C'est une formule compromissoire qui a permis hier, tard dans la nuit, au cabinet Salam de sauver sa peau et de trouver une solution, quoique vaseuse, au problème ontologique portant sur la relation entre le droit à la « résistance » et la reconnaissance de l'État comme autorité de référence.
La formule adoptée au terme du Conseil des ministres qui a mis fin, pour l'heure, au différend politico-linguistique entre les deux camps – et qui a été proposée par le président de la République durant la séance – est la suivante : « Le devoir de l'État et ses efforts en vue de la libération des fermes de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de la partie libanaise de Ghajar par l'ensemble des moyens légitimes, en soulignant le droit des citoyens libanais à résister à l'occupation, repousser les agressions israéliennes et recouvrer les territoires occupés. » La formule concilie donc les deux logiques, en glissant l'expression « le devoir de l'État » dans le texte, sans omettre le droit à la résistance, et remplace la formule « le droit du peuple libanais à résister » par « le droit des citoyens libanais à résister ».
Les ministres Kataëb ont marqué une réserve sur la formule adoptée, réclamant un temps de réflexion de 24 heures avant de donner leur aval. Le ministre de la Justice, Achraf Rifi, a lui aussi exprimé trois réserves à la déclaration ministérielle, notamment à l'article en question sur la résistance, réclamant que cette dernière soit placée dans « le giron de l'État », selon la formule propre à feu Nassib Lahoud. Mais il a également rejeté l'ingérence du Hezbollah en Syrie, soulignant que cela devait figurer dans la déclaration ministérielle, et a protesté contre les manifestations des armes illégales sur la scène interne.
C'est autour de minuit que les ministres sont parvenus à un accord, au terme de contacts intensifs et de multiples réunions pour empêcher l'implosion du gouvernement et la démission de Tammam Salam. La formule avait toutefois été entérinée avant la séance du Conseil, au terme de contacts entre le chef de l'État, le président de la Chambre et le Premier ministre. Le ministre de l'Information, Ramzi Jreige, a annoncé après minuit, au nom du cabinet, l'adoption de la déclaration ministérielle, tandis que le ministre du Travail, Sejaan Azzi, a souligné le rejet par le parti Kataëb de la formule adoptée sur la résistance, estimant que le parti prendra sa décision finale concernant le maintien de sa présence au cabinet aujourd'hui, au terme de la réunion de son bureau politique.
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ON A RÉUSSI À INVENTER UNE FORMULE MANIABLE POUR QUE TOUT CITOYEN LIBANAIS POURRA LA TRADUIRE, LA RETOURNER ET LA MANIPULER À SA GUISE ET SUIVANT SES INTÉRÊTS LE MOMENT VENU. FORMULER UNE PHRASE MORTE DE CE GENRE POUR RIEN DIRE, RESSEMBLE AU STYLE DU CONSEILLER DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE MONSIEUR NAZEM EL KHOURY, LE DERNIER À SOUCIER DE L'INTÉRÊT DU PAYS. ESPÉRANT QU'IL POURRA PLUS FAIRE PRESSION SUR LES JUGES POUR FAVORISER LES GENS DE SON ENTOURAGE, VU QUE C'EST L'HONNETE JUSTICIER MONSIEUR RIFI QUI GÈRE LA JUSTICE AUJOURD'HUI.
18 h 21, le 15 mars 2014