Hakim et les commerçants lancent un appel à la « résistance économique »

C'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'était attendu hier, à l'Association des commerçants de Beyrouth (ACB), le nouveau ministre de l'Économie et du Commerce, Alain Hakim. Un grand nombre de représentants du secteur commercial, mais également des différentes branches des organismes économiques, ont répondu présent au rendez-vous, et pour cause, ils attendent énormément du nouveau gouvernement. La rencontre, organisée en partenariat avec la BLOM Bank, avait pour objectif de permettre à M. Hakim de dresser une liste de mesures qu'il compte mettre en place au cours de ses trois mois de mandat, jusqu'à l'élection présidentielle. Mais avant de donner la parole au ministre, le président de l'ACB, Nicolas Chammas, et le représentant de la BLOM Bank, Élias Aractingi, ont tenu à rappeler quelques points qu'ils considèrent essentiels pour renouer avec la croissance. « Il devient urgent de mettre en place une législation concernant les prêts subventionnés pour le secteur commercial, ainsi que de briser le spectre de la peur qui a conduit à la désertification des magasins, des lieux de restauration et des centres commerciaux », a indiqué le président de l'ACB. M. Hakim a, quant à lui, mis l'accent sur « l'hémorragie financière que subit le pays et la détérioration accrue des indicateurs économiques ».

Une campagne d'éveil
« La tâche est énorme et le temps nous est compté », a indiqué le ministre de l'Économie, qui a devant lui trois mois pour empêcher la barque de couler et tenter d'engendrer un nouvelle dynamique économique. Et il a relevé un défi, celui de donner aux citoyens le pouvoir de changer la donne, en devenant eux-mêmes des éléments actifs. « On peut attendre longtemps que la situation politico-sécuritaire se stabilise ou que les touristes reviennent au Liban, par contre, les Libanais ont le pouvoir de redynamiser l'économie et nous allons mettre en place tous les moyens nécessaires pour y arriver », a assuré M. Hakim. Il a appelé à une sorte de « résistance économique » et a proposé, conjointement avec l'ACB, de lancer une campagne d'éveil destinée à « libaniser l'économie », en encourageant les citoyens à la consommation et au tourisme interne et qui aura pour slogan « Si tu aimes le Liban soutiens son économie ». « Je suis conscient de la difficulté de la situation mais je défends un optimisme responsable, qui nous oblige à compter d'abord sur nous-mêmes avant de nous tourner vers l'attente de solutions extérieures », a poursuivi le ministre. Une commission conjointe entre le ministère de l'Économie et l'ACB a ainsi été créée, en partenariat avec une agence de publicité, pour lancer cette campagne au plus vite.

Le ministre de l'Économie a par ailleurs annoncé que le renforcement des pratiques démocratiques serait une des priorités de son mandat au sein de son ministère. « Nous allons également poursuivre les grands projets de réformes, visant à renforcer la bonne gouvernance et assurer une meilleure transparence », a souligné M. Hakim. « J'accorde également beaucoup d'importance aux mécanismes de défense du consommateur ainsi qu'au développement des outils du commerce extérieur, à la libéralisation des marchés et aux accords bilatéraux avec les pays arabes et méditerranéens », a-t-il ajouté. Le ministre a particulièrement insisté sur le rôle des petites et moyennes entreprises (PME) dans le processus de dynamisation de l'économie et la nécessité pour elles d'avoir accès au crédit de façon plus systématique. Enfin, il a proposé de se diriger vers « un gouvernement électronique », qui faciliterait les formalités administratives.

« Nous vous remercions pour votre réceptivité et soutenons l'initiative de la campagne pour encourager la consommation, mais le problème qui se pose aujourd'hui pour beaucoup de ménages n'est pas tant lié à leur volonté mais à leur pouvoir d'achat qui se resserre de jour en jour », a affirmé le président de l'Association libanaise pour la franchise (LFA), Charles Arbid. Selon lui, le principal problème auquel il faudrait s'attaquer concerne « les coûts des entreprises qui n'arrivent plus à être compétitives ».

Le président du syndicat des restaurateurs, Paul Ariss, a de son côté mis l'accent sur « l'urgence pour le Liban de diversifier ses accès et sorties aériens et maritimes ». « Seuls 30 % des expatriés sont venus au Liban au cours des trois dernières années, principalement par peur de se retrouver bloqués dans le pays si l'aéroport de Beyrouth venait à fermer », a-t-il indiqué.
Pour le secrétaire général de l'Union des syndicats touristiques, Jean Beyrouthi, « la situation est catastrophique ». « Un hôtel cinq étoiles à Hamra en est réduit à proposer une chambre double avec petit déjeuner à 75 dollars au lieu de 400 dollars », a-t-il déploré. « Trouvez-nous des solutions radicales pour qu'on puisse survivre », a-t-il imploré le ministre de l'Économie.
Le compte à rebours est lancé...

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