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À La Une - Ukraine

A Sébastopol, en Crimée, certains rêvent de revenir dans le giron russe

En Crimée, les héros de Kiev sont comparés aux milices nationalistes qui ont pu être accusées d'avoir été du côté des nazis contre les forces soviétiques durant la Seconde guerre mondiale.

Des transports de troupes de l'armée russe sur la route de Sébastopol, en Crimée, le 1er mars 2014. REUTERS/Baz Ratner

A Sébastopol, dans le sud-ouest de la Crimée, des hommes en treillis, drapeau russe bien en vue, font signe aux voitures de s'arrêter à un barrage de fortune.

Ce sont des Russes "de souche" qui entendent défendre ce port sur la mer Noire contre ceux qu'ils nomment les nationalistes ukrainiens. Ils craignent de les voir débouler de la capitale Kiev pour imposer leur loi une semaine après la destitution du président pro-russe Viktor Ianoukovitch.

"Nous ne voulons pas être dirigés par des fascistes", dit Oleg Golovan, un retraité de l'armée russe qui dirige le point de contrôle, situé à une vingtaine de kilomètres de la ville.

Ceux qui ont fait chuter Viktor Ianoukovitch sont des héros à Kiev et en Occident, mais, dans les régions russophones de l'est de l'Ukraine, ils ne sont acceptés qu'avec réticence. En Crimée, on les compare aux milices nationalistes qui ont pu être accusées d'avoir été du côté des nazis contre les forces soviétiques durant la Seconde guerre mondiale.

 

(Lire aussi : Les Ukrainiens découvrent, bouche bée, le train de vie luxueux de leur ex-président)

 

Dans ce contexte politique incertain, le rêve sécessionniste a resurgi dans la péninsule de Crimée, seule région de l'Ukraine où les Russes sont majoritaires.

Des milices informelles se sont constituées quand les manifestations à Kiev ont gagné en importance et que le régime Ianoukovitch est tombé. Certains sont constituées de Cosaques, les cavaliers qui surveillaient les frontières de l'empire russe; d'autres ont combattu pour l'Union soviétique en Afghanistan.

A Sébastopol, où la flotte russe de la mer Noire dispose d'une importante base, les habitants parlent sans détour d'un retour de la Crimée dans le giron russe, 60 ans après la décision du leader soviétique Nikita Khrouchtchev de rattacher ce territoire à l'Ukraine alors soviétique. Tous les jours, la foule se rassemble devant l'hôtel de ville. Cette semaine, elle s'est choisi pour maire un citoyen russe, Alexeï Tchalii. "Un maire russe pour une ville russe", a-t-elle scandé. Depuis 1992, le maire de Sébastopol est nommé par les autorités à Kiev.

 

"Justice historique"
Fondée par le Russe Potemkine à la fin du XVIIIe siècle, cette ville de 350.000 habitants étaient encore sous l'autorité directe de Moscou jusqu'en 1978, près d'un quart de siècle après le don de Khrouchtchev à son Ukraine natale.

"Historiquement, la Crimée n'a jamais appartenu à l'Ukraine", dit Oleg Golovan, 48 ans. "Nous voulons la justice historique. C'est une ville exclusivement russe. Ça l'était et ça restera ainsi."

Signe de la tension en Crimée, une vingtaine d'hommes portant l'uniforme de la flotte russe de la mer Noire et armés de fusils automatiques ont encerclé un porte-frontière ukrainien dans le secteur de Balaclava vendredi. Dans un face-à-face tendu, les polices ukrainiens des frontières, casqués et en équipements anti-émeutes, ont maintenu le portail fermé tandis que des boucliers étaient placés derrière les fenêtres en guise de protection.

"Nous sommes ici pour des exercices militaires conjoints, pour empêcher une répétition de ce qui s'est passé à Maïdan", a déclaré, sur le ton de la plaisanterie, un militaire se présentant comme un officier de la flotte de la mer Noire en référence à la place de l'Indépendance à Kiev, épicentre de la contestation. Cette suggestion a fait rire les responsables ukrainiens.

 

Des millions de touristes russes
Sur les 15.000 militaires de la base - le bail de la flotte russe a été prolongé jusqu'en 2042 par Ianoukovitch pour obtenir du gaz naturel russe bon marché - nombreux sont ceux qui, une fois retraités, restent à Sébastopol. Les habitants y voient une garantie de sécurité ainsi qu'une manne économique pendant les mois d'hiver quand les touristes se font rares.

Moscou n'a pas répondu directement aux appels à la sécession, mais un certain nombre de parlementaires russes ont décidé de se rendre en Crimée. Ils y sont accueillis en héros.

"Si les gens ont le droit de se soulever et de renverser les autorités, pourquoi Sébastopol n'a-t-il pas le droit de le faire ?", a lancé sous les vivats à Sébastopol l'ultra-nationaliste russe Vladimir Jirinovski. "Nous aurez toujours le gaz russe. Vous aurez toujours des millions de touristes russes", a-t-il dit.

"Merci !", lui a répondu la foule.

Tous les Russes de Crimée ne sont pas favorables à la sécession. "Nous voulons être totalement autonomes. Nous n'avons pas besoin des autorités ukrainiennes actuelles et nous n'avons pas besoin de la Russie", déclare Galina Doudina, 60 ans, une retraitée qui manifeste devant l'hôtel de ville depuis le week-end dernier. "Ici, les gens ne soutiennent pas Poutine. Nous voyons plutôt les Russes comme nos frères", dit Maxime Lovinetski, 23 ans.

 

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