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Moyen Orient et Monde - Crimée

Obama à Poutine : L’intervention de Moscou en Ukraine aura un « coût »

Le référendum en Crimée est sans valeur pour le G7 ; Kiev semble résigné à abandonner la péninsule.

MM. Obama et Iatseniouk lors de leur entrevue hier dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche. Saul Loeb/AFP

Le président américain, Barack Obama, a reçu hier le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, dans le bureau Ovale à la Maison-Blanche. À l'issue de la rencontre, M. Obama a dit espérer que la diplomatie permettrait d'éviter la tenue du référendum de rattachement de la Crimée à la Russie prévu dimanche, mais a prévenu son homologue Vladimir Poutine qu'à défaut, l'intervention de Moscou en Ukraine aurait un « coût ». Il a également rappelé que Washington ne reconnaîtrait pas les résultats d'une telle consultation, répétant que l'intervention de Moscou en Crimée violait le droit international et que Washington soutenait l'intégrité territoriale de l'Ukraine.


De son côté, M. Iatseniouk a affirmé que son pays ne se « rendrait jamais » dans le combat pour sa souveraineté territoriale. L'Ukraine « fait partie du monde occidental et le restera », a-t-il assuré. M. Iatseniouk a en outre assuré que son pays resterait un « bon ami et partenaire de la Russie », même s'il établissait des liens plus forts avec l'Europe occidentale. À sa sortie de la Maison-Blanche, il a lancé un plaidoyer passionné : « Mon message à Poutine est d'abattre ce mur, ce mur de guerre, ce mur d'intimidations et d'agression militaire. Parlons ! »

 

(Lire aussi : Abandonner la Crimée pour sauver l'indépendance de l'Ukraine ?)


Parallèlement, la légitimité du référendum de dimanche en Crimée a été mise en doute par un leader de la minorité des Tatars, au cours d'un long entretien téléphonique avec M. Poutine. Mais, à trois jours de la consultation sur l'avenir de la péninsule, rien ne semble en mesure d'enrayer son glissement dans le giron russe.


Les déclarations du président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, semblent confirmer que Kiev s'est résigné à abandonner la Crimée à la Russie et s'inquiète désormais d'une éventuelle intrusion par la frontière de l'Est, région où vivent de nombreux Ukrainiens d'origine russe. « Nous ne pouvons pas nous engager dans une opération militaire en Crimée, ainsi nous dénuderions la frontière orientale et l'Ukraine ne serait pas protégée, les militaires russes comptent là-dessus », a expliqué M. Tourtchinov, chef des armées ukrainiennes. « À la frontière orientale de l'Ukraine, sont concentrées d'importantes unités de blindés », a-t-il ajouté. À ce titre, la Russie a autorisé l'Ukraine à procéder à un vol d'observation au-dessus de son territoire pour s'assurer de l'absence de manœuvres militaires de la part des forces russes menaçant la sécurité de l'Ukraine, a annoncé le vice-ministre russe de la Défense.


Entre Russes et Occidentaux, l'incompréhension reste totale, malgré plusieurs échanges ces dix derniers jours entre le secrétaire d'État américain John Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov. Les deux hommes vont se rencontrer une nouvelle fois aujourd'hui à Londres. En outre, les ministres français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et de la Défense, Jean-Yves Le Drian, sont attendus le 18 mars à Moscou, a annoncé hier le Kremlin. Mais la présidence française a aussitôt précisé que la réunion aurait lieu s'il y avait d'ici là « des avancées sur l'Ukraine ».


De leur côté, les dirigeants des pays du G7 ont averti que le référendum en Crimée n'aurait « aucune valeur juridique », demandant à Moscou de cesser « immédiatement » son soutien à une telle initiative. « Étant donné le manque de préparation adéquate et la présence intimidante des troupes russes, ce serait également un processus entaché d'irrégularités qui n'aurait aucune force morale. Pour toutes ces raisons, nous n'en reconnaîtrons pas le résultat », a ajouté le G7. Parallèlement, le président français François Hollande a averti M. Poutine que le rattachement de la Crimée serait « une annexion inacceptable », lors d'un entretien téléphonique. Concernant le référendum, M. Hollande a souligné que cette consultation, « dont les préparatifs se poursuivent dans la plus complète opacité, n'a aucune base légale ». Il a également fait valoir « qu'il était encore temps d'éviter une escalade inutile et dangereuse ».


Pour leur part, les Européens accélèrent le rapprochement avec l'Ukraine. La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi annoncé que le volet politique de l'accord d'association de l'Ukraine avec l'UE pourrait être signé dès la semaine prochaine, probablement au cours du sommet de l'UE prévu à Bruxelles les 20 et 21 mars. « Nous souhaitons une désescalade, mais s'il n'y en a pas, les ministres européens des Affaires étrangères se pencheront lundi sur la seconde étape des sanctions (contre la Russie) », a ajouté Mme Merkel. À Washington, M. Iatseniouk s'est dit « convaincu que la semaine prochaine, l'Ukraine signera le volet politique de l'accord d'association » avec l'UE.


À Washington encore, le secrétaire au Trésor, Jacob Lew, a indiqué devant le Congrès que l'aide du FMI à l'Ukraine pourrait se monter à « plus de 15 milliards de dollars ». Le FMI, de son côté, s'est refusé à toute estimation et attend les conclusions de ses experts en mission à Kiev depuis la semaine dernière.
Sur le terrain enfin, les autorités prorusses de Crimée ont pris le contrôle du principal aéroport de la péninsule et vont limiter les vols jusqu'à lundi pour empêcher l'arrivée de « provocateurs » qui pourraient perturber le référendum. Seuls les vols avec Moscou opèrent normalement. Par ailleurs, les services spéciaux ukrainiens ont affirmé avoir arrêté dans la région de Kherson une « patrouille de reconnaissance de l'armée russe », venue de Crimée pour chercher des renseignements sur des unités ukrainiennes présentes dans la zone. Et en Russie, des mouvements d'opposition ont annoncé pour demain une « marche de la paix » dans le centre de la capitale afin de protester contre « la violation par Moscou de la souveraineté de l'Ukraine et l'invasion de fait de la Crimée ».

 

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