Le chef de l’État libanais, Michel Sleiman, a indiqué mardi devant le sommet arabe de Koweït que le Liban privilégie la logique du dialogue en ce qui concerne la crise syrienne et encourage tous les efforts visant à trouver une solution politique et consensuelle loin de toute intervention militaire étrangère. M. Sleiman a en outre souhaité la libération de tous les otages, notamment les deux évêques syriens Boulos Yazigi et Youhanna Ibrahim.
Évoquant la crise des réfugiés syriens au Liban, Michel Sleiman a exhorté les pays arabes à répartir leur grand nombre sur leurs propres territoires ou dans des régions sûres de la Syrie, évoquant la responsabilité humaine et internationale à leur égard.
"Le Liban n'est plus capable de recevoir davantage de réfugiés qui constituent aujourd'hui 32% de sa population", a déclaré M. Sleiman. Cette crise pourrait amener le Liban à prendre des mesures légales pour arrêter le flux de ces déplacés". Les retombées du conflit "menacent le Liban dans sa propre existence", a-t-il prévenu. M. Sleiman a dans ce contexte noté que la présence des réfugiés syriens ne peut être que provisoire et que cette responsabilité n'incombe pas exclusivement aux pays voisins de la Syrie.
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A la fin de son discours, le chef de l'État libanais a été remercié par l'émir du Koweït qui l'a gratifié d'un lapsus assez remarqué l'appelant "Michel Aoun Sleiman".
Depuis mars 2011, le conflit en Syrie, où une révolte pacifique s'est transformée en insurrection armée face à la répression menée par le régime, a fait plus de 146.000 morts et quelque 9 millions de réfugiés et déplacés.
Le roi Abdallah II de Jordanie a de son côté qualifié de "catastrophiques" les retombées de la guerre à l'étranger, en particulier sur son pays qui, a-t-il dit, accueille à lui seul 1,3 million de réfugiés.
Des armes sophistiquées
L'opposition syrienne a pour sa part réclamé des armes sophistiquées, tout comme Riyad qui a accusé la communauté internationale d'avoir lâché les rebelles, dans un conflit qui dure depuis plus de trois ans.
"Je vous appelle à faire pression sur la communauté internationale afin qu'elle fournisse des armes sophistiquées aux combattants de l'opposition", a déclaré le chef de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, devant le sommet. L'opposition syrienne, divisée, n'arrive pas à remporter de victoire décisive face aux troupes du régime de Bachar el-Assad alors que le conflit est entré mi-mars dans sa quatrième année.
Lors du discours du chef de l'opposition syrienne, le ministre libanais des Finances, Ali Hassan Khalil, s'est retiré de la salle. "Je me suis retiré de la salle où se tient le sommet arabe au Koweït lors du discours de Jarba conformément avec mes convictions et mes obligations", a écrit, sur son compte Twitter, le responsable libanais, membre du mouvement chiite Amal, le courant de Nabih Berry.
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L'Arabie saoudite, principal soutien de l'opposition, a abondé dans le même sens que M. Jarba, par la voix de son prince héritier, Salmane ben Abdel Aziz. "Pour sortir de l'impasse en Syrie, il faut favoriser un changement des rapports de force sur le terrain, en apportant le soutien que mérite l'opposition, représentant légitime du peuple syrien", a-t-il déclaré.
Selon des sources de l'opposition syrienne, les États-Unis imposent jusqu'ici un veto sur la fourniture d'armes anti-aériennes et anti-chars par leurs alliés aux rebelles, de crainte qu'elles ne tombent aux mains d'extrémistes.
L'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi a quant à lui répété la position de l'ONU, selon laquelle il n'y a pas de solution militaire au conflit, appelant à arrêter "le flot des armes en direction de toutes les parties".
Trahison
Cette position de l'ONU est perçue comme un signe d'indifférence de la communauté internationale au drame syrien, ce qui a fait dire au prince héritier saoudien que l'opposition syrienne avait été trahie. "La résistance syrienne légitime a été trahie par la communauté internationale, qui en a fait une proie facile livrée à des forces iniques", a-t-il affirmé. "La Syrie est devenue un champ ouvert où sont menées toutes formes de tuerie et de destruction par un régime inique, avec la participation de parties étrangères et de groupes terroristes armés venus de partout", a-t-il ajouté en référence aux jihadistes radicaux.
Le prince Salmane s'est par ailleurs dit "surpris" par le fait que la Coalition de l'opposition nationale syrienne ne pouvait occuper le siège de la Syrie au sommet arabe. "Il faut remédier à cette situation (...) pour adresser un message fort à la communauté internationale afin qu'elle change d'attitude face à la crise syrienne", a-t-il ajouté. Peu après la séance d'ouverture, le prince héritier saoudien a regagné son pays sans attendre la fin des travaux du sommet, prévus en principe pour durer deux jours.
Ahmad Jarba a également critiqué la décision des Arabes de ne pas accorder à l'opposition le siège de la Syrie à la Ligue arabe, resté vacant depuis la suspension du régime de Damas en 2011. "Le fait de garder le siège de la Syrie à la Ligue arabe vacant est un message au régime d'Assad, l'encourageant à continuer à tuer les Syriens", a-t-il martelé.
Le siège de la Syrie, vide, lors du sommet de la Ligue arabe au Koweït, le 25 mars 2014. REUTERS/Hamad Mohammed
Le siège de la Syrie restera vacant jusqu'à ce que l'opposition établisse un gouvernement, avait déclaré le 9 mars le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi. Une nouvelle fois à Koweït, l'Irak et l'Algérie se sont opposés à l'octroi du siège de la Syrie à l'opposition alors que le Liban exprimait ses réserves. M. Jarba n'a pas tenu compte de cette opposition, appelant aussi les Arabes à remettre les ambassades syriennes à l'opposition.
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Les divergences ne sont pas abordées
La récente escalade de tension entre le Qatar d'une part, l’Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn de l'autre, n'a pas été retenue au menu du sommet, qui doit s'achever mercredi. Mais les divergences inter-arabes semblent avoir influencé le niveau de représentation, seuls 13 des 22 membres de la Ligue étant représentés par leurs chefs d’État.
L'Arabie saoudite, les Émirats et Bahreïn ont rappelé début mars leurs ambassadeurs de Doha pour protester contre ce qu'ils considèrent comme des ingérences du Qatar dans leurs affaires, et contre son soutien inconditionnel aux Frères musulmans, que Le Caire et Riyad considèrent comme une "organisation terroriste".
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A cet égard, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani a tenu des propos conciliants: "Nous soulignons les relations de fraternité qui nous lient à l’Égypte, la grande sœur, à laquelle nous souhaitons la stabilité politique et tout le bien à son peuple". Le Qatar, a-t-il ajouté, "respecte le choix du peuple égyptien" mais souhaite que les autorités du Caire favorisent "un dialogue global", devant inclure les Frères musulmans.
Le président égyptien Adly Mansour, sans nommer la confrérie, a, lui, appelé à une lutte sans concession contre l'extrémisme, demandant l'activation du traité arabe de lutte contre le terrorisme datant de 1998.
Enfin, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé ses homologues à ignorer la demande d'Israël d'être considéré comme un État juif, que le sommet s'apprête à rejeter.
Selon le projet de résolution finale du sommet, dont l'AFP a obtenu une copie, les chefs d’États arabes proclameront leur "refus absolu et catégorique de reconnaître Israël comme un État juif" et leur "rejet de toutes les pressions exercées à cet effet sur la direction palestinienne", en allusion à l'administration américaine qui tente d'assurer la poursuite des négociations de paix.
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commentaires (4)
CE QUI MENACE LE LIBAN DANS SON EXISTENCE CE N'EST NI LE CONFLIT SYRIEN NI TOUT AUTRE... C'EST L'ALLÉGEANCE, DE TOUS SES ABRUTIS ÉLUS ET PSEUDO-CHEFS, À DES ETATS OCCIDENTAUX, ORIENTAUX, AFRICAINS, ET JUSQU'AUX SIMULACRES DE PAYS LES PLUS BANANIENS, ATOLLIENS ET CRABIENS DU MONDE, AVANT LEUR APPARTENANCE À LEUR PROPRE PAYS. LE MAL EST LÀ... ET SON ÉRADICATION PASSE PAR : UN BON ET RAPIDE DÉBARRAS DE TOUS CES ABRUTIS !
LA LIBRE EXPRESSION
15 h 52, le 26 mars 2014