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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Les monarchies du Golfe en pleine crise de nerfs ; le Qatar isolé

L'Arabie, les Émirats arabes unis et Bahreïn retirent leurs ambassadeurs de Doha, accusé de soutenir les islamistes dans les pays voisins.

Une crise sans précédent a éclaté au sein du club des monarchies arabes du Golfe, dont trois membres, conduits par l'Arabie saoudite, ont décidé hier d'isoler le Qatar.
L'Arabie, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont ainsi rappelé leurs ambassadeurs au Qatar, reprochant à Doha ses ingérences dans les affaires de ses voisins, une première dans l'histoire du Conseil de coopération du Golfe (CCG : Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Qatar et le sultanat d'Oman). Au Koweït, président en exercice du CCG, le président du Parlement Marzouk al-Ghanem s'est dit « très inquiété » par le rappel des ambassadeurs, émettant l'espoir que « cette mesure n'affectera pas le sommet arabe » prévu fin mars à Koweït.
De son côté, Doha a aussitôt « regretté » cette décision et affirmé qu'il n'allait pas retirer ses ambassadeurs des trois pays. Dans un communiqué, le Qatar a évoqué « des divergences » sur des questions régionales et affirmé sa détermination à « respecter ses engagements au sein du CCG, y compris concernant sa stabilité et la sécurité de ses membres ».
Le retrait des ambassadeurs a été annoncé au lendemain d'une réunion, « houleuse » selon la presse, des ministres des Affaires étrangères du CCG à Riyad. « Les pays du CCG ont tout fait auprès du Qatar pour s'entendre sur une politique unifiée (...) garantissant la non-ingérence de façon directe ou indirecte dans les affaires internes de chacun des pays membres », affirment dans un communiqué commun les trois pays. Ils ont demandé au Qatar de « ne soutenir aucune action de nature à menacer la sécurité et la stabilité des États membres », citant notamment les campagnes dans les médias, une allusion à al-Jazira. Cette chaîne, outil de la diplomatie du Qatar, a toujours exaspéré les pays de la région et, selon les experts, elle s'emploie à soutenir les islamistes, notamment en Égypte.

Différends exacerbés
Le communiqué souligne qu'en dépit de l'engagement pris par l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, lors d'un minisommet avec l'émir du Koweït et le roi d'Arabie à Riyad en novembre, son pays ne l'a pas respecté. Ce mini-sommet, à l'initiative de l'émir du Koweït cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, était destiné à surmonter le profond désaccord entre Doha d'une part et Riyad, Abou Dhabi et Manama de l'autre sur la conduite à suivre face au nouveau pouvoir installé par l'armée en Égypte en juillet 2013 après l'éviction du président islamiste Mohammad Morsi.
« Les trois pays ont perdu tout espoir d'un changement de la politique du Qatar. Ils ont été profondément déçus », a estimé l'analyste émirati Abdelkhaleq Abdallah. « L'émir du Qatar n'a pas pu honorer son engagement (...) et il semble que la vieille garde est toujours active et influente au Qatar », a-t-il estimé, évoquant l'entourage de cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, qui avait abdiqué en juin en faveur de son fils, Tamim. Pour Riyad, Abou Dhabi et Manama, « il est temps d'exercer des pressions sur le Qatar dans l'espoir que l'isolement de ce pays l'amène à changer sa politique, désormais inacceptable aux plans arabe et régional », a indiqué M. Abdallah.
Ce richissime pays gazier, dont la diplomatie a pris une dimension démesurée dans la foulée du printemps arabe, s'est ainsi rangé ouvertement du côté des Frères musulmans écartés du pouvoir en Égypte, tandis que les trois autres pays ont apporté un soutien massif tant politique que financier au nouveau pouvoir égyptien. Outre ce dossier, le Qatar est soupçonné par ses trois voisins de soutenir les islamistes proches des Frères musulmans dans leurs pays, dont des dizaines ont été condamnés à la prison aux Émirats arabes unis. La crise, qui couvait depuis plusieurs mois, s'était déjà manifestée en février par le rappel par les Émirats de leur ambassadeur à Doha, pour protester contre des propos de l'influent prédicateur islamiste Youssef al-Qaradaoui, accusant Abou Dhabi d'hostilité envers les Frères musulmans.
(Source : AFP)

Une crise sans précédent a éclaté au sein du club des monarchies arabes du Golfe, dont trois membres, conduits par l'Arabie saoudite, ont décidé hier d'isoler le Qatar.L'Arabie, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont ainsi rappelé leurs ambassadeurs au Qatar, reprochant à Doha ses ingérences dans les affaires de ses voisins, une première dans l'histoire du Conseil de coopération du...

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