Chez nous, le concept est quasiment culturel et obéit invariablement à un processus balisé depuis des lustres : les vieux briscards de la politique commencent d'abord par annoncer une bonne nouvelle qui, au-delà de la chair de poule, frise le ridicule et défrise le poil intime; l'encéphalogramme des niaiseux se met ensuite à frétiller, journaux, télés et radios pavoisant et bêlant dans la même direction... Et puis, ça ne rate jamais, il y a immanquablement comme un petit testicule dans le consommé, comme on dit dans les salons huppés. Une espèce de belon incongru qui grippe la mécanique et autour duquel les neuneus se mettent à pinailler dur.
De temps à autre, un margoulin du cru couine un cri de victoire : ça baigne, mais il reste quelques points de détail à fignoler. Ce fumet d'optimisme lâché à la piétaille est aussitôt sniffé goulûment... avant d'être violemment mouché. Et pour cause, les détails sont aussi longs à dérouler qu'un vieux bandage herniaire usagé.
Sauf que les béats de l'optimisme ne lâchent pas facilement le bout de gras. Leur raisonnement arrive cette fois par l'absurde : si les ministres ne se sont envoyé ni cendriers ni bouteilles d'eau à la figure, s'ils se sont même dit « bonjour-comment-ça-va », certains allant même jusqu'à se peloter discrètement, c'est qu'il y a une avancée réelle sur le plan des idées.
À les entendre, on se croirait à Damas à la belle époque où Bachar el-Assad pondait un gouvernement de 50 ministres en moins de temps qu'il lui fallait pour croquer une pistache d'Alep.
Bref, bien que dans le dialogue les patrons de la politique manquent de souffle, c'est quand ils se séparent qu'ils ne manquent pas d'air... On a ainsi régulièrement droit à une pensée puissante et définitive, dans le genre : « Seul le dialogue peut consolider la sécurité et la stabilité du Liban. »
Traduction sans langue de bois : tout le monde s'en branle. Nous aussi...
gabynasr@lorientlejour.com
"Au-delà de la chair de poule défrise le poil intime; l'encéphalogramme des niaiseux se met ensuite à frétiller, journaux, télés et radios bêlant dans la même direction. Comme un petit testicule dans le consommé, comme on dit dans les salons huppés. Ce fumet d'optimisme lâché est aussitôt goulûment sniffé avant d'être violemment mouché. Et pour cause, les détails sont aussi longs à dérouler qu'un vieux bandage herniaire usagé." ! Y a pas mieux que ce que raconte Gaby Nasr, pour démarrer une belle journée.... Khâïï, on est alors de bonne humeur.
14 h 12, le 14 mars 2014