trois ans d'une guerre sans merci sur son territoire, il est malgré tout certain que l'évolution de la situation en Syrie aura forcément des répercussions sur le Liban. Si l'opposition parvient ainsi à faire chuter le régime, cela aura des répercussions sur la situation interne au Liban et si le régime parvient à reprendre le contrôle du pays, cela aussi aura des répercussions sur la situation au Liban. Le grand problème, c'est que justement, rien n'indique que dans les deux prochains mois la situation en Syrie est appelée à connaître des développements décisifs. De plus, s'il est clair qu'il faut désormais ajouter l'Iran aux acteurs régionaux et internationaux sur la scène libanaise, ce pays n'est pas en mesure d'imposer son candidat, même s'il peut entraver l'élection d'un candidat hostile à son camp. C'est d'ailleurs le cas de la plupart des acteurs régionaux et internationaux : aucun d'eux n'est en mesure d'imposer son candidat mais tous peuvent entraver l'élection d'un candidat qui ne leur plaît pas. Si l'accord entre l'Occident – et plus particulièrement les États-Unis – et l'Iran se précise, il pourrait dans la foulée favoriser une élection présidentielle au Liban. Hélas, cet accord progresse très lentement et ce n'est qu'en juin qu'il devrait y avoir une première évaluation de l'accord intérimaire de six mois.

De même, la visite du président américain en Arabie saoudite n'a pas apporté de changements significatifs dans l'attitude des deux camps. Le roi Abdallah prépare sa succession et continue de vouloir renverser les rapports de force sur le terrain en Syrie, alors que le président américain continue de s'opposer à l'équipement de l'opposition en missiles sophistiqués sol-air, tout comme il n'a pas voulu promettre aux dirigeants saoudiens de suspendre l'ouverture de l'Iran, se contentant de leur dire que cette ouverture ne remet pas en cause l'alliance stratégique entre Washington et Riyad.


Tout cela pour dire que dans cette période transitoire, où les scénarios régionaux restent flous, aucun camp n'est prêt à faire une concession en faveur de l'autre au sujet de l'échéance présidentielle, puisque chacun croit qu'il est encore possible de renverser la situation. Dans ce contexte, des milieux diplomatiques affirment que la priorité pour la communauté internationale est de maintenir un minimum de stabilité au Liban. C'est pourquoi il fallait à tout prix former un gouvernement regroupant toutes les parties pour tenir les rênes du pouvoir en cas de vacance à la tête du pouvoir, et surtout consolider le rôle de l'armée pour lui permettre de maintenir le calme... le temps de voir dans quel sens la situation régionale et internationale va évoluer...

 

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Journée ordinaire au Liban. Un plan de sécurité à Tripoli où, comme par hasard, les personnes recherchées par la justice sont alertées à temps pour pouvoir disparaître, une voiture piégée avec des moyens ultrasophistiqués attrapée de justesse, des manifestations sociales et des routes coupées pour un oui ou pour un non et un Parlement qui se réunit hors du temps et discute des...

commentaires (3)

Si on doit expliquer les choses avec calme et sérénité , on dira que l'offensive sur la Syrie en 2011 n'a pas porté ses fruits, les objectifs recherchés ne sont pas atteints , clairement ce qui devait être réglé en 3 ou 6 mois aux dires des occicons alliés des binsaouds tourne à la cata pour eux .Ce scénario a été utilisé en 2006 où rappelons nous, olmert nous annonçait le fin de la résistance du hezb en 5, puis 10, puis 15 ou 20 jours , et on connait par la suite qu'il a fini par se faire sauver par le gong du machin actionné par bolton, pour lui même finir , on le souhaite , en taule bientôt . Il n'y a que les cervelles endommagées pour pas voir et surtout comprendre que les choses ne prennent pas la direction souhaitée par les occicons , les destructions elles sont là c'est triste évidemment , mais en fin de compte seules les résistances armées portent des fruits d'une saveur inégalable , le vrai désordre est dans le camp des comploteurs , pas du côté des résistances , faut juste ouvrir/fermer les yeux et humer l'air d'une victoire proche, très proche !Tout ce qui ne vous tue pas vous rend fort !

FRIK-A-FRAK

12 h 02, le 02 avril 2014

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Commentaires (3)

  • Si on doit expliquer les choses avec calme et sérénité , on dira que l'offensive sur la Syrie en 2011 n'a pas porté ses fruits, les objectifs recherchés ne sont pas atteints , clairement ce qui devait être réglé en 3 ou 6 mois aux dires des occicons alliés des binsaouds tourne à la cata pour eux .Ce scénario a été utilisé en 2006 où rappelons nous, olmert nous annonçait le fin de la résistance du hezb en 5, puis 10, puis 15 ou 20 jours , et on connait par la suite qu'il a fini par se faire sauver par le gong du machin actionné par bolton, pour lui même finir , on le souhaite , en taule bientôt . Il n'y a que les cervelles endommagées pour pas voir et surtout comprendre que les choses ne prennent pas la direction souhaitée par les occicons , les destructions elles sont là c'est triste évidemment , mais en fin de compte seules les résistances armées portent des fruits d'une saveur inégalable , le vrai désordre est dans le camp des comploteurs , pas du côté des résistances , faut juste ouvrir/fermer les yeux et humer l'air d'une victoire proche, très proche !Tout ce qui ne vous tue pas vous rend fort !

    FRIK-A-FRAK

    12 h 02, le 02 avril 2014

  • Pour ce qui est des inaltérables cancres quand même zaïïms et Malsains en 8 qui œuvrent, un œil sur leurs pseudo-valeurs et l’autre sur la ligne de front des présidentielles élections, ceci n’est pas sans les affecter d’un strabisme divergeant. Leur pouvoir dépassé se définissait jadis, c’est archi connu, comme la possibilité d’en abuser ! Ce n’est même plus vrai, étant donné l’impuissance dorénavant de leur bääSSdiot d’à côté, ce qui a pour conséquence qu’ils ont perdu de leur "charme" suranné ante. Comme quoi. Et au sein de cette Marelle ministérielle, leur pouvoir semble se réduire à soupeser le danger Sain libanais pour le comparer à celui Sain émanant depuis de sœur-syrie. Et à évaluer la possibilité de diminuer…. et l’un et l’autre ! Cela fait, il leur reste à concilier l’usage du frein de la Sanité et celui de l’accélérateur de leur Malsanité. Le temps venu, ils napperont le tout d’une rhétorique appropriée, suggérée par leurs séides et affidés dithyrambiques qui n’oublient jamais que la parole leur a sans doute été donnée pour dissimuler leurs horribles pensées. S’il fallait illustrer le considérable rejet dont ils sont "victimes", ces puînés ; sous toutes leurs formes bizarroïdes et couleurs bigarrées ; il n’est que de se référer aux offenses des Sains, Syriens et Libanais qui, ces temps derniers, s’offrent en rafale à leur encontre en plein dans le faciès à dents cariées.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 58, le 02 avril 2014

  • UNE AUTRE ANALYSE OBJECTIVE... LA DEUXIÈME... SANS SOURCES ET AFFULENTS... BRAVO MADAME SCARLETT HADDAD. TOUT CE QUE VOUS DITES EST VRAI ! JE LE RÉSUME EN... LES VENDEURS ET LE CLIENT... OU... ET JE M'EXCUSE D'AVANCE DU MOT : LE BORDEL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 48, le 02 avril 2014

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