
Une rue commerçante à Bourj Hammoud à l'entrée nord de Beyrouth, le 12 mai 2024. Photo P.H.B.
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD, qui appartient en partie à l’Union européenne) a estimé que le PIB libanais pourrait augmenter de 0,2 % en 2024. Cette estimation est en-dessous de la moyenne régionale et se situe à mi-chemin entre les projections les plus optimistes et les plus pessimistes.
L’institution a annoncé dans un communiqué publié mercredi à l’occasion de la dernière édition de son Regional Economic Prospects centré sur la région Semed (Méditerranée méridionale et orientale qui comprend l’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc et la Tunisie).
« Le PIB devrait croître de 0,2 % en 2024, freiné par le risque géopolitique, l’inaction politique et le blocage des réformes. La croissance pourrait s’accélérer pour atteindre 3 % en 2025, si les tensions régionales s’apaisent, si un programme du Fonds monétaire international (FMI) est mis en place et si des progrès sont réalisés dans la mise en œuvre des réformes », a estimé la BERD.
À titre de comparaison, la Banque mondiale a parié en avril que le PIB libanais augmenterait de 0,5 %, tandis que fin mars, la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (Escwa) s’attendait à une contraction de 0,9 % sur le même exercice. Le FMI n’a pas encore fait de projections. Le pays est en crise depuis 2019, une situation exacerbée par le conflit de Gaza qui déborde au Liban-Sud depuis octobre 2023.
Les auteurs du rapport consacrent un paragraphe à l’augmentation des réserves de change enregistrée par la Banque du Liban sur la seconde moitié de 2023 (environ 750 millions de dollars de plus depuis l’arrivée du vice-gouverneur Wassim Manssouri fin juillet), attribuant cette hausse à « une augmentation des transferts de fonds vers le Liban et des dépenses des touristes. Ces réserves affichent cependant une baisse d’environ 1 milliard de dollars sur l’ensemble de l’année 2023.
La BERD revient en outre sur les mesures prises par la BDL pour « fixer le taux de change à un niveau plus proche de celui du marché noir » et constate que celui-ci s’est stabilisé autour de 89 700 livres libanaises pour un dollar depuis fin août 2023. Elle souligne enfin que l’inflation s’est stabilisée début 2024. De fait, l’indice d’avril des prix à la consommation (IPC) en livres libanaises affiche un taux de croissance annuel à deux chiffres (+70,36 %), après plus de trois ans de croissance en rythme annuel supérieur à 100 %.
Rebond tunisien
Le Liban est enfin le moins bien loti des cinq pays de la région Semed, qui affichent une croissance moyenne de 3,4 % attendue en 2024, en hausse substantielle par rapport aux +2,7 % de 2023. La BERD précise avoir revu à la baisse sa moyenne initiale pour 2024 « en raison de la mise en œuvre plus lente que prévu de grands projets d’investissement public en Égypte et des retombées de la guerre à Gaza ».
« Dans l’ensemble, la région a fait preuve de résilience face à la guerre à Gaza et à la montée des tensions politiques et sécuritaires régionales au cours des derniers mois, bien que la Jordanie ait enregistré une baisse du tourisme et de l’investissement et que la Tunisie ait continué à se débattre avec des contraintes de financement », a encore détaillé la BERD.
Elle s’attend à ce que le PIB égyptien augmente de 3 % en 2024, en soulignant que « la réduction des recettes de l’Égypte provenant du trafic sur le canal de Suez a été plus que compensée par les engagements récents des partenaires internationaux, y compris un programme élargi du FMI ».
Pour la Jordanie, l’institution table sur une croissance de 2,4 %, impactée par les conséquences de la guerre de Gaza sur le tourisme, les investissements et la baisse de la consommation interne. Pour le Maroc, la BERD table sur une croissance stable de 3 %, malgré les répercussions du séisme dévastateur qui a touché le pays en septembre 2023. Enfin, le rapport s’attend à ce que l’économie tunisienne rebondisse nettement en 2024, avec une croissance attendue de 1,9 % contre 0,4 % en 2023 « soutenue par les efforts de réforme et la poursuite de l’assainissement budgétaire, tandis que les risques macroéconomiques ont été quelque peu maîtrisés ».
Les recettes de la banque centrale ont probablement augmente a cause de la hausse des interets dans les banques etrangeres.
18 h 04, le 15 mai 2024