L'Ukraine s'est dotée jeudi d'une Garde nationale pour renforcer sa défense face à la Russie qui mène des manœuvres militaires à ses portes, à trois jours du référendum qui doit entériner la perte de la Crimée.
Quelque 4.000 parachutistes russes, 36 avions et environ 500 véhicules, participent notamment à des manœuvres dans la région de Rostov-sur-le-Don, près de la frontière ukrainienne, selon l'agence officielle russe Itar-Tass.
Les députés ukrainiens ont adopté la création d'une Garde nationale qui viendrait prêter main forte à l'armée ukrainienne et ses 130.000 hommes, dont une moitié de conscrits, alors que la Russie dispose au total d'une armée de 845.000 soldats. Cette Garde nationale, placée sous l'autorité du ministère de l'Intérieur et qui pourrait compter jusqu'à 60.000 hommes, sera notamment composée des groupes d'"autodéfense" qui étaient en première ligne sur les barricades à Kiev pendant les trois mois de contestation.
Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Andriï Paroubiï avait indiqué avant le vote qu'il s'agissait d'une réponse "aux défis auxquels est confrontée l'Ukraine", dans une allusion à l'entrée de forces russes en Crimée, la péninsule du sud du pays qui est sur le point d'être absorbée par la Russie. Quelques 40.000 volontaires se sont déjà présentés aux centres de recrutement de l'armée.
Dans une interview à l'AFP, le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, a déclaré mardi qu'il voulait avant tout empêcher une intrusion des forces russes dans l'est du pays, région où vivent aussi de nombreux Ukrainiens d'origine russe. Il avait affirmé que "d'importantes unités de blindés" russes étaient concentrées côté russe.
L'annonce jeudi par Moscou du lancement de manœuvres militaires dans plusieurs régions situées à la frontière avec l'Ukraine n'est pas de nature à calmer les esprits. "Le but principal de ces mesures est de vérifier l'aptitude des troupes à mener des exercices de combat", a affirmé le ministère russe de la Défense, précisant que les exercices militaires auraient lieu jusqu'à la fin du mois dans les régions de Rostov-sur-le-Don, Belgorod, Tambov et Koursk.
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La Crimée prête à une sécession rapide
Pendant ce temps, en Crimée, les autorités séparatistes pro-russes achèvent les préparatifs du référendum prévu dimanche dans le cadre duquel 1,5 million d'Ukrainiens doivent se prononcer sur le rattachement de la région à la Russie. Mais, à trois jours de la consultation sur l'avenir de la péninsule où vivent deux millions de personnes, dont des minorités tatare et ukrainophone, rien ne semblait en mesure d'enrayer son glissement dans le giron russe.
La Crimée est désormais quasiment coupée du reste de l'Ukraine, les forces russes en contrôlant les points stratégiques. Tout est en place pour une sécession rapide: l'homme d'affaires et "Premier ministre" de 41 ans, Serguiï Axionov, s'est autoproclamé "chef des armées" et les habitants n'ont désormais plus accès qu'aux chaînes de télévision russes. Des hommes en treillis fouillent tout voyageur arrivant à Simféropol et seuls les vols en provenance de Moscou peuvent y atterrir.
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Pression internationale
Dans ce contexte, sur la scène internationale, les Occidentaux jettent leurs dernières forces pour tenter d'infléchir la position du maître du Kremlin, Vladimir Poutine, qui refuse de retirer les milliers d'hommes déployés dans la péninsule ukrainienne de Crimée depuis fin février. Mais le président russe, qui affirme agir dans l'intérêt des russophones d'Ukraine, n'a pas donné le moindre signe qu'il accepterait les demandes des Occidentaux.
La chancelière allemande Angela Merkel, dirigeante européenne la plus écoutée au Kremlin, a mis en garde Vladimir Poutine contre les graves conséquences économiques et politiques à long terme qu'aurait pour Moscou la poursuite de son action en Ukraine.
A Washington, le président Barack Obama a affiché mercredi son soutien à l'Ukraine en recevant son Premier ministre Arseni Iatseniouk à la Maison Blanche et en mettant une nouvelle fois en garde Vladimir Poutine. "Nous continuerons à dire au gouvernement russe que s'il poursuit sur le chemin actuel (...) nous serons obligés d'imposer un coût aux violations du droit international par la Russie en Ukraine", a déclaré M. Obama.
Arseni Iatseniouk a repris les éléments d'un célèbre discours prononcé jadis par le président Ronald Reagan à Berlin, et a exhorté Vladimir Poutine à abattre "ce mur d'intimidation et d'agression militaire".
Le secrétaire d'État américain John Kerry doit rencontrer vendredi à Londres son homologue russe Sergueï Lavrov après un entretien préalable avec le Premier ministre britannique David Cameron.
Entre Russes et Occidentaux, l'incompréhension reste totale, malgré plusieurs échanges ces dix derniers jours entre les chefs des diplomaties américaine, John Kerry, et russe, Sergueï Lavrov. Les deux hommes vont se rencontrer une nouvelle fois vendredi à Londres.
(Lire aussi : Parler russe ou ukrainien? Question plus politique que jamais en Ukraine)
Les Européens, eux, accélèrent le rapprochement avec l'Ukraine. Le volet politique de l'accord d'association avec l'Union européenne pourrait être signé au cours du prochain sommet de l'UE, prévu à Bruxelles les 20 et 21 mars.
Jeudi, le Parlement européen a réclamé que l'UE prenne "dans les plus brefs délais" de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie, comme un embargo sur les armes et des sanctions économiques. L'UE a déjà suspendu ses pourparlers avec Moscou en matière de visas. L'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a également suspendu le processus d'adhésion de la Russie et va plutôt renforcer sa coopération avec l'Ukraine.
A Moscou, le président de la commission des affaires étrangères de la Douma russe, Alexeï Pouchkov, a prévenu: toute sanction européenne contre la Russie débouchera sur des mesures réciproques, et pourra mener à "un gel sans précédent" des contacts politiques, "pire que pendant les années de Guerre froide".
Commentaire
Comment déjouer la stratégie de Poutine
Quelque 4.000 parachutistes russes, 36 avions et environ 500 véhicules, participent notamment à des manœuvres dans la région de Rostov-sur-le-Don, près de la...
commentaires (5)
Cette Ukraine entre Europe et Russie, on aurait dit ce pays ici balloté entre mollâhs Per(s)cés et sœur-syrie. Yîîîh !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
14 h 04, le 14 mars 2014