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Liban - Rencontre

Raï : Le prochain président doit être exceptionnel

C'est un patriarche remonté à bloc, totalement mobilisé pour tenter de sortir le Liban et les chrétiens de cette crise sans précédent, qui a reçu hier une délégation du Conseil de l'ordre des journalistes présidé par Élias Aoun.

Le patriarche Raï entouré de la délégation de l’ordre des journalistes. Photo Émile Eid

Conscient de l'importance du rôle des médias dans cette période délicate, le cardinal Béchara Raï a accordé aux journalistes un entretien de plus d'une heure, en dépit des nombreux visiteurs du siège patriarcal à Bkerké. Le patriarche est soucieux d'expliquer le point de vue de l'Église et surtout de contribuer à sa manière à rappeler aux Libanais les constantes qui sont à la base de la naissance de la patrie et qui sont parfois occultées par la classe politique et par les développements sur le terrain.


Chaleureux, prenant le temps de s'enquérir de chacun, le patriarche Raï a aussi de l'humour puisqu'il demande, avant d'entamer l'entretien, d'un ton faussement innocent : « Les journalistes ne comptent-ils pas avoir leur candidat à la présidence ? »... Le sujet de l'heure est ainsi lancé. Le patriarche maronite est catégorique : l'élection présidentielle doit avoir lieu à la date prévue. Selon lui, ce n'est pas discutable et il ne faut même pas envisager la possibilité d'une vacance du pouvoir. « Ce terme ne doit pas exister ni dans notre vocabulaire ni dans nos esprits », dit-il avant d'ajouter qu'il tient ce discours avec tous ses interlocuteurs, y compris les ambassadeurs étrangers et arabes. Mgr Raï insiste encore : « Ne pas élire un président signifie couper la tête du pays. Comment le corps peut-il continuer à vivre sans sa tête ? C'est la présidence qui donne la légalité à toutes les institutions de l'État. Ne pas élire un président est une honte pour le Liban et les Libanais. C'est une atteinte à notre dignité. »

 

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Interrogé sur le fait que le président du Liban pourrait être élu par l'étranger, le patriarche maronite refuse d'entrer dans un tel débat. Selon lui, il est certain que le président du Liban doit avoir de bonnes relations avec la communauté internationale et avec les pays arabes, mais ce sont les Libanais qui doivent élire leur président. « D'autant, précise-t-il, que dans la Constitution, il est dit que le peuple est la source de tous les pouvoirs. » Il faut donc que le peuple choisisse, peut-être sur la base d'un sondage crédible et objectif. Mais selon le patriarche, pour cela, il faudrait qu'il y ait des candidatures claires, avec des programmes précis pour que les Libanais puissent faire leur choix. « Je ne comprends pas, dit-il, pourquoi il n'y a pas de candidatures déclarées. Est-ce une devinette ? » Le cardinal Raï affirme ensuite que l'élection d'un président n'est pas comme celle d'un patriarche. Pour élire le patriarche, les évêques se réunissent en conclave et prient et il y a une inspiration divine qui intervient. Mais dans l'élection présidentielle, ce sont les députés qui doivent voter et ils doivent donc prendre conscience de l'importance de leur décision.


Pour le patriarche Raï, le futur président doit être « un homme exceptionnel », car son mandat, qui doit commencer le 25 mai 2014, expire en 2020, date du centenaire de la création du Grand Liban. C'est une date particulièrement importante, car à ce moment-là, les Libanais devront prouver que le modèle libanais est encore vivant et qu'il continue à être une nécessité pour la région et peut-être pour le monde. Pour pouvoir mener à bien cette mission, c'est-à-dire rassembler les fils du pays, rapprocher les points de vue en rassemblant tout le monde autour de l'État, le président devrait avoir des qualités exceptionnelles, souligne Mgr Raï.

 

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En ce qui concerne le rôle de Bkerké, le patriarche affirme que la commission de suivi, formée des représentants des quatre leaders maronites, est en train de se réunir régulièrement avec le représentant du patriarcat pour tenter de dégager une approche commune entre les leaders maronites au sujet de l'échéance présidentielle. L'idée principale est de pousser les députés chrétiens à se rendre à la séance parlementaire destinée à élire un président pour assurer le quorum requis et, ensuite, que les députés fassent leur choix. Le patriarche précise qu'il n'y a pas encore d'accord mais les discussions avancent.


En réponse à une question sur la plaie béante de Tripoli, le patriarche Raï confie avoir reçu une délégation de Tripolitains (non chrétiens) qui lui ont parlé de la tragédie au quotidien que vit la ville. Mais il précise que les Tripolitains lui ont dit que le vrai problème vient des hommes politiques, qui reçoivent des financements de l'étranger... Le patriarche lance ainsi un appel aux hommes politiques de Tripoli (et du Liban en général), leur demandant de revenir à leur conscience et de ne pas se contenter de réunions pour la forme, en cherchant plutôt à ramener réellement le calme dans la ville. Dans ce contexte, le patriarche est offusqué par les attaques contre l'armée libanaise, qui protège le Liban et les Libanais.

 

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« Inciter la foule contre elle, c'est contribuer à détruire le toit de la maison sur les habitants », dit-il. Il faut signaler ici que le patriarche maronite s'est rendu à Tripoli après le double attentat à la voiture piégée devant les mosquées, dans un souci d'exprimer sa condamnation de tels actes et sa solidarité avec les habitants de la ville. Le patriarche insiste ainsi pour condamner toute agression et toute tentative de déstabilisation dans toutes les régions du pays. Il revient sur la nécessité de prendre une décision claire d'appui à l'armée, tout en retirant toute couverture politique à ceux qui commettent des infractions.


Il rappelle encore que le Liban a un rôle primordial dans la région. Il ne doit pas le perdre et les Libanais ont un rôle-clé dans la préservation de ce rôle. Il invite aussi les médias à étudier le document élaboré par Bkerké et à le discuter, précisant que ce document est le fruit de concertations et de réflexions. Il a été longtemps mûri avant d'être adopté par les évêques, a précisé le patriarche.

 

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Conscient de l'importance du rôle des médias dans cette période délicate, le cardinal Béchara Raï a accordé aux journalistes un entretien de plus d'une heure, en dépit des nombreux visiteurs du siège patriarcal à Bkerké. Le patriarche est soucieux d'expliquer le point de vue de l'Église et surtout de contribuer à sa manière à rappeler aux Libanais les constantes qui sont à la base...

commentaires (8)

MAIS SI ON PENSERAIT À MOI... JE M'EXCUSE D'AVANCE. JE NE SUIS NI ATOLLIEN ET NI CRABIEN !

LA LIBRE EXPRESSION

20 h 57, le 21 mars 2014

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Commentaires (8)

  • MAIS SI ON PENSERAIT À MOI... JE M'EXCUSE D'AVANCE. JE NE SUIS NI ATOLLIEN ET NI CRABIEN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 57, le 21 mars 2014

  • POUR PRÉSIDENT EXCEPTIONNEL... IL FAUT CHERCHER PARMI LES LIBANAIS DE LA DIASPORA... VRAIS LIBANAIS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 39, le 21 mars 2014

  • QUE LES CANDIDATS SE PRÉSENTENT ET QUE L'ÉLECTION SOIT DÉMOCRATIQUE ET NON PRÉTENDUE CONSENSUELLE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 10, le 21 mars 2014

  • HABEMUS PATRIARCA ! Habemus Presidente de la Repubblica libanese ! Signor Commandante Kheneral eccezionale FARO AOUN . Grazie mille Patriarca RaÏ. Lunga vida !

    FRIK-A-FRAK

    10 h 02, le 21 mars 2014

  • çà tombe sous le sens...ceci étant,le Liban est plus que jamais un drôle de phénomène.Depuis 45 ans,ce pays a tout connu,tout vu,tout subi...les occupations,les guerres,les réoccupations,les re guerres,les attentats,les assassinats,l'absence de gouvernement,les gouvernements qui ne gouvernent rien, et encore d'autres guerres,à l'extérieur, et qui dérapent vers l'intérieur...et Le Liban est toujours là,en dépit de tout,malgré tout,et au grand dam de beaucoup.Et je ne mentionne que pour mémoire le tiers d'étrangers sur le total des habitants!Alors,against all odds,nous avons des raisons d'espérer.Moi,mon "tryptique,c'est un président fort,un peuple fort,une armée forte.Et pourquoi diable cela serait il impossible? mech ma3'oul n'est pas Libanais!

    GEDEON Christian

    09 h 55, le 21 mars 2014

  • Non, non, ça ne marche pas ! Le patriarche n'a pas dit, comme les députés -infaillibles- du Hezbollah, que la "résistance" fait partie de la Constitution, et même plus que l'institution de la présidence de la République.

    Halim Abou Chacra

    05 h 36, le 21 mars 2014

  • Ils ont autres choses à faire que de biaiser comme ils le font généralement si bien car, pour eux, être "journaleux", c’est exprimer juste une banale opinion rien de plus. Mais la différence entre des jugements de valeur, ce n’est pas leur auteur mais leur substance... Et rien ne saurait troubler leur parfaite félicité, au moment de leur indépassable et inénarrable passage devant les flashes des photographes. Ce contentement béat permanent leur joue d’ailleurs souvent plein de tours. Ainsi, quand certains Niais s’interrogent sur le bien- fondé d’être quelqu’un de Sain, ils réagissent avec de grands éclats de rire ! Il ne leur passera jamais à l’esprit, l’idée d’admettre qu’ils auraient dû se faire violence et réagir en tant que "Journalistes" ! Et loin de quiconque l’idée de les accabler. Chez eux, l’autopromotion sans complexe ne dure que le temps d’1 simple éternité, et qui ne s’arrête que quand les flashes finissent par s’éteindre. En général, les beaux télégéniques pourront sans crainte continuer l'autopromotion sur les plateaux et dans des "Papiers?", pour y présenter en toute quiétude des produits de très moyenne qualité. Aucune remarque impertinente ne viendra perturber leur publicité. Heureusement pour les éléments Sains du reste de la population indigène, il reste Internet où, pour le meilleur et pour le pire, personne n’hésite par contre à donner son Sain avis ; "hygiénique", lui !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    05 h 11, le 21 mars 2014

  • "Râëéhhh affirme que l'élection d'un président n'est pas comme celle d'un patriarche. Pour élire le patriarche, les évêques se réunissent en conclave et prient et v'là qu'une inspiration divine intervient ...." ! Ceci dit ; et par certains, "cru" ; le plus sérieusement du monde en sus !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 03, le 21 mars 2014

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