Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban

Parlement : poursuite des débats et vote de confiance demain, place de l’Étoile

Les FL n'accorderont pas leur confiance au gouvernement Salam ; la Jamaa Islamiya s'abstiendra.

Le débat de confiance a débuté mercredi au Parlement place de l'Etoile, à l'ombre d'importantes mesures de sécurité. Photo Nasser Trabulsi

Une journée marathon de débats parlementaires sur la déclaration ministérielle s'est achevée mercredi soir après la prise de parole d'une vingtaine de députés, place de l’Étoile. Les débats seront poursuivis demain jeudi, à 10h30, puis clôturés par le vote de confiance au gouvernement, précédé d'une intervention du Premier ministre Tammam Salam.

Parmi ceux qui ont pris la parole lors de la séance du soir, le député du Futur Mohammad Kabbara qui a estimé que l'intérêt national suppose que l’État n'ait aucun partenaire dans le pouvoir. Selon lui, la déclaration ministérielle ne propose aucune solution aux problématiques concernant l'autorité de l’État et les armes illégales.

Critiquant l'implication de "certains ministres au sein de ce gouvernement dans la guerre en Syrie" et ses répercussions "dramatiques" sur le pays, le député de Tripoli a déclaré : "Les Tripolitains veulent l’État, la sécurité et une vie digne loin de toute humiliation". M. Kabbara a néanmoins accordé sa confiance au gouvernement, car à ses yeux "le vide est plus dangereux".

Le député du Hezbollah, Ali Ammar, a interrompu l'intervention de M. Kabbara en clamant : "Nous sommes restés patients depuis le début des débats par respect pour l'intérêt national, mais certains ont mal interprété notre silence y voyant un signe de faiblesse". S'adressant aux députés, M. Ammar a ajouté : "Vous n'êtes pas nos ennemis, notre seul ennemi est Israël". "Dites ce que vous voulez au niveau politique, mais ne nous traitez pas, par vos paroles, comme des non Libanais, a poursuivi le député. Je vous jure que notre silence est un devoir imposé par notre volonté de préserver l'intérêt national".

Le député des Marada, Estéphan Doueihi, député de Zghorta (bloc Frangié), a pour sa part précédé son discours d'un signe de la croix et du traditionnel : "Au nom du père, du fils et du saint-esprit". Le député a rejeté toute prorogation du mandat du chef de l'État Michel Sleiman, comme il s'est déclaré en faveur d'une reprise du dialogue au sein du Parlement et non au palais de Baabda. Le député a enfin laissé au président du Parlement Nabih Berry et au chef des Marada Sleiman Frangié la décision d'accorder ou non la confiance au gouvernement de Tammam Salam.

 

Les FL refusent d'accorder leur confiance
Les débats de la séance matinale se sont, eux, déroulés dans une atmosphère détendue à l'exception de quelques échanges acerbes entre l'ancien Premier ministre Nagib Mikati et le député du courant du Futur Serge Ter Sarkissian.

Ouvrant la séance, le Premier ministre libanais, Tammam Salam, a souligné la nécessité de répondre rapidement aux développements sécuritaires dans plusieurs régions libanaises. Après des mois de crise politique, le gouvernement de M. Salam devrait obtenir une investiture qui lui est d'ores et déjà très largement acquise.

La chute de Yabroud, en Syrie, et la persistance du bombardement de la région de Ersal et de son jurd par l'aviation syrienne, dans la Békaa, ont fini par exacerber la colère de la rue sunnite aux quatre coins du pays. Du nord au sud, en passant par la Békaa et Beyrouth, quelque cinquante routes et artères principales du pays ont ainsi été coupées mardi  soir au moyen de pneus brûlés,  de remblais de sable et de chevaux de frise ; il y a même eu des affrontements à Beyrouth, qui ont coûté la vie à un homme, à Kaskas.

 

"Il est impératif de traiter ces développements d'une façon efficace et rapide. Ce qui se passe à Tripoli est rejeté par les habitants de cette ville", a déclaré M. Salam qui venait d'assister à une réunion sécuritaire présidée par le chef de l’État Michel Sleiman. La capitale du Liban-Nord est le théâtre d'un énième round de violences meurtrières entre les quartiers historiquement rivaux de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, depuis jeudi dernier.

"Si l'autorité de l’État n'est pas rétablie, nous allons vers notre perte et celle du pays", a martelé M. Salam, avant de donner lecture de la déclaration ministérielle.

Prenant ensuite la parole, l'ancien Premier ministre, Nagib Mikati, a lancé un appel similaire. "Le Liban est entouré d'une ceinture explosive de dangers et de défis. Au sud, c'est le danger israélien, dans la Békaa, à Ersal et dans le nord, notre terre prend la couleur du sang du conflit syrien qui a rendu notre pays exsangue", a déclaré M. Mikati. "Les jeunes Libanais sont dans l'œil du cyclone. Nous sommes face à des échéances importantes, dont la présidentielle que nous voulons tenir dans les délais. Nous voulons aussi la reprise du dialogue national", a-t-il ajouté, en soulignant qu'il accordera la confiance au gouvernement.

Le député Ibrahim Kanaan, a lui aussi annoncé, sans surprise, que le bloc du Changement et de la réforme accordera la confiance au gouvernement de Tammam Salam. "Nous demandons trois choses à ce gouvernement : qu'il rétablisse la sécurité au Liban en soutenant les services de sécurité, qu'il accélère l'attribution des appels d'offres dans le domaine du pétrole et qu'il gère l'élection présidentielle dans les délais", a souligné M. Kanaan.

Revenant également sur les questions sécuritaires, le député du courant du Futur, Mohammad Kabbani, a appelé à faire de Tripoli une ville démilitarisée et a affirmé que les habitants de Ersal soutenaient les mesures de l'armée dans cette localité sunnite. Le député, qui a aussi demandé la levée du secret bancaire sur les comptes des responsables politiques et des fonctionnaires de l’État, a dit qu'il accordera sa confiance au gouvernement.

Après avoir appelé à une réconciliation nationale et à une élection présidentielle dans les délais, le député du Parti socialiste progressiste (PSP), Alaëddine Terro, a lui aussi indiqué que le bloc parlementaire du Front de lutte nationale accordera sa confiance au gouvernement.

Le bloc des Forces libanaises a, par la voix de Sethrida Geagea, souligné son refus d'accorder la confiance à un gouvernement dont il ne fait par partie. "Nous sommes en présence de frontières poreuses qui laissent passer le conflit syrien au Liban. Cette situation porte atteinte à la sécurité et à l'économie", a déclaré Mme Geagea, épouse du leader des FL Samir Geagea, insistant sur la "situation désastreuse" dans laquelle se trouve le pays". "Nous demandons un retour à l'autorité de l’État. Mais comment pouvons-nous demander à l’État de rétablir la sécurité alors que la décision stratégique n'est pas entre ses mains", s'est interrogée la députée. "Est-ce que cette déclaration ministérielle mettra un terme aux attentats ? Est-ce que cette déclaration ministérielle améliorera les conditions de vie des citoyens ? Est-ce que cette déclaration ministérielle mettra un terme aux îlots sécuritaires ?", s'est encore demandée Mme Geagea.

Le député de la Jamaa Islamiya, Imad el-Hout, a pour sa part annoncé qu'il s’abstiendra de voter.

La déclaration ministérielle a été adoptée par le gouvernement vendredi dernier, après une entente sur une  formule compromissoire permettant de passer outre le blocage sur la relation entre le droit à la "résistance " et la reconnaissance de l'État comme autorité de référence.

La formule adoptée au terme du Conseil des ministres est la suivante : "Le devoir de l'État et ses efforts en vue de la libération des fermes de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de la partie libanaise de Ghajar par l'ensemble des moyens légitimes, en soulignant le droit des citoyens libanais à résister à l'occupation, repousser les agressions israéliennes et recouvrer les territoires occupés." La formule concilie donc les deux logiques, en glissant l'expression "le devoir de l'État » dans le texte, sans omettre le droit à la résistance, et remplace la formule "le droit du peuple libanais à résister" par "le droit des citoyens libanais à résister".

 

Lire aussi
Faisons comme si...

L'armée libanaise se déploie dans Ersal

Les sunnites ultras de Tripoli appellent au jihad contre l'armée libanaise

Une journée marathon de débats parlementaires sur la déclaration ministérielle s'est achevée mercredi soir après la prise de parole d'une vingtaine de députés, place de l’Étoile. Les débats seront poursuivis demain jeudi, à 10h30, puis clôturés par le vote de confiance au gouvernement, précédé d'une intervention du Premier ministre Tammam Salam.
Parmi ceux qui ont...

commentaires (3)

Bravo Sétt Astrida, et merci encore ! Un salut au Hakîm.

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 30, le 20 mars 2014

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Bravo Sétt Astrida, et merci encore ! Un salut au Hakîm.

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 30, le 20 mars 2014

  • Une mascarade tribale ou le parlement finira par accorder sa confiance à ce gouvernement paravent .

    Sabbagha Antoine

    19 h 02, le 19 mars 2014

  • DOUBLE ERREURS DES FORCES LIBANAISES : 1 - DE NE PAS PARTICIPER AU GOUVERNEMENT. 2 - DE LUI REFUSER LA CONFIANCE. 3 - DU DEHORS L'OPPOSITION EST NULLE. DE L'INTÉRIEUR ELLE EST PLUS EFFECTIVE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 05, le 19 mars 2014

Retour en haut